Réjean Bergeron - À l'heure actuelle, le Parti québécois, sous la direction de Pauline Marois, n'est plus le véhicule porteur d'espérances qu'il a déjà été. Il est dépassé sur sa gauche, sur sa droite et même en son plein centre par ses propres forces vives qui, tôt ou tard, risquent de le faire éclater de l'intérieur si des changements majeurs ne sont pas apportés au type de gouvernance qui l'anime et qui n'a rien de souverainiste.
Institutionnalisé, hiérarchisé, autoritaire, fermé aux idées novatrices et à la rumeur populaire qui gronde sur le terrain des vaches, le PQ de Pauline Marois s'accroche à l'idée d'un supposé pouvoir qui serait à portée de main et qui, une fois conquis, ferait tomber du ciel, comme par magie, des idées et des projets qui, en ce moment, font lamentablement défaut.
Pour gagner du temps, sa chef et ses soldats-députés continuent d'ergoter en faisant jouer de vieilles cassettes, ou plutôt de vieux microsillons qui berçaient les soirées jadis électrisantes des premiers militants des années 70. Mais presque plus personne n'est dupe. Ceux qui dirigent le PQ sont coupés de la volonté populaire qui gronde dans les cuisines, ils sont surtout sourds et aveugles aux aspirations des jeunes générations qui vivent sur une tout autre planète que la leur.
Promenez-vous dans les collèges, interrogez les jeunes, demandez-leur ce qui les motive dans la vie. L'idée de se donner un pays n'est absolument pas au coeur de leurs préoccupations, même si elle n'est pas rejetée a priori. Réalistes, plus individualistes, pragmatiques, ces jeunes sont avant tout préoccupés par leur avenir personnel et non par le rêve informe d'un avenir collectif. Dans ce contexte, le projet du pays pour eux n'est plus une fin en soi, mais tout simplement un moyen qui pourrait peut-être devenir une option intéressante si on leur en expliquait concrètement les tenants et les aboutissants, si on leur expliquait, en somme, à quoi ça sert, ce machin-là! Ce travail de pédagogie 101, on ne le fait plus au PQ, on ne sait plus le faire, on ne veut plus le faire; à moins de se retrouver à l'intérieur d'une fausse assemblée citoyenne avec des militants déjà convaincus...
Voici un exemple qui dit tout: cette semaine, la chef Pauline Marois a décidé de prendre à bras-le-corps l'épineux dossier du pont Champlain, appuyée par ses valeureux députés-soldats indépendantistes. Que propose-t-elle? D'aller à Ottawa, en compagnie de Jean Charest, afin d'organiser une rencontre au sommet avec Stephen Harper pour lui faire part de leur volonté commune d'aller de l'avant sur cet enjeu vital pour le Québec que représente la construction d'un nouveau pont. Peut-on tenir des propos aussi naïfs ou aussi vides de sens? Peut-on être à ce point colonisé? Moi qui croyais que l'enjeu vital pour la chef d'un parti souverainiste était la souveraineté. Mais non. Ce qu'elle propose, en somme, c'est d'aller quémander à Ottawa des sommes d'argent pour construire un pont, tout en s'imaginant qu'elle pourra faire de Jean Charest un complice dans cette demande désespérée. Est-ce cela la gouvernance souverainiste à la pièce, cet étapisme déguisé dont elle fait la promotion?
Mme Marois, il faut regarder la réalité en face. Votre présence comme chef du PQ est un facteur de désunion, de bisbille et de désillusion auprès d'une large partie des militants et de la population en général. Des écueils à l'image de l'iceberg qui a fait sombrer le Titanic se dressent devant le PQ et vont continuer à se multiplier si vous vous obstinez à tenir en main la gouverne de ce vaisseau amiral. Quittez le navire avant qu'il ne soit trop tard, et qu'un ménage soit fait dans ses cales pour qu'il puisse reprendre la mer en toute confiance.
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Réjean Bergeron
L'auteur a été attaché politique de Lisette Lapointe lors de la dernière campagne électorale.
Mme Marois, partez!
Mme Marois, il faut regarder la réalité en face. Votre présence comme chef du PQ est un facteur de désunion, de bisbille et de désillusion auprès d’une large partie des militants et de la population en général.
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