En marge de son discours devant les syndiqués de la fonction publique, Jacques Parizeau n’a pas voulu commenter le couronnement probable de Pauline Marois. « J’ai réussi à passer toute une campagne électorale sans faire une seule déclaration, alors vous pensez bien que je vais être capable de passer à travers un colloque sans en faire non plus. »
Photo Le Soleil, Martin Martel
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Anne Drolet - Dans un contexte de mondialisation où les unions entre pays croissent, la souveraineté n’a rien d’anachronique, plaide l’ancien premier ministre Jacques Parizeau. Au contraire, un Québec indépendant pourrait enfin faire entendre sa voix.
Pour la première fois depuis son hospitalisation dans la capitale en mai, Jacques Parizeau, 76 ans, a donné une conférence au Centre des congrès hier, au colloque du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). Debout au début de sa présentation, le ton de sa voix était franc la plupart du temps, mais ses mains tremblaient et il marquait une pause pratiquement à chaque changement de page. Il a finalement dû s’asseoir pour poursuivre, sous les applaudissements de la salle.
Questionné avant et après son allocution par les journalistes, M. Parizeau n’a pas voulu commenter l’actualité, notamment le couronnement probable de Pauline Marois d’ici quelques semaines. « J’ai réussi à passer toute une campagne électorale sans faire une seule déclaration, alors vous pensez bien que je vais être capable de passer à travers un colloque sans en faire non plus », a-t-il lancé.
Mais même si le Parti québécois, maintenant relégué au rang de deuxième parti d’opposition, a connu des jours meilleurs, M. Parizeau n’a pas mis la souveraineté derrière lui. « Depuis des années, on utilise, à l’encontre de l’indépendantisme québécois, l’argument que la tendance des pays étant de s’intégrer, il est anachronique pour les Québécois de chercher à s’isoler. En fait, ce n’est pas du tout comme cela que le monde évolue : les économies s’intègrent de plus en plus, et les cultures définissent de plus en plus de pays. »
À l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a-t-il dit, les règles sont adoptées par consensus d’États souverains. Et des ententes comme le Protocole de Kyoto ou la convention sur la diversité culturelle de l’UNESCO ne peuvent être ratifiées que par des pays. M. Parizeau a fait valoir l’ironie de voir que c’est le Canada qui est officiellement chargé de la protection et du rayonnement de la culture française au Québec.
« Et c’est justement parce que des règles internationales s’appliquent à de plus en plus d’aspects de la vie des peuples et des individus qui la composent qu’il y a un intérêt direct et immédiat à faire partie de ceux qui décident. »
Après son allocution, qui retraçait le parcours de l’État depuis la Révolution tranquille, M. Parizeau a répondu aux questions de quelques-uns des syndiqués présents. M. Parizeau a déploré le fait que le Québec « tourne en rond » depuis le dernier référendum. « Sur le plan politique, tout a échoué. Le statu quo règne non par choix, mais par défaut. » Il a aussi demandé à ce que l’on regarde vers l’avant, après qu’un syndiqué lui eût demandé de s’amender pour des coupes salariales faites au début des années 80. « On ne va pas maintenant commencer des séances de pénitence nationale », a-t-il dit. En ajoutant qu’après 25 ans, il ne l’attendait pas, cette question-là.
« Se brancher »
S’il est convaincu des vertus de l’indépendance, Jacques Parizeau semble surtout en avoir assez que le Québec soit entre deux eaux. « Éventuellement, il va bien falloir se brancher ; il va falloir cesser de dire non à tout », a dit Jacques Parizeau. Soit être Canadien en acceptant d’être une province comme les autres. Soit en choisissant un Québec indépendant, « pour être capables de participer aux débats et aux décisions qui s’y prennent ». Et s’il sait que le choix est difficile, il termine en disant « qu’au bout du compte cependant, être responsable de soi-même reste la plus belle caractéristique du citoyen ».
Avec la Presse canadienne
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