Crise de l’euro

Monnaie tragique

Géopolitique — Union européenne

La sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus un sujet tabou. Avant, comme pendant, comme en marge de la rencontre des chefs d’États membres de la zone euro, avant-hier à Bruxelles, le divorce avec un pays à l’agonie depuis maintenant deux ans a été évoqué au nom du principe de prévention. Cette possible séparation a été abordée d’autant plus souvent que la chancelière allemande Angela Merkel a confirmé son rejet, pour l’instant, on l’espère, des euro-obligations qu’appellent de leurs voeux François Hollande, ses homologues Mario Monti d’Italie et Mariano Rajoy d’Espagne, Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne (BCE), Catherine Lagarde, directrice du FMI, et Herman Van Rompuy, président de l’Union européenne (UE). Bref, on assiste à un énième remake de la tragédie financière du seul contre tous. Encore une fois, Merkel s’est cabrée alors qu’elle sait pertinemment que la sortie de la Grèce se traduirait par un chapelet de catastrophes économiques, évidemment, mais également politiques et sociales. En Grèce, le retour à la drachme se traduirait par une dévaluation monétaire de 50 %, une autre contraction du PIB, cette fois-ci de 12 %, une fièvre inflationniste évaluée à 35 %. Après la Grèce, on voit mal comment l’Espagne et l’Italie pourraient résister à l’onde de choc. D’ores et déjà, l’extrême lenteur qui caractérise la gestion du problème grec a entraîné la décote massive des banques italiennes et espagnoles. En ce qui concerne ces dernières, on a assisté récemment à une recapitalisation forcée. Ces faits se sont accompagnés, faut-il le rappeler, par le retrait massif des espèces sonnantes que les Grecs avaient confiées aux banques grecques. Un exode de capitaux qui a eu pour contrecoup un affaiblissement financier des compagnies d’assurances, notamment italiennes, passablement exposées sur le flanc grec. L’attitude de Merkel se conjugue avec un refus si fanatique de la solidarité ou, dit autrement, une inclination pour l’égoïsme national si trempé qu’on est en droit de se demander si son ambition secrète et à long terme n’est pas celle que lui prêtaient il y a des mois les pages de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. De quoi s’agit-il ? On dit que la dame d’acier serait sensible à l’hypothèse débattue par certains économistes et gens d’affaires rhénans qui veulent une reconfiguration à long terme de la zone euro réunissant les nations du nord et la France. Bref, les pays dits du Club Med, soit le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce, seraient cantonnés à la lisière d’une zone… mark ! Ce n’est, on le répète, qu’un scénario. Reste que ce dernier, pour bien des spéculateurs de Wall Street et de la City de Londres, n’appartient pas au rayon des fictions, mais constitue bel et bien un angle d’attaque réel, concret. En effet, on ne répétera jamais assez que des fonds d’investissement américains et britanniques n’ont jamais digéré la création de la monnaie unique. Leur objectif ? Une reconfiguration de la zone euro ou plus exactement une soustraction de pays de la zone en question. Si la Grèce sort effectivement, alors ces derniers auront gagné leur pari en partie. Hélas ! trois fois hélas !



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