Mort d’Albert Frère, l’homme d’affaires le plus riche de Belgique

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La mort du partenaire de Paul Desmarais

On disait parfois qu’il aurait pu «vendre du sable aux Touaregs»: le baron Albert Frère, mort lundi à l’âge de 92 ans, était l’homme d’affaires le plus célèbre et le plus riche de Belgique, selon le classement Forbes, et un actionnaire incontournable à la Bourse de Paris.


«GBL a la tristesse d’annoncer la mort d’Albert Frère. Pendant plus de trois décennies, sous son impulsion, GBL est devenue une des plus grandes holdings d’Europe», a souligné lundi cette société, actionnaire notamment de Lafarge Holcim, Pernod Ricard ou Adidas.


La holding Groupe Bruxelles Lambert (GBL), «cotée en Bourse depuis plus de 60 ans, affichait une capitalisation boursière de 15 milliards d’euros, fin septembre 2018», selon un communiqué.


Quant à Albert Frère, qui avait cédé en 2015 les rênes de GBL, il était considéré par le magazine américain Forbes en 2018 comme la 281e plus grosse fortune mondiale, et la première en Belgique, avec un patrimoine estimé à environ 5 milliards d’euros.


Né le 4 février 1926 près de Charleroi (sud), en plein bassin sidérurgique belge, l’homme avait su, grâce à son génie des affaires, bâtir un empire à partir de la petite entreprise familiale d’articles de ferronnerie.


«Fils d’un marchand de clous», comme le rappelait le titre d’une biographie écrite par le journaliste français José-Alain Fralon, il était peu brillant à l’école, et a dû son ascension à son flair autant qu’à son culot.


«En affaires, c’est surtout le premier million qui compte», dira-t-il un jour à un ami.


Il prend d’abord la tête de la maison familiale Frère-Bourgeois. Puis il construit progressivement une société de commercialisation de l’acier qui deviendra vite la première de Belgique, exportant en pleine guerre froide ses lingots d’acier jusqu’en URSS ou en Amérique latine.


A 28 ans, au milieu des années 1950, il prend une participation dans les laminoirs du Ruau à Monceau-sur-Sambre, avant de se rendre maître d’une deuxième, puis d’une troisième forge. Vingt-cinq ans plus tard, il contrôle pratiquement toute la production sidérurgique de Charleroi en Belgique.


En 1982, après huit ans de crise de la sidérurgie, Albert Frère décide de jeter l’éponge et cède ses intérêts dans l’acier aux pouvoirs publics.


C’est à cette époque qu’on commence en Belgique à l’accuser d’avoir fait fortune en vendant les joyaux de l’économie du royaume, un reproche qui reviendra souvent par la suite.


Dans l’immédiat, l’opération lui fournit un capital important, qui lui ouvre les portes de la haute finance.


Carnet d’adresses


Grâce à ses liens privilégiés avec la banque Paribas, ainsi qu’avec son ami canadien Paul Desmarais, il met en place une cascade de holdings qui s’enchevêtrent les unes les autres et constituent progressivement son empire.


L’une des vedettes en est GBL, holding détenue conjointement avec la famille Desmarais.


Fin septembre 2015, GBL détenait notamment près de 3% du capital du pétrolier français Total, 53,2% d’Imerys (minéraux), 15,0% de SGS (numéro un mondial de la certification de produits), 7,5% du géant des spiritueux Pernod Ricard et 2,3% d’Engie (ex GDF-Suez).


Albert Frère, qui s’était attaché à préparer sa succession ces dernières années, était toutefois resté président d’honneur de GBL.


Le mot retraite «n’a pas sa place dans mon vocabulaire», affirmait-il encore à 85 ans, dans une de ses rares interviews.


Le vieil entrepreneur disait devoir sa réussite à «son travail, son enthousiasme ainsi qu’à la création d’une équipe soudée de collaborateurs compétents», mais reconnaissait aussi que son carnet d’adresses, où figuraient une série de patrons français de premier plan, l’avait «beaucoup aidé».


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