Non à l'achat des droits linguistiques

Écoles passerelles - Loi 115


Loi 104. Le dossier a fait couler beaucoup d'encre depuis 2002. Rappelons que cette loi, adoptée à l'unanimité par l'assemblée nationale, devait interdire aux enfants fréquentant une « école passerelle » de se servir d'elles pour passer au système anglophone public. Ces écoles, dois-je le rappeler, passent au dessus de la loi 101 d'une seule façon: elles ne sont pas financées, et en chargeant des frais assez faramineux aux parents (en moyenne 10,000/année) elles peuvent offrir un service « bilingue » ou même trilingue (anglais, français et espagnol) mais l'enseignement de base est en anglais. Dans ces écoles, les cours généraux sont offerts dans la langue de Shakespeare: mathématiques, sciences, etc.
Après une période d'un an dans ces classes, l'élève « gagne » le droit de fréquenter l'école anglophone, et pas seulement pour lui ! Pour ses frères, sœurs et leurs descendances respectives. Ce qui fait en sorte qu'ils ne sont pas sous le joug de la loi 101. Pour résumer d'une façon plus facile, ils s'achètent un droit linguistique, ils contournent la loi 101 pour s' « offrir » une éducation en anglais, malgré les lois existantes au Québec: cette « fissure » permet à au moins 500 étudiants par année de fréquenter le réseau public anglophone.
Aujourd'hui, le gouvernement Charest a déposé sa solution miracle. Au lieu de soumettre les écoles passerelles, il s'entête à les conserver, avec des solutions bidons: augmenter à 3 ans (la moitié de l'éducation primaire) le laps de temps acceptable pour les enfants avant de pouvoir commencer leur formation dans une école anglophone publique, ainsi que diverses mesures pour « augmenter » la francisation (n'oublions pas que ce même gouvernement a récemment fermé 65 classes de francisation aux adultes !)
Mais voilà: les gens fortunés, qu'ils soient immigrants ou Québécois de souche continueront à payer, s'ils sont bien nantis, 10,000$ trois fois dans leur vie ou une seule, qu'est-ce que ça changera ? Rien ! Ces parents continueront à contourner la loi, et les autres se soumettront à la loi. J'apprécierais que toutes les lois soient aussi facilement contournables. Par exemple, si un policier m'arrêtait pour excès de vitesse, je n'aurais qu'à dire « Monsieur ! Je contourne la loi, je vous offre 150$ et vous ne m'enlever pas de points de démérites » Est-ce que je pourrais de cette façon contourner la loi ? Mais bien sur que non me direz-vous. Et bien, le dossier des écoles passerelles, c'est la même chose « Monsieur Charest, puis-je vous offrir 30,000$ pour contourner la loi 101 ? » Ce qu'il me répond, ce matin, c'est bien certainement madame, avec un grand sourire en plus ! Si je suis riche, je peux donc faire ce que je veux, je peux instruire mes enfants dans une langue étrangère et contribuer ainsi au déclin de la langue française dans la belle province. Et les autres, pauvre petit peuple, qu'ils suivent les lois !
Nous avons besoins de mesures plus musclées, le gouvernement du Québec doit absolument protéger la langue nationale. La loi 101, présentement est bourrée de brèches et n'est plus très efficace. Mais que fait Jean Charest pour pallier ? À la place d'écouter le gros bon sens et de colmater la brèche, lui qui aurait pu de cette façon augmenter d'un iota la popularité déficiente de son gouvernement, s'est contenté de se buter à sa base électorale qui voit dans ces écoles une « bouffée d'oxygène » pour la « survie » de leurs écoles anglophones publiques. La langue, c'est l'essence d'un peuple, c'est le fondement de sa nation, l'éducation, c'est aussi l'avenir de cette même nation. Et ce matin, il y en a plusieurs sur la colline parlementaire qui l'ont oublié.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juin 2010

    Depuis quelques mois, je lis tes commentaires pertinents, limités à quelques centaines de mots. Aujourd'hui, je peux enfin lire un texte complet de toi. Ce dernier, Tania, exprime très bien la situation actuelle qui est, soit dit en passant, inacceptable.

    En effet, le gouvernement Charest n'apporte aucune solution nouvelle pour remédier à la situation. Rien. Nothing. Nada. Je me dis qu'en écrivant "rien" dans les trois langues, les trilingues ayant les moyens de s'offrir un avenir pourront mieux comprendre ce que j'ai écrit, parce que tout le monde sait que l'éducation qui se fait dans la langue officielle d'un pays (je parle içi du Québec) est inutile!
    Je le répète, très beau texte, Tania, qui mérite d'être publié. Continue dans cette direction!