Fusion CAQ/ADQ : une nouvelle Union Nationale est née

On attend quoi pour agir?

Je crains devoir le dire : ne serions-nous, finalement, qu'une bande de ti-culs en culottes courtes?

Option nationale - Jean-Martin Aussant

Voilà, c’est fait : la CAQ et l’ADQ ont fusionné. Pour l’ADQ, un parti de droite fédéraliste, au sein duquel s’agite un courant libertarien non négligeable, c’est loin d’être un désastre, contrairement à ce que prétendent certains commentateurs.
Je m’explique.
La CAQ mène depuis plusieurs semaine dans les sondages. On connaît l’humeur changeante des Québécois, et en matière de choix politique, cela peut parfois friser le vaudeville. Ces sondages nous disent que bien des Québécois s’apprêteraient à se jeter dans les bras du tandem Legault/Sirois, sans pour autant savoir quel genre d’étreinte on leur réserve.
C’est bien beau les sondages, mais la CAQ devait tout de même se doter d'une organisation sur le terrain. Depuis hier, cependant, elle dispose de celle de l’ADQ. C’est une aubaine pour la CAQ, mais cela en est aussi une pour l’ADQ qui vient subitement de « grimper » dans les sondages… Cela ressemble drôlement à la formule dite « gagnant-gagnant », si chère au monde des affaires. Le tandem est donc devenu un trio : Legault/Sirois/Deltell (LSD...).
Finalement, cette caqueterie-adéquiste me rappelle la fusion du Parti progressiste conservateur avec le Reform Party. On sait ce qui est advenu du premier : il s’est fait bouffer par le second, au moins idéologiquement parlant. C’est le Reform qui est majoritaire aujourd’hui à Ottawa, pas le Parti progressiste conservateur de l’ère Mulroney.
La CAQ était jusqu’à hier un ramassis de fédéralistes, de «preppies» du monde des affaires, de souverainistes mous et carriéristes, de gens du centre et de droite. La CAQ qui faisait dans le centre-droit-fédéralisme-mou (excusez la formule imprécise, mais j'ai essayé de faire court...) vient, avec la fusion, de s’épingler à droite pour de bon, tout en s'affirmant davantage fédéraliste. L’organisation de l’ADQ, affaiblie, sans être moribonde, fera front uni pour s’imposer au sein de la nouvelle formation politique. Legault risque de l'apprendre à ses dépends, et j'ai comme l'impression que l’ADQ pourrait même avoir réalisé un coup fumant, cela en dépit des apparences. N’oublions pas que la CAQ profitera sous peu d’une tribune de huit députés, tous issus de l’ADQ. Seront-ils tous de fidèles rapporteurs des idées de Legault? M’est avis que ce ne sera peut-être pas toujours le cas et que subsistera un vernis adéquiste lorsque ces nouveaux sbires de la CAQ interviendront publiquement. Mais quoi qu’il arrive, c’est à la naissance d’une Union Nationale version 2011 que nous venons d’assister, rien de moins.
Si la tendance se maintient, la CAQ/ADQ sera portée au pouvoir dès les prochaines élections et le PLQ assumera le rôle d’opposition officielle. Avec en prime Harper et ses dogmatiques à Ottawa, voilà une perspective qui fera tomber en transe plus d'un affairiste. Si le PQ et QS remportent une douzaine de comtés, ce sera beau. Sincèrement, un tel scénario vous plaît?
Évidemment, cette prédiction fait sens seulement SI la tendance se maintient. On le sait, en politique, tout peut changer à brève échéance. Pensons à Pierre Curzi qui s'attendait à ce que le Québec vive un automne à l'image du printemps arabe. Quand on voit ce qui se passe là-bas - prise du pouvoir partout des islamistes -, je me demande bien ce qu'il doit penser aujourd'hui. J'espère être meilleur que lui dans mes prédictions...
Or, comment faire infléchir cette tendance, justement. Pour dire la vérité, je ne vois pas comment, compte tenu que le temps perdu ne peut plus être récupéré : tout ce qui est souverainiste/indépendantiste et moins à droite que la CAQ/ADQ et le PLQ est divisé ou en crise. Le pire, est qu’on ne sent pas de volonté de surmonter les différences, d’oeuvrer pour l’unité pour au moins tenter de limiter les dégâts appréhendés.
Le PQ Marois ne veut rien savoir d’une coalition, en dépit du fait que l’idée chemine pourtant dans plusieurs têtes au PQ. Pauline Marois s’entête à vouloir aller jusqu’au bout. C’est à croire qu’elle désire vraiment se faire humilier totalement et absolument, en entraînant avec elle (vers le bas, s'entend) le mouvement souverainiste et la social-démocratie dite de centre-gauche. Merci au PQ pour son bon jugement…
Quant à Québec Solidaire, l’espoir d’obtenir un score s’approchant des 10% fait saliver son membership. Un tel score, pourtant perçu comme un désastre par l’ADQ, est vu comme une perspective exaltante par QS. Que le Québec bascule à fond à droite et s’obstine à tout mettre ses œufs dans le panier fédéraliste ne les émeut guère. La gauche "solidaire" aura augmenté son score, c’est ce qui compte. Je caricature à peine, hélas! Enfin, QS n’est pas intéressé à élaborer un programme commun et à se coaliser avec le PQ. Le congrès du parti ayant décidé de présenter 125 candidats dans les 125 comtés, cela ferme la porte à toute proposition allant dans ce sens. Pour QS, une coalition se résume au désistement à son profit de candidatures du PQ. Merci aussi à QS pour son bon jugement…
Concernant Option Nationale, que j’aime bien, le parti est ouvert à une coalition. Toutefois, le parti de Jean-Martin Aussant est loin de tenir le gros bout du bâton. Même s’il semble rallier bien des jeunes (et des femmes!), le parti n’est pas connu et il se situe toujours dans la frange de la marginalité. Qu'adviendra-t-il de ce parti si Aussant mord la poussière lors du prochain scrutin, ce qui risque fort de lui arriver si Charest se décide à enclencher des élections à brève échéance? Aussant quittera-t-il la direction du parti, le condamnant ainsi à devenir un deuxième Parti Indépendantiste? Ce serait dommage, car je crois que ce parti à de l'avenir. Une partie de la jeunesse s'y reconnaît, en tout cas.
Alors préparons-nous au pire, i.e. à subir la droite fédéraliste harpeurienne et adéquiste-caquiste pour longtemps. J’en suis même venu à souhaiter l’arrivée de Duceppe à la tête du PQ, en dépit du fait qu’il ne semble pas vouloir s’extirper des vieux paradigmes. Mais je préfère un Duceppe qui sauve les meubles qu’un balayage fédéraliste de droite qui démoralisera les troupes pour un bon bout de temps.
Je crains devoir le dire : ne serions-nous, finalement, qu'une bande de ti-culs en culottes courtes?


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 décembre 2011

    CROP prédit une centaine de députés pour la CAQ.
    Est-ce enfin le sondage qui va nous débarasser de Marois?
    http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201112/15/01-4478363-sondage-une-centaine-de-sieges-pour-la-caq.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS1

  • Christian Montmarquette Répondre

    15 décembre 2011

    «Quant à Québec Solidaire, l’espoir d’obtenir un score s’approchant des 10% fait saliver son membership. Un tel score, pourtant perçu comme un désastre par l’ADQ est vu comme une perspective exaltante par QS. - Que le Québec bascule à fond à droite et s’obstine à tout mettre ses œufs dans le panier fédéraliste ne les émeut guère» » - Michel Gendron
    - Sachez Monsieur Gendron qu'il y a une sacrée différence entre une ADQ qui a déjà constituée l'opposition officielle, et qui vient de planter à «2%» dans Bonaventure... Et Québec Solidaire qui a «triplé» ses appuis en seulement 3 ans, en passant de 3% à 10% à l'échelle nationale avec «un seul» député à l'Assemblée Nationale.
    - Sachez aussi, qu'il a belle lurette que c'est le PQ lui-même qui a fait sombrer le Québec à droite et dans le néolibéralisme, et s'est retrouvé à toutes fins pratiques «fédéraliste», puisqu'il ne combat pas le fédéralisme et ne fait «strictement rien» pour faire avancer la cause de l'indépendance.
    Puisque pratiquement, l'ensemble de l'offre politique actuelle est majoritairement à droite. La contribution sociale et politique de Québec Solidaire est essentielle pour qu'il existe un semblant de démocratie au Québec.
    Si les citoyens souhaitent une véritable «gauche indépendantiste» et une direction du Québec social-démocrate, pour un «véritable changement», tel que l'institution d'un «Revenu minimum garanti», et un parti qui représente les intérêts du peuple et des gens ordinaires, plutôt que les intérêts des compagnies, des riches et des entreprises multinationales. Il est illusoire de voter pour des clones politiques qui défendent la même idéologie néolibérale et le statu quo social et constitutionnel.
    Quant à un pacte électoral.
    Ne tentez pas de faire porter l'odieux par Québec Solidaire.
    Le PQ est le premier qui n'a jamais levé le petit doigt pour faire avancer quoi que ce soit dans ce dossier.
    Conseil d'ami...
    Si vous souhaitez vraiment un tel pacte électoral entre le PQ et Québec Solidaire...
    Je vous recommande de cesser de cracher votre venin sur votre principal allié potentiel.
    Christian Montmarquette
    QS- Montréal
    État de la situation concernant un pacte électoral PQ-QS :
    http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#idMedia=undefined&lang=fr&pl=0of1&posMedia=0&startPosition=0&urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2011/CBFT/LesCoulissesDuPouvoir201112111100_2.asx
    Revenu minimum garanti: les explications d'Amir :
    http://fr.video.canoe.tv/video/en-vedette/en-vedette-aujourdhui/1906868890/revenu-minimum-garanti-les-explication-d-amir/1320847686001
    .

  • Luc Bertrand Répondre

    15 décembre 2011

    Monsieur Gendron, si nous PARAISSONS des "ti-culs en culotte courte", vous savez pourquoi: l'Oligarchie est maîtresse absolue des médias, sauf Vigile.net et quelques autres sites et publications indépendantistes (Independantes.org, Le Québécois, La Presse québécoise, Le Boucan, etc.) qu'elle tente d'ailleurs de museler à coup de mises en demeure (Le Québécois, Vigile.net) et notre complexe d'auto-flagellation. Quand l'ennemi dispose de l'appui inconditionnel de la finance, de l'industrie, des médias de masse, du fédéral, de la plupart des maires, des anglophones, d'une grande partie des allophones et des "French Canadians" de service, il faut comprendre que nous avons affaire à forte partie.
    Patrick Bourgeois, du Réseau de résistance du Québécois (RRQ), n'hésite pas à nous qualifier de "résistants" en référence à la Résistance française sous l'Occupation nazie (1940-1944). J'endosse entièrement son analogie, car, en effet, nous ne sommes même pas maîtres dans notre propre pays, mais pratiquement des exilés vivant sur leur propre territoire.
    Je devrais bientôt distribuer des "passeports québécois" du PI à 2 000 portes de mon comté. Si je peux enfin trouver du temps libre, je cherche à recruter des membres pour constituer un exécutif de comté et une organisation électorale en vue de l'élection à prévoir au printemps.
    C'est ce que nous devons faire: faire de la publicité, parler, téléphoner, courrieller, texter des partis indépendantistes, de leur chef, de leur programme et des objectifs partout autour de chez vous, que ce soit pour le PI ou ON. Et n'hésitez pas à envoyer des commentaires aux journaleux qui couvrent la politique, que ce soit à la télévision, la radio, les journaux, les blogues et réseaux sociaux et les maisons de sondage pour les inciter à parler des nouveaux partis indépendantistes, s'ils prétendent être objectifs dans leur travail.
    Jean-Martin Aussant et Lisette Lapointe n'ont jamais eu autant de visibilité médiatique depuis qu'ils ont claqué la porte du PQ et créé Option nationale. Bien sûr, ce n'est rien à côté du battage publicitaire accordé à François Legault depuis un an, mais c'est quand même un pied dans la porte. Si la pression des auditeurs et lecteurs se fait insistante, on n'aura pas le choix de parler d'ON ou du PI et de les offrir comme choix possibles dans les sondages d'opinion.
    Et s'il y a un des deux partis qui se démarque significativement de l'autre (probablement le moins dangereux ou dérangeant selon les médias, méfions-nous!), il y aura nécessairement un dialogue au sommet pour saborder un des deux avant l'élection afin de ne pas diviser le vote indépendantiste.
    Messieurs Gendron et Noël, essayez de garder espoir et de penser autrement qu'en terme de victoire électorale à court terme. Je préfère voir Pauline Marois et le PQ se planter ce printemps et que les indépendantistes joignent tous Option nationale plutôt que de voir Gilles Duceppe sacrifié dans une cause perdante ou condamné à la gouverne provinciale en cas de victoire minoritaire. Il faut arrêter de traiter nos héros nationaux comme Hitler le faisait avec ses Panzerarmees SS! À force d'être contraint à éteindre des incendies avec des moyens de fortune, un pompier, aussi aguerri soit-il, finira par être brûlé lui aussi.

  • Antoine Dubé Répondre

    15 décembre 2011

    Vous émettez un scénario pessimiste mais tout de même possible.
    La conjoncture actuelle peut cependant changer et d'autres scénarios peuvent apparaître.Quelques jours seulement sont passés depuis l'accord de principes entre le parti de Legault et l'ADQ et déjà on voit des contradictions et des imprécisions apparaître. Ce qui fait dire à M.Charest que la CAQ est le parti de la confusion et il est loin d'avoir tort à mon avis à ce sujet.
    De toute façon, il serait très utile que les partis souverainistes ou indépendantistes communiquent entre eux et se concertent. Je suis convaincus d'ailleurs qu'ils le feront. Aux militants non-alignées ou encore ouverts de les encourager à le faire et tout est encore possible.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 décembre 2011

    Pauline Marois part et l'espoir renaît. Elle reste et c'est le mur.
    Marois est l'obstacle numéro 1. Cela ne prend pas un doctorat en science politique pour comprendre cela.
    Duceppe c'est encore la "chouveraineté ronronnante et mollasonne", mais au moins en brassant les cartes, on peut se retrouver avec un jeu complètement nouveau.
    Surtout si Parizeau et Landry reviennent au boulot pour l'appuyer avec Lapointe, Beaudoin, Curzi, Aussant et cie.
    Moi je reste optimiste et je suis sûr que tout le monde peut arriver à s'entendre.
    Mais il faut d'abord que Pauline Marois tire sa révérence.
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    15 décembre 2011

    Je partage votre analyse. A moins d'un changement de cap, on s'enligne pour une centaine de caquistes en chambre. Legault va battre le record de Boubou!
    Le PQ va être réduit à quelques sièges.
    Il n'est pas trop tard, mais il est moins une pour sauver le soldat PQ. On s'enligne pour des élections avant l'été, avant le début des audiences de la Commission Charbonneau. Faut agir dans les prochaines semaines.
    1) Pauline Marois doit partir. A POIGNE PAS. Elle n'a jamais poigné. Elle ne poignera jamais. Elle a mis le PQ à terre
    2) Duceppe doit prendre la relève. C'est pas le candidat de rêve, mais c'est le meilleur là. Et il doit réapprendre à sourire!
    3) Curzi et cie doivent rallier le PQ
    4) Aussant doit rallier le PQ
    5) Une entente doit être prise avec QS: le PQ libère quelques comtés à Montréal, en retour QS libère tous les comtés autour de Montréal.
    Sinon, c'est la catastrophe assurée.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 décembre 2011

    Le P.Q.attend d'être sur son lit de mort.Le premier
    role d'un chef c'est d'être rassembleur.On ne peut
    pas dire que Mne Marois a fait ce qu'il fallait
    pour nous démontrer qu'elle était rassembleuse. Puisque
    Mne David a dit qu'ils étaient ouverts,mais ils n'ont
    pas reçu de téléphone de Mne Marois pour en discuter.