Par rapport au Québec, le Nouveau Parti Démocratique n’a aucune prétention officielle à part celle d’assurer l’hégémonie du régime canadien sur la nation québécoise. La fièvre réformatrice que le populo lui prête relève du pur fantasme. Il suffit d’entendre toutes les histoires sans fondement qui se racontent. Des indépendantistes se racontent même qu’un gouvernement Layton fera entrer des ministres du Bloc Québécois dans une large coalition.
On croit que le Nouveau Parti Démocratique ment? Ce n’est même plus nécessaire. On vote pour l’illusion d’optique de chacun. On veut voter contre un fatalisme désespéré que, loin de vouloir briser, le Nouveau Parti Démocratique s’apprête à soutenir. Il suffit de penser au plan d’inclusion du Québec tel qu’exprimé par le député néo-démocrate Thomas Mulcair. Il compte simplement sur les ententes administratives pour faire évoluer la fédération canadienne! Dans le cœur, cet homme est demeuré un ministre du gouvernement Charest.
Les Néo-Démocrates pourront, si la vague orange se confirme, pratiquer à souhait l’art de l’esquive sans même avoir à renier des promesses. En effet, la nation québécoise et des engagements spécifiques à son égard, ne figurent pas au programme. Mais Jack Layton a un beau sourire, se dit-on, et il saura poursuivre en douce... quoi au juste?
Face au blocage de l’appareil canadien face au Québec, on se trouve embobiné par une fièvre réformatrice fictive, un pur fantasme redisons-le. Plusieurs analystes ont fait le parallèle avec la vogue soudaine de l’Action Démocratique il y a quelques années. Les deux vagues procèdent d’un désir de rompre les alignements comme si le nœud du problème résidait dans des fidélités anciennes. D’habitude on se répète alors que cette rupture entraînera une révision des modèles.
Il y a un mensonge que l’on se sert à soi-même. La perspective des intrigues impliquées par la sollicitation des appuis nécessaires auprès des acteurs canadiens ennuie à l’extrême la nation québécoise et plus encore la nation canadienne. Alors on veut penser que le sourire du bon Jack fera le ménage dans tout ça.
Le Bloc Québécois, qu’on le veuille ou pas, représente le droit de la nation québécoise de se représenter elle-même. En même temps que l’on dit qu’il est tout à l’honneur du Canada d’accepter un tel parti dans l’enceinte de la Chambre des Communes, on n’a cessé de répéter que la volonté de souscrire au régime est une condition d’y siéger. Au cours de cette campagne électorale, le gouvernement Conservateur a promis d’étouffer en silence le Bloc en contrant son financement s’il était réélu.
En principe, disent les partisans du régime, on a le droit d’avoir un député contre le régime mais la nature des effets produits en fera un représentant de seconde zone. On a dit carrément que les besoins des populations n’étaient pas desservis par un député indépendantiste. En principe, on a le droit d’aller dire à la Chambre des Communes que le Québec est une nation libre de ses choix. Puis, on reproche aux indépendantistes élus de vouloir ameuter l’opinion publique. Les indépendantistes voudraient trouver un sujet qui puisse concentrer l’opposition, accuse-t-on. Et on invite la population à faire montre d’un sursaut d’indépendance personnelle en refusant la mobilisation.
Si, comme on veut le faire croire, les députés indépendantistes aux Communes n’ont pas d’effet et que leurs critiques se voient accuser de produire des mobilisations indues, est-ce à dire que le régime canadien n’octroie qu’une autorisation de façade? Vote-t-on pour des élus qui doivent contracter des idées conformes pour figurer à titre de représentant de première zone?
En principe, toujours, la loi n’interdit pas aux indépendantistes d’être représentés mais l’appareil en mouvement veut, en quelque sorte, substituer le souci de la norme au respect de la loi. La loi vous autorise d’être représenté mais hors de la norme, votre représentation sera privée d’effets. C’est carrément la thèse qu’implique le discours qui se tient en ce moment.
Chère nation minoritaire, une majorité partisane vous donnera la méthode pour vous affirmer. Figurez parmi les personnes soumises à la norme d’un océan à l’autre. Encore une fois, la grandiose démocratie, en une communion spontanée, a redécouvert la flèche de l’évolution. Faite la vague, bon peuple.
Un bon député doit mettre en circulation la pédagogie unitariste et porter les marques de la souveraineté canadienne sur lui. Un bon député doit travailler à obtenir des résultats strictement par rapport à des politisations pancanadiennes. Pourtant, le propre de la démocratie n’est-il pas d’avoir des représentants qui reflètent sa nation avec toutes ses propriétés et ses problèmes?
André Savard
Oui, mais...
La loi vous autorise d’être représenté mais hors de la norme, votre représentation sera privée d’effets.
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1 commentaire
Jean-Pierre Bouchard Répondre
2 mai 2011Le système électoral peut mettre en scène une forme de démocratie aussi imparfaite soit-elle tout en protégeant l'infrastructure essentielle d'un système politique ou économique.
Le Canada au Québec permet à des partis souverainistes de tenter de sortir la seule province française de son carcan fédéral tout en permettant également de mettre en concurrence un seul parti souverainiste avec deux, trois partis fédéralistes. Le BQ affronte le PL, le PC et le NPD. Nous avons été crédules tous de penser que depuis la percée du PC à Québec en 2006, un autre parti fédéraliste ne trouverait le moyen de sortir un lapin de son chapeau encouragé par toute la sphère des médias favorables au statu quo.
Par la voie électorale a priori -impeccablement- démocratique, la volonté de faire du Québec un pays s'est heurté à une masse de défenseurs du statu quo parce que la norme, l'apparence de la normalité et la protection des intérêts immédiats l'a toujours emporté.
Sur le plan fédéral, les médias n'ont jamais cessé d'ignorer le BQ dans la couverture de l'actualité normale canadienne et de favoriser les trois partis fédéraux au Québec dont principalement libéraux et conservateurs.
L'ouverture électorale au Québec pour un parti fédéraliste passant par le NPD on ne l'a pas découragé.
Le BQ à joué le jeu des travaux de la chambre des communes pour se le faire reprocher. Inévitablement, le BQ se devait de prendre la place d'un parti fédéraliste afin que le Québec soit représenté pour lui même à Ottawa ce qui peut sembler un paradoxe mais dans celui ci ce sont les dossiers du Québec qui sont mis de l'avant par le BQ pendant que la représentation régionale du Québec est la seule chose acceptable par les partis fédéralistes.
Ainsi, un parti ou deux tentent de sortir le Québec du grand tout canadien minorisant, la démarche est difficile, les partis souverainistes subissent un embargo permanent. Le marché électoral s'occupe par la suite de mettre souvent en échec ces partis. Ce qu'on n'avait pas imaginé c'est que le marché électoral serve à promouvoir un parti de la gauche vaguement socialisant afin d'attaquer le parti souverainiste à Ottawa.
Comme le système pas seulement fédéral, également capitaliste et libéral réduit tout à l'individu, aux fragments, à l'éclatement des opinions et des idées, il encourage l'absence d'esprit de corps, l'absence de solidarité politique ce qui défend le statu quo canadien au Québec.
Division, fragmentation, individualisme, offre électorale, offre de produits, de détergents, de gadgets tout cela créé l'illusion du nouveau dans le très connu.
Toute cette salade sur les 20 ans du BQ qui serait vieux à cet âge prouve les moyens du système fort de sa mise en vente.