Philippe Couillard tente, depuis qu’il est chef du Parti libéral du Québec, de repositionner sa formation politique et de se démarquer de son prédécesseur. À l’entendre, le PLQ serait de gauche, voire plus progressiste que ne l’est le Parti québécois. Vraiment ?
Il était quelque peu étonnant dimanche de voir le chef libéral, en conférence de presse à l’issue du congrès de l’aile jeunesse de son parti, disputer au Parti québécois l’étiquette progressiste pour se l’approprier. L’image que les Québécois ont du Parti libéral est tout autre. Sous Jean Charest, c’était un parti affairiste, lié au milieu des affaires et défenseur de politiques néolibérales, dont celle du « moins d’État ». Il en résulta notamment le transfert au privé de fonctions gouvernementales, y compris en santé, avec les dérives que l’on sait.
Pour se démarquer de Jean Charest, qui défendait, au moment de prendre la tête du PLQ en 1998, la nécessité de remettre en cause les acquis de la Révolution tranquille, Philippe Couillard défend à l’inverse la nécessité de revenir aux sources de l’idée libérale qu’ont portée de grands libéraux tels que Wilfrid Laurier, Alexandre Taschereau, Adélard Godbout, Jean Lesage. Pour lui, l’idée libérale, c’est l’ouverture au monde, l’esprit de réforme, la solidarité rendue possible par le développement économique. Ce sont les valeurs qui seront la pierre d’assise d’un nouveau Parti libéral.
Que sera ce nouveau Parti libéral qu’entend façonner le nouveau chef libéral ? On trouve sa pensée résumée dans une phrase tirée d’un document de réflexion du mois de mai où il écrit vouloir faire en sorte que le Parti libéral « soit à nouveau reconnu comme le parti le plus éthique, le plus compétent, le plus inclusif, le plus représentatif et le plus participatif du Québec ».
Vaste programme, car ce que nous décrit là Philippe Couillard, c’est l’antithèse de tous les maux dont le Parti libéral est affligé après neuf années au pouvoir. Pour intéressantes qu’elles soient, ses réflexions philosophiques sont loin de nous dire précisément où il loge. La phrase la plus révélatrice est lorsqu’il parle de la justice sociale rendue possible par une économie forte. À ce propos, il ajoute : « On a le cœur à gauche et le portefeuille à droite. » Cela étant dit, on ne peut accueillir qu’avec un fort brin de scepticisme sa prétention selon laquelle son parti serait plus à gauche et plus progressiste que ne l’est le Parti québécois. Comprenons qu’en réalité il est au centre.
Revenir au centre, là où il était à l’époque de Robert Bourassa, est la stratégie la plus rentable pour le Parti libéral. De là, il peut ratisser dans le champ des progressistes déçus du reniement par le gouvernement Marois de certaines promesses, un clou sur lequel M. Couillard ne manque pas de frapper chaque fois qu’il le peut. C’est à eux qu’il s’adresse quand il dit que le Parti québécois oublie d’être à gauche une fois au pouvoir. Il peut également penser, puisqu’il a le portefeuille à droite, retrouver les électeurs libéraux qui ont été tentés par l’aventure de la Coalition avenir Québec. Ils peuvent se sentir de nouveau à l’aise dans un Parti libéral qui continue de faire de l’économie sa priorité.
Tout cela n’est pour l’instant que belles intentions. Tout reste à traduire dans des politiques, un programme et des candidats qui incarneront ce « nouveau » Parti libéral. Philippe Couillard s’est engagé à faire adopter sa prochaine plate-forme électorale dans un congrès d’orientation au printemps prochain. Il a besoin de ce temps pour faire un travail sérieux et pouvoir prétendre à un véritable changement de son parti. Il sait d’ailleurs trop l’ampleur du travail à faire pour vouloir précipiter des élections. À ce propos, il a dit le week-end dernier une chose et son contraire. Voyons-y une façon de maintenir la pression sur le gouvernement Marois.
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