Pas un faux pas, plutôt une clarification heureuse

Chronique de Claude Bariteau


Des médias français signalent que madame Ségolène Royal aurait fait un faux pas, une fois de plus, en révélant que madame Pauline Marois lui a dit qu’il n’y aura pas d’autre référendum au Québec.
Ici, [les journaux reprennent cette idée et la répandent en vue de provoquer une réaction négative à l’endroit de madame Marois->9165] chez les promoteurs d’un Québec indépendant.
Pour moi, cette fuite n’a rien d’un faux pas, mais tout d’une clarification heureuse. Si la voie référendaire est mise de côté, ce qui est bien car elle est piégée par la loi sur la clarté, il en reste, exception faite du recours aux armes, deux autres : une décision des parlementaires ou une élection décisionnelle.
Dans le premier cas, sans mandat émanant du peuple, les parlementaires n’auraient pas de légitimité à moins que les parlementaires canadiens leur en reconnaissent une, ce qui m’apparaît douteux, voire dangereux, car le peuple québécois ne serait pas le porteur de son pays. Il en découlerait que ses contours se décideraient par négociation. Un pays, ce n’est pas négociable. Seule la sécession l’est.
Dans le deuxième cas, le peuple est de la partie. [Comme l’a mis de l’avant Bernard Frappier en 2002 et bien d’autres depuis, avec une élection décisionnelle->5702], il faut, pour procéder, une plate-forme électorale en conséquence et une double majorité (majorité de votes et majorité d’élus).
Cette façon de procéder peut être déployée par un parti ou dans le cadre d’un pacte entre partis indépendantistes. Un pacte a l’avantage de révéler que le projet de pays cimente une union entre les Québécois et les Québécoises toutes origines confondues en vue de se doter d’un pays, ce qui est essentiel à la réalisation de projets de société.
De ces deux voies, la deuxième a de plus l’avantage rendre les contours du pays non négociables et, surtout, de dédouaner les parlementaires québécois d’opérer à l’intérieur des limites juridiques du statut de province. Avec un mandat clair de faire le pays, ils peuvent de jure instituer une autre entité politique en nommant un président et en procédant sous ses directives.
Merci madame Ségolène Royal de cette fuite. Elle n’a rien d’un faux pas. Au contraire.

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Claude Bariteau49 articles

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Claude Bariteau est anthropologue. Détenteur d'un doctorat de l'Université McGill, il est professeur titulaire au département d'anthropologie de l'Université Laval depuis 1976. Professeur engagé, il publie régulièrement ses réflexions sur le Québec dans Le Devoir, La Presse, Le Soleil et L'Action nationale.





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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 septembre 2007

    Monsieur Bariteau,
    Je crois que l'on place beaucoup de faux espoirs en Pauline Marois. Certains militants croient que Pauline fera des gestes de souveraineté et nous mènera, sans référendum, vers la terre promise.
    Pour ma part, je crois tout le contraire. Pauline Marois, dans son texte du 18 juin dernier (j'y reviens, car ce texte a été écrit et réfléchit par mme Marois) refusait les gestes de souveraineté.
    "Tout comme le fait de se radicaliser en refusant d’avance à gouverner un Québec encore province, serait une recette assurée pour l’exclusion, voire le suicide politique."
    Mme Marois a décidé de gérer un bon gouvernement provincial. Puis, lorsqu'elle seule en jugera bon (entre le moment où les poules auront des dents et la semaine des 4 jeudis) elle déclenchera un référendum sur un projet flou et vague de souveraineté à la saveur MSA.
    La déclaration de Ségolène en ce sens a de bien qu'elle force Marois à clarifier sa position: Celle de mettre de côté l'indépendance du Québec sur la glace.

  • David Poulin-Litvak Répondre

    22 septembre 2007

    Il existe d'autres manières de faire l'indépendance, en optant pour le référendum, mais en assurant que l'initiative ne soit pas laissée aux partis politiques.