Les Québécois ont refusé d’écouter les avertissements répétés des observateurs de la scène politique, lors du dernier scrutin de décembre 2008. Accorder une majorité de députés à Jean Charest fut un geste guidé par l’inconscience : son mandat de 2003 commandait en effet la plus grande des prudences à son endroit. Nous voilà maintenant dans de beaux draps, trois mois seulement après son élection.
Pourtant, au moment de voter, Stephen Harper était freiné par les partis d’opposition, à Ottawa, dans son dessein maléfique de les priver de financement fédéral. Son gouvernement minoritaire montrait ainsi clairement aux Québécois les vertus de la cohabitation des partis politiques, au sein d’un parlement. Privée de majorité, l’administration conservatrice a finalement retraité maladroitement, sauvée in-extremis par la Gouverneure générale. Les Québécois ont malheureusement ignoré aussi cette leçon.
Personne ne viendra secourir les Québécois, dans les prochains mois, voire les quatre prochaines années. Ils devront endurer le « spectacle » qui a débuté, dès la prise du pouvoir par les libéraux. Ces derniers eux-mêmes semblent surpris par ce qu’ils voient de la part de leur chef! Manifestement, un monde sépare la petite équipe qui gravite autour du premier ministre et le reste des membres du gouvernement.
Les gens du bureau de Jean Charest paraissent déterminés à s’offrir du bon temps, parce qu’ils sont convaincus que leur patron ne sollicitera pas un autre mandat, en 2013. Les nominations partisanes et autres « retour d’ascenseur » ont donc commencé en lion, avec l’arrivée de Michael Sabia à la tête de la Caisse de dépôt et placement. D’autres « promotions » assurément suivront, avec plus ou moins de subtilité, puisque le gouvernement libéral jouit d’une majorité. Parions que le nouveau retard qui s’ajoute à la saga du CHUM cache de nouvelles combines qui récompenseront des proches collaborateurs du PLQ.
Le premier ministre a donc retrouvé sa mine hargneuse envers les partis d’opposition ainsi que la population. Il refuse de répondre aux questions des journalistes et renonce ainsi à rassurer la population comme il devait le faire, maintenant qu’il a les deux mains sur le volant pour la conduire hors de la tempête économique. Pas un mot donc sur les déboires de la Caisse de dépôt. Totale condescendance face au budget déficitaire qui sera déposé demain, à l’Assemblée nationale. Mutisme complet aussi face aux derniers chiffres qui montrent que le taux de décrochage scolaire n’a pas diminué, alors qu’il faut une relève dynamique au Québec pour remplacer les baby-boomers qui quittent à la retraite. D’autres se lèvent d’ailleurs présentement pour se pencher sur ce drame, puisque Québec a également démissionné dans ce dossier.
Le Parti libéral va grandement souffrir de voir son chef gouverner en mode de « pré-retraite. » L’homme va se contenter de faire des apparitions mondaines et des déclarations populistes, sans le moindre effet concret pour permettre au Québec de sortir parmi les premiers du ralentissement économique. Ainsi, sa présence lundi au poste frontière de Lacolle n’était pas nécessaire. La présentation d’un nouveau permis de conduire muni d’une puce afin d’éviter aux Québécois de présenter un passeport pour franchir la frontière américaine, était carrément digne d’une réclame publicitaire. Un communiqué aux médias aurait suffi pour informer la population. Populiste, Jean Charest sait toutefois que ce coup promotionnel toucherait particulièrement ceux et celles qui vont en vacances chez nos voisins du sud. En s’associant ainsi à une activité qui suscite la joie, le leader libéral espère ainsi produire une image positive.
Le premier ministre ne parviendra pas cependant à distraire la population avec ce genre de truc. Le budget déficitaire que sa ministre des Finances va déposer demain, à Québec, ramènera la morosité autour de sa personne. Pire; il ne pourra plus bientôt se camoufler derrière Monique Jérôme-Forget. Cette dernière, fatiguée par l’épineux dossier de la Caisse de dépôt, impopulaire par ses compressions imposées aux différents ministères, quittera la vie politique, après avoir imposé aux employés de la fonction publique un autre contrat de travail austère. Assurément, Jean Charest devra dénicher un autre titulaire pour diriger cet important ministère, cet automne.
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Qui trouvera-t-on d’ailleurs chez les libéraux pour remplacer le député de Sherbrooke? Des gens s’activent déjà à ce sujet, trois mois à peine après la victoire électorale du PLQ. Du jamais vu! Qui voudra en attendant sauver le parti de la déroute, en ramenant le chef sortant à la raison, celui qui a commencé à remercier ses amis avant son départ, en leur offrant des postes lucratifs ça et là, au sein des différentes institutions gouvernementales? N’oublions pas que le premier ministre touche une généreuse prime annuellement payée par son parti, rétribution qui s’ajoute à son salaire. Ces dizaines de milliers de dollars ne proviennent pas du ciel! Des contributeurs qui peuvent aisément se cacher derrière d’autres identités, fournissent ces sommes. Ils ne font pas œuvre de mécénat. Comme Michael Sabia, ils veulent passer à la caisse, avant que leur protégé ne quitte ses fonctions.
Patrice Boileau
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
18 mars 2009Voilà où nous ont conduit la peur, l'ignorance et l'innocence des québécois qui ont voté pour ce gouvernement destructeur. C'était écrit dans le ciel que voter pour ce gouvernement nous conduirait là où nous sommes rendus. Bien sûr, il y a aussi les fédéralistes qui ont voté pour ce gouvernement afin de satisfaire leurs intérêts égoistes et manifester ainsi leur ingratitude envers le peuple québécois qui leur montre la plus grande générosité qu'aucun peuple dans la même situation n'a jamais démontrée. La lecon a tirer est probablement qu'à l'avenir, le peuple québécois devrait se montrer moins généreux.