Message au gouvernement Marois

Passer des paroles aux actes

Tribune libre

Depuis l’arrivée du gouvernement péquiste au pouvoir, de nombreux analystes politiques font référence à la « discipline » dont devrait faire preuve Pauline Marois auprès de ses ministres, et à la raison pour laquelle la première ministre aurait avantage à agir de la sorte, à savoir la « majorité des voix » nécessaires pour faire cheminer les dossiers mis de l’avant au cours des premières semaines du mandat de son gouvernement.
En d’autres termes, le gouvernement, aux dires de ces journalistes, doit ranger dans le placard l’affirmation de ses intentions et en sortir la langue de bois, si chère à nos politiciens carriéristes.
À mon sens, même si quelques impairs se sont produits dans certains dossiers et que le gouvernement a dû reculer sur d’autres, je préfère de loin des politiciens qui affirment, parfois maladroitement, leurs convictions ouvertement à des politicailleux verbeux qui s’évertuent à peser des œufs de mouches et les refiler à la presse qui s’empresse d’en faire ses choux gras.
Toutefois, le gouvernement actuel, quoiqu’il ait manifesté rapidement ses intentions sur des dossiers majeurs, tels l’application de la loi 101 dans les garderies et des propositions intéressantes dans le débat entre les écoles privées et les écoles publiques, devra monter d’un cran son discours au lieu de tergiverser et laisser planer un doute malsain qui risque de faire reculer les débats sur ces dossiers au lieu de les faire cheminer vers leur fin.
À cet effet, l’éditorial de Josée Boileau, publié dans le Devoir du 22 octobre sous le titre « Gouvernement marois - Assumer ses idées », résume fort bien mon propos, et je cite :

L'application de la loi 101 aux services de garde vient de prendre le chemin des oubliettes. Enfin, on ne sait trop, car même si la ministre responsable de la Charte de la langue française, Diane de Courcy, a rectifié les déclarations de sa collègue Nicole Léger, ministre de la Famille, il n’est pas exclu que le sujet revienne dans l’arène publique. C’est ni oui ni non », a répondu Mme de Courcy quant à une possible expansion de la loi.

Nous voilà donc, comme pour l’école privée, comme pour la taxe santé, laissés une patte en l’air, comme s’il s’agissait de points de détail alors que ce sont des choix de société fondamentaux qui sont ici posés. On les gaspille à les effleurer, suscitant l’impatience des uns, tuant l’espérance des autres ».
Et Josée Boileau de conclure : « Mais qui se préoccupe de telles incohérences ? Les libéraux, affairistes, n’avaient pas cette hauteur de vues. Le gouvernement Marois, lui, lance des idées qu’il retire dès que la vague arrive. Qu’en déduire ? Qu’on n’assumera jamais les grands défis qui se posent au Québec ? »
En termes clairs, le gouvernement, s’il désire se démarquer des pratiques rétrogrades de nos politiciens biaisés dans le néo-libéralisme, se doit de passer des paroles aux actes et cesser de « susciter l’impatience des uns et de tuer l’espérance des autres ».
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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1 commentaire

  • Jean-Pierre Bouchard Répondre

    22 octobre 2012

    Le gouvernement Marois va vouloir jouer la carte du consensus surtout en début de mandat cela a été annoncé par cette politique d'avance et de recul et par la défense de la personnalité de P.Marois comme d'une défenseure de la négociation en politique. Il y a des limites pourtant pour un gouvernement minoritaire même en début de mandat de pratiquer une politique négociatrice volontariste appuyée.
    Ce que l'article du Devoir et cet article rappellent.
    Le gouvernement péquiste courra le risque de se renier s'il pratique trop la valse hésitation pendant que l'opposition libéralo-caquiste risque de ne pas tendre la main au gouvernement même en début de mandat. Ce que F.Legault en tant que transfuge du PQ ce lundi semble faire comprendre au gouvernement.
    Si jamais une chance sur 15, l'opposition battait le gouvernement cet automne pour provoquer une élection, ce gouvernement devra présenter une identité, un visage.
    Où de façon plus réaliste, le printemps pourrait être dangereux pour le gouvernement péquiste s'il ne s'inspire pas d'un gouvernement minoritaire pourvue d'une colonne vertébrale comme le fut le gouvernement minoritaire Harper.
    Le consensus en politique est rare et un gouvernement de consensus n'existe que par un mandat de coalition et d'union nationale lié à une crise économique ou à la guerre.
    P.Marois devrait le savoir.