Voilà une expression que je n’utilise pas vraiment, lorsque je m’insurge contre quelque chose. Je la trouve « people », comme disent ces Français friands d’anglicismes. L’occasion était irrésistible cependant, pour décrire la réaction de Monique Jérôme-Forget, la semaine dernière!
La ministre des Finances était bien piteuse devant les médias, pour expliquer les déboires de notre Caisse de dépôt et placement. Celle qui jurait disposer d’une réserve de deux milliards et demi dans sa célèbre besace, celle qui paraissait si sûre de ses moyens budgétaires en campagne électorale voilà à peine trois mois, était « désolée » des pertes de 40 milliards de l’institution québécoise.
Son patron fut au contraire carrément idiot, lorsqu’interrogé à ce sujet par les journalistes. Jean Charest n’a visiblement plus de limite pour affirmer une chose et son contraire. Ainsi, l’ordre qu’il a donné à la CDPQ, en 2004, celui de viser prioritairement le rendement dans ses choix de placement, ne serait pas de nature politique! Pas plus que le vœu de sa ministre des Finances d’imposer la présence de son sous-ministre au sein du conseil d’administration de la Caisse! Quelqu’un pourrait-il dire à ces personnes que les Québécois ne sont pas des imbéciles! Il y a des limites à raconter des sornettes aux gens en pensant qu’ils y croiront!
J’en ai marre de ces grossièretés dont seuls les libéraux en ont le secret. Rappelons-nous l’énormité de 2003! Qui ne se souvient pas en effet de cette promesse du PLQ de baisser les impôts d’un milliard par année, durant tout le mandat! Cinq milliards d’allègement fiscal au total! Rien de tout cela n’est évidemment arrivé. Pas plus que cet autre engagement de réduire le temps d’attente pour obtenir une chirurgie dans le réseau de la santé. Aujourd’hui, le nouveau ministre qui en est responsable, Yves Bolduc, a tout simplement décidé d’abandonner les objectifs que s’était fixés son gouvernement, avec la bénédiction de son chef.
Trahir sa parole de la sorte, sans pudeur, est devenue la marque de commerce du gouvernement de Jean Charest. Navrant que la population ait osé quand même lui redonner le pouvoir, suite à toutes ses contradictions! Surtout que le discours économique des libéraux, durant la dernière campagne électorale, détonnait vertigineusement, dans la conjoncture mondiale. Incroyable que les Québécois aient cru le propos rassurant de Monique Jérôme-Forget sur l’état de santé des finances publiques et celui de Jean Charest au sujet de la CDPQ!
Fort de cette inertie, le leader libéral s’adonne maintenant à la falsification du sens des mots. Il leurs accole dorénavant celui qu’il veut. Jean Charest pose ainsi des gestes politiques envers la CDPQ mais jure simultanément qu’ils ne le sont pas! Il y a de quoi sérieusement s’inquiéter. D’autant plus que son gouvernement n’est qu’en début de mandat… dangereusement majoritaire.
La tempête économique qui secoue la planète a frappé de façon subite et foudroyante. Rares sont ceux qui ont été épargnés sur les places boursières. La Caisse de dépôt et placement y a été malmenée, comme les autres. On ne peut qu’espérer qu’elle récupère ses pertes au plus vite. Il y a tout de même lieu de questionner la directive politique que Jean Charest lui a dictée en 2004. Car s’en est une, quoi qu’en dise celui qui l’a ordonné. Initialement, la CDPQ devait investir l’épargne des Québécois de manière à favoriser le développement du Québec. Autre décision éminemment… politique. Ceux qui l’ont décrété à l’époque n’ont toutefois jamais cherché par la suite à s’en exonérer.
L’esquive balourde du premier ministre est à vomir. Le voilà maintenant qui essaie d’imputer au Parti québécois la décision de Standard and Poor’s de mettre sous surveillance la cote de crédit de la CDPQ. La formation souverainiste aurait inquiété la firme de notation en voulant « politiser le débat », parce qu’elle veut faire comparaître Jean Charest à une commission parlementaire! L’institution québécoise qui gère le bas de laine des Québécois a pourtant des comptes à rendre au gouvernement du Québec. Elle doit suivre les directives qu’il adopte à l’Assemblée nationale. La société d’État est donc sous influence politique. Le premier ministre ne peut en conséquence se défiler de ses responsabilités. Les a-t-il d’ailleurs prises en fermant les yeux sur les signaux de détresse que la CDPQ lui a sûrement envoyés avant, et pendant la campagne électorale? Des avertissements assurément servis à la ministre des Finances qui ne pouvait agir sans l’autorisation préalable de son premier ministre…
Les pertes titanesques d’une Caisse acéphale, le retour des déficits budgétaires à Québec, l’immobilisme coûteux dans le gâchis du CHUM, celui observé également ailleurs dont le projet de modernisation de la rue Notre-Dame à Montréal, démontrent que le gouvernement libéral est sclérosé. Il est clair que le PLQ s’est empressé de déclencher la dernière élection avant que le diagnostique populaire ne tombe. Maintenant à son « troisième mandat » -- le second n’en fut pas vraiment un -- la bande à Jean Charest a lancé la serviette, convaincue que le prochain appel aux urnes lui sera néfaste. Elle coule maintenant des jours paisibles à la tête de l’État, pendant que les voyants rouges se multiplient (40 milliards!) sur le tableau de bord. Que fait le pilote? Qu’attend-il pour poser ses mains sur le volant? Ne devait-il pas, au moins, « accepter » la démission de sa ministre des Finances? Craint-il alors d’y perdre sa cuirasse?
Patrice Boileau
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
6 mars 2009Bonjour
J'ai appris à l'école que l'instauration de gouvernements dits responsables au fédéral et au Québec datent de 1867.
Avec ce qui se passe actuellement à la CDPQ, je me demande si nous ne sommes pas en pleine amnésie politique.
Qu'en penseraient Papineau, Mercier et Lévesque dont les statuts ornent le devant de l'Assemblée nationale ?
Quel mépris pour les citoyens et citoyennes !
Si le PM ne comprend pas, qu'il s'en aille.
Archives de Vigile Répondre
4 mars 2009Pour le peuple québécois, le fait d'avoir reporté au pouvoir ce parti Libéral pourri, fût un geste suicidaire. Vite, un psychiâtre avant que n'arrive l'irrémédiable.