Le député Pierre Poilievre, candidat potentiel pour succéder à Andrew Scheer comme chef du Parti conservateur, a soulevé la colère des groupes conservateurs sociaux, à la suite d’une série d’entrevues en français lors de son passage au Québec la semaine dernière.
La Campagne nationale pour la vie (CNV), un groupe qui est contre l’avortement et les mariages entre conjoints de même sexe, a rétrogradé M. Poilievre dans son classement des élus. Le député de Carleton est passé de feu vert
(vous pouvez appuyer ce candidat) à feu rouge
(n’appuyez pas ce candidat).
La CNV croyait jusqu’à tout récemment que Pierre Poilievre était le candidat potentiel qui avait le profil le plus intéressant pour les conservateurs sociaux. Mais ils viennent de changer d’idée.
Pierre Poilievre était connu comme un pro-vie jusqu’à tout récemment, mais il a abandonné ses croyances catholiques
, peut-on lire sur le site Internet de la CNV.
En entrevue à Patrice Roy en direct vendredi dernier, Pierre Poilievre a dit qu’il était maintenant pro-choix. Il faut soutenir les femmes dans chacun de leurs choix, quel qu’il soit. À ce sujet, je me positionne comme [Stephen] Harper. Je ne souhaite pas rouvrir le débat sur l'avortement
, a affirmé le député conservateur.
Pierre Poilievre avait voté en 2005 contre le projet de loi sur les mariages gais. Mais il estime désormais que l’amour, c’est l’amour
.
C’est la liberté de chaque personne de vouloir choisir son propre destin. Le mariage devrait être ouvert à tout le monde.
La Coalition nationale pour la vie estime que son appui au mariage entre conjoints de même sexe le place à l’extérieur des frontières morales de l’Église
. La CNV estime également que l’engagement de Pierre Poilievre à faire échouer les projets de loi contre l’avortement est disgracieux
.
Un candidat honnête
, dit son équipe
Un porte-parole de l’équipe de Pierre Poilievre refuse de réagir directement à la rétrogradation de son candidat par la CNV. Mais Anthony Koch ajoute que M. Poilievre est extrêmement honnête avec les conservateurs sociaux du parti. Il ne partage pas toutes leurs positions, mais il respecte leur droit de faire valoir leur opinion
.
Il préfère être ouvert sur sa position, poursuit Anthony Koch, au lieu de faire semblant en faisant des promesses qu’il ne peut pas tenir, comme l’ont fait d’autres candidats dans le passé
, dit-il en référence à Andrew Scheer, pour qui les questions de conservatisme social semblent avoir plombé ses chances électorales au Québec.
Les conservateurs sociaux ont l’intention de se faire entendre durant cette course à la direction du Parti conservateur. Pour le moment, aucun député conservateur ne reçoit l’appui de la CNV.
En fait, seul un candidat potentiel du Québec attire en ce moment l’attention des conservateurs sociaux : Richard Décarie, l’ex-chef de cabinet adjoint de Stephen Harper. M. Décarie souhaite que le financement de l’avortement soit éliminé et veut revoir la définition du mariage afin qu’elle n’inclue qu’une union entre un homme et une femme.
Courtiser les conservateurs sociaux par la bande
Le défi, pour les autres candidats, sera de se montrer accueillant pour les conservateurs sociaux, tout en affirmant qu’ils ne partagent pas nécessairement toutes leurs valeurs.
Le candidat potentiel Erin O’Toole souhaite se positionner comme le candidat de l’unité
, lance sa codirectrice de campagne Melanie Paradis. Il sera un chef pour tous les conservateurs. Il respecte les différentes opinions au sein du parti et a toujours défendu les libertés individuelles.
Erin O’Toole a terminé troisième, derrière Andrew Scheer et Maxime Bernier, lors de la course à la chefferie de 2017. Son premier vote comme député à la suite de son élection partielle en 2012 visait un projet de loi sur les droits des personnes transgenres. Il a voté pour leur donner plus de droits.
Mais Erin O’Toole est également défenseur d’un certain conservatisme social. Lors de sa course au leadership en 2017, il s’est engagé à permettre les votes libres pour des questions de conscience au sein du parti.
Il s'agit d'une porte ouverte pour les conservateurs sociaux, ce qui se traduit par une mention « feu jaune » sur leur site, en raison de sa position ambiguë
dans certains dossiers.
Pour sa part, le candidat Peter MacKay avait obtenu un feu rouge
de la CNV à l'époque où il était ministre en raison de son vote contre la réouverture du débat sur l’avortement, présenté par un député conservateur.