Même si Québec s’est déjà montré favorable à l’arrivée de pétrole des sables bitumineux à Montréal, le projet d’inversion du pipeline d’Enbridge suscite une vive opposition, comme en font foi ces citoyens manifestant à Montréal en avril dernier dans le cadre du Jour de la Terre.
Sept mois après que le gouvernement Marois eut démontré son ouverture pour l’arrivée de pétrole des sables bitumineux à Montréal, on en sait finalement un peu plus sur la « consultation » qui sera menée par Québec au sujet du projet d’inversion du pipeline contrôlé par l’entreprise Enbridge.
Le cabinet du ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs a en effet confirmé au Devoir que la démarche doit être lancée à l’automne prochain. À ce moment, l’Office national de l’énergie (ONE), qui mène l’étude pour le gouvernement fédéral, devrait avoir pratiquement mené à terme ses travaux de consultation. La décision définitive d’Ottawa sur l’inversion de la ligne 9B d’Enbridge est attendue en 2014.
L’attachée de presse du ministre Yves-François Blanchet n’a pas donné de détails quant à la forme que prendra la consultation québécoise. « Les modalités des consultations seront connues en temps et lieu », a-t-elle simplement indiqué.
«Sans compromis»
Le ministre Blanchet a affirmé au mois de mars que l’évaluation qui sera menée par Québec le sera « sans compromis ». En entrevue au Devoir le mois dernier, il a aussi dit vouloir en préciser les paramètres dans les « semaines » à venir. Il a alors précisé que l’étude du projet d’Enbridge - qui permettrait d’acheminer 300 000 barils de pétrole brut par jour jusqu’à Montréal - ne se fera pas sous l’égide du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. M. Blanchet a toutefois souligné que l’organisme pourrait être appelé à fournir un « soutien technique » et son « expertise » dans le cadre de la démarche.
Pas question, cependant, d’inscrire l’exploitation du pétrole des sables bitumineux dans le mandat de la consultation québécoise. Les groupes qui souhaitent aborder l’épineuse question de la pollution engendrée par cette ressource énergétique fossile pourront cependant le faire, a déjà dit M. Blanchet.
Le ministre de l’Environnement estime aussi que les délais pour l’évaluation menée par Québec seront cohérents avec ceux de l’ONE. « Nous sommes en mesure de mettre en oeuvre une consultation appuyée sur une revue de littérature scientifique dans un délai tel qu’on aboutirait avant même les résultats de l’ONE. » Le gouvernement Harper est d’accord pour que le gouvernement Marois mène sa propre étude, tout en rappelant que le projet d’inversion du pipeline est de compétence fédérale.
Bonne décision
Pour le porte-parole de la campagne climat de Greenpeace, Patrick Bonin, la décision de tenir les audiences à l’automne plutôt que pendant l’été est la bonne. Québec pourra alors consulter la documentation présentée à l’ONE, a-t-il souligné.
M. Bonin a toutefois insisté pour que le gouvernement Marois s’engage à tenir une « véritable évaluation environnementale » dont les « paramètres » pourraient être bonifiés à la lumière des interventions de différents groupes. La chose est d’autant plus nécessaire, selon lui, dans la foulée des déversements survenus récemment. La fin de semaine dernière, la rupture d’un pipeline d’Enbridge en Alberta a provoqué le déversement de 500 à 750 barils de pétrole dans un milieu humide et un petit lac.
Depuis qu’elle est au pouvoir, Pauline Marois n’a pas caché son ouverture pour deux importants projets de transport de brut albertain jusqu’au Québec. En plus de celui d’Enbridge, TransCanada souhaite faire transiter 850 000 barils de pétrole par jour sur le territoire québécois, en direction des Maritimes. On ignore quelle consultation pourrait être menée pour ce projet.
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