Texte publié dans Le Devoir du mardi 6 avril 2010
La décadence actuelle du Québec me révolte plus violemment que jamais. La lente déliquescence de notre vie nationale, en cours depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux de Jean Charest, m’a trop longtemps angoissée. Or, comme chacun sait, l’angoisse est paralysante, alors que la révolte est dynamisante.
L’angoisse plonge dans une désastreuse reddition intellectuelle et affective peu favorable au déploiement de la puissance d’agir. La révolte au contraire est une présence d’esprit qui incite à la lutte, en intensifiant la confiance en l’avenir.
Une force vitale a fait avancer les Canadiens français et fait toujours avancer les Québécois, en raison d’une dynamique essentielle de la vie nationale, propre à la défaite, à la perte : l’absolue nécessité de la lutte permanente. Puisqu’il faut bien se battre sans cesse contre ce qui représente à chaque époque la prolongation de ce contre quoi nous avons combattu tout au long de l’histoire : notre dépossession au profit des classes dominantes, majoritairement étrangères, même quand elles confient l’administration de leurs affaires à une petite minorité autochtone.
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Il me semble, à en juger par le nombre croissant de mouvements de protestation qui naissent dans tous les secteurs de l’activité sociale, que les Québécois et les Québécoises, tout comme moi, sortent peu à peu de leur torpeur. Il me semble que nous sommes à nouveau prêts à nous mobiliser contre l’étouffement national que constitue la mise à mort de la société collectivement plus riche, plus équitable, plus autonome, plus libre à laquelle nous avons œuvré depuis la fin des années 1950.
Il me semble urgent que nous retrouvions cette force vitale qui nous dispose à l’action révolutionnaire et nous permet de la croire possible. L’indépendance du Québec en est une fois de plus l’enjeu.
Il me semble que le budget Charest/Bachand est l’occasion immédiate à saisir pour transformer la situation, pour rompre avec un ordre établi sur le mensonge, la corruption, l’exploitation en faveur des possédants d’une crise économique interne à la gérance du système capitaliste lui-même. Il me semble que ce budget qui veut faire payer par les citoyens des classes moyenne et pauvre les pots cassés de cette crise consciemment fabriquée, est ce hasard auquel l’histoire fait souvent place pour venir soudainement bouleverser l’ordonnancement des événements arrangé par les pouvoirs en place.
Le Québec est actuellement traversé par de réels affrontements dans tous les domaines de sa vie nationale entre les exploiteurs et les exploités. Les indépendantistes doivent faire connaître les causes véritables de ces affrontements et soutenir les combats des forces revendicatrices. C’est de cette présence d’esprit que renaîtra le prestige de l’indépendance, que reparaîtra à l’évidence son incontournable nécessité.
Andrée Ferretti, écrivaine.
Présence d’esprit
Il me semble que le budget Charest/Bachand est l’occasion immédiate à saisir pour transformer la situation, pour rompre avec un ordre établi sur le mensonge, la corruption, l’exploitation en faveur des possédants d’une crise économique interne à la gérance du système capitaliste lui-même.
Corruption libérale - le PLQ en perte de légitimité - cynisme politique croissant
Andrée Ferretti124 articles
"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "
Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille mod...
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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "
Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.
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12 commentaires
Gilles Bousquet Répondre
7 avril 2010M. Tellier, est-ce que vous voteriez OUI ou NON au référendum que vous proposez : Signer la confédération actuelle à condition d'exclure la loi 101 des tribunaux ?
Est-ce que la condition serait là pour aider à voter OUI ?
Archives de Vigile Répondre
4 avril 2010Pour avoir une portrait claire de la volonté des québécois.
Le gouvernement Charest devrait faire un référendum.
Question ;Voulez-vous que le Québec signe la constitution du Canada ?
Durée de la Campagne ;60 jours consécutifs
Règle du résultat ; la moitié plus un des suffrages exprimés.
Une seule condition en pré-requis d’une signature ; une loi fédérale excluant la loi 101,loi de la langue française au Québec,de tous jugements de la cour Supême du Canada.
Gilles Bousquet Répondre
3 avril 2010M. Montmarquette écrit : «Paradoxalement, c’est la « division » des votes souverainistes qui provoquera sans doute la solution ! »
Ayoye ! La division du vote souverainiste qui serait maintenant une bonne affaire pour la souveraineté. Depuis quand ? C'est comme écrire que la division des votes fédéralistes, c’est bon pour le fédéralisme ou que, plus nous sommes divisés, plus nous sommes forts. Conclusion tordue s'il en est une, venant du pire critique du PQ et le meilleur apôtre de Québec solidaire, amateur de la division des souverainistes qui s'assume.
Archives de Vigile Répondre
2 avril 2010Madame Ferretti
Je suis complètement d'accord avec vous sur l'énoncé de votre texte. Il faut rompre définitivement avec ce régime corrompu en organisant une grève générale de 24 heures comme ça l'arrive occasionnellement en France et en Europe. Il faut faire sentir au gouvernement pourri de John James Charest que c'est le peuple qui est souverain et non ce gouvernement parallèle néolibéral vendu aux intérêts mondiaux de la classe dominante internationale. Il faut que ce soit la paralysie totale du Québec avec cette grève: blocus de routes, contrôle des communications comme en temps de guerre, il faut assiéger le parlement québécois et dicter notre volonté de faire l'indépendance du Québec, rien de moins! Un mai 1968 à la québécoise quoi! Le temps de l'oppression, de l'exploitation et du colonialisme est terminé; il faut se prendre en main et se libérer des chaînes de nos dominateurs fédéralistes et anglo-saxons du Canada anglais. L'INDÉPENDANCE D'ABORD! VIVE LA RÉPUBLIQUE DU QUÉBEC! Il m'a fait plaisir.
André Gignac le 2/4/10
Fernand Lachaine Répondre
2 avril 2010Note à monsieur Gébé Tremblay,
Nous ne sommes malheureusement pas arrivé aux "conditions gagnantes", loin de là.
Les conditions gagnantes c'est quand les divers courants de personnes qui veulent que le Québec soit souverain, se décident de faire front commun et harmonisent leur liste d'épicerie pour arriver à l'indépendance.
Pas avant.
Alors vous pouvez mesurer le chemin qui reste à faire en écoutant et en lisant les tristes chicanes qui nous divisent tant.
Fernand Lachaine
Archives de Vigile Répondre
2 avril 2010En effet, ce n'est certe pas le moment de désespérer car nous entrons dans ces fameuses "conditions gagnantes" tant attendues.
C'est tout l'occident qui est ainsi "figé" et non pas que le Québec. Et c'est précisément cette répression par le haut qui fait bouillir et monter le pression par le bas. Nous voyons la montée innévitable des groupes "extrémistes" "intégristes" "radicaux" "conservateurs" "nationalistes" qui sont des réactions normales face au mariage corrompu de la droite libérale avec les socialistes et la débandade de l'extrême gauche dans le multiculturalisme et l'acceptation du voile contre le long combat des féministes.
Droite libérale, social démocratie, gauche écolo-fémino-mondialo, ont tous perdu leur crédibilité.
Les actions viendront de partout et c'est au milieu de ces perturbations (d'avant la souveraineté et non après comme le prévoie Marois) que les possibilités s'ouvriront pour les nationalistes québécois. L'indépendance sera la solution pour trouver enfin la stabilité.
Souveraineté = stabilité.
Archives de Vigile Répondre
2 avril 2010Monsieur Wilkins, aucun indépendantiste ne siège à l'Assemblée Nationale. Y siègent des souveraineux qui n'utilisent jamais les mots indépendance, indépendance nationale, pays, patriote.
La souveraineté est devenu dans la bouche des péquistes un projet nébuleux, souhaitable, conditionnel tantôt à une éventuelle association, tantôt à un partenariat.
Les indépendantistes parlent d'indépendance nationale monsieur Wilkins!
Je suis un indépendantiste québécois!
Archives de Vigile Répondre
2 avril 2010Ces dernières années, la société civile s'est emparée des luttes et combats que les politiciens ont été incapables de mené souvent par lâcheté, paresse ou désintérêt.
Ce sont les citoyens qui sont descendus par milliers au Québec contre la guerre en Irak, en Afghanistan ou au Liban.
Ce sont les citoyens qui se sont organisés contre la centrale thermique du Suroit et contre la déforestation annoncée du Mont-Orford.
Ce sont encore les citoyens qui se sont mobilisés contre RABASKA.
Ce sont toujours les citoyens qui ont fait reculer la Commissions des Champs de Batailles Nationaux et organisé le Moulin-à-Paroles l'été dernier.
C'est toujours la société civile qui fait reculer les pollueurs, les va-en-guerre et les voleurs. Au cour des ans, cette société civile a fait ses preuves.Alors c'est elle qui a la crédibilité voulue pour reprendre en main le combat pour l'indépendance nationale. Les politiciens doivent se retirer de ce dossier et s'occuper à court terme, de gestion du Québec.
Que Marois et Kadir s'engagent à offrir aux québécois, un bon gouvernement. Ce sera tout un programme de remplacer Charest et sa gang de voleurs. Il faut sauver les meubles!
La société civile va s'occuper du pays, du pays québécois.
Vive le Québec libre!
Archives de Vigile Répondre
2 avril 2010« La société civile : fer de lance de la convergence souverainiste » - Michel Gendron NOUS SOMMES DE PLUS EN PLUS DE GENS à ÊTRE EN ACCORD AVEC MICHEL GENDRON!
Il nous faut maintenant nous organiser, la réaliser cette nécessaire convergence.
C'est l'unique façon des cesser de tourner en rond.
Archives de Vigile Répondre
1 avril 2010Dommage que les indépendantistes siégant à l'Assemblée Nationale sont incapables dans les circonstances de relativiser comme vous le faites si bien notre situation financière collective présente à la nécessaire indépendance nationale.
Ce ne sont que les libres penseurs comme vous et Victor-Lévy Beaulieu qui réussisent à soulever la nécessaire révolte devant l'aplatventrisme de notre classe dirigeante.
Christian Montmarquette Répondre
1 avril 2010Courage Madame Ferretti !
Le brassage d'idée provoqué par l'avènement de Québec Solidaire sur la scène politique, fera sortir le Québec de sa léthargie politique, forcera l'innovation et réglera peut-être enfin le problème !
- Paradoxalement, c'est la «division» des votes souverainistes qui provoquera sans doute la solution !
«LE PEUPLE DOIT REPRENDRE LE LEADERSHIP DU COMBAT POUR L'INDÉPENDANCE ET Y TRAVAILLER CONCRÈTEMENT TOUS LES JOURS»
En d'autres mots. Il faut revenir à la «mobilisation de la base» !
Le PQ ne faisant plus que «miroiter» comme un leurre à poissons l'idée de la souveraineté «électoraliste-ment» sans réellement «travailler à la construire tous les jours».
Avec les intentions de vote toujours en hausse qui atteignent désormais plus de «10%» à Québec Solidaire et la dispersion des votes souverainistes dans plus de 3 partis politique avec le Parti indépendantiste, il faudra bien trouver une solution.
- Laquelle ?
- Voici la proposition concrète que j'avais laissée sous un récent article de [Michel Gendron->La société civile : fer de lance de la convergence souverainiste] et qui à mon sens n’a pas reçue l’accueil qu’elle aurait dû mériter.
- Que se passerait-il si plus de 50% des citoyens du Québec signaient une requête officielle, légale et explicite d’indépendance ?
- À la suite d’une telle mobilisation, n’importe quel parti politique pourrait s’estimer légitime de réaliser l’indépendance, puisqu’il aurait une majorité de signatures en poche pour le faire.
«D'ABORD» «les signatures».
Et «ENSUITE» l'élection des partis politiques.
- Et adiòs les référendums perdants !!!
En fait, il s'agit-là de stratégie «inverse» du PQ.
Ce qui libère la question nationale littéralement prise en otage par le Parti québécois et tenue «captive» par un seul parti politique de manière complètement aliénante autant pour la gauche que pour les militants indépendantistes qui se sont fait voler leur cause.
... Une telle campagne «sérieuse» de signatures pourrait se dérouler sur beaucoup plus de temps qu'une simple «campagne marketing» référendaire faite à la course de 30 jours, ce qui augmente de beaucoup les chances de réussite et mettrait à rude épreuve la crédibilité des partis soi-disant souverainistes qui prétendent l'être et qui ne sont pas !
Saint-Pierre de Bourgault,
Priez pour nous, pauvres colons...
Amen.
____________________
Christian Montmarquette
Membre et militant de Québec Solidaire
«Il y a les faux amis : ceux qui en situation de pouvoir, ne l’exercent pas pour prôner l’indépendance nationale, pour établir des stratégies et mettre au point des tactiques pour la réaliser. Il y a le Parti québécois qui, depuis 42 ans, mobilisent les indépendantistes sous de fausses représentations» - Andrée Ferretti
«La société civile : fer de lance de la convergence souverainiste» - Michel Gendron :
http://www.vigile.net/La-societe-civile-fer-de-lance-de
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Archives de Vigile Répondre
1 avril 2010Mes respects, Mme Ferretti,
Je vous présente un extrait d'un texte écrit par Joäo Pedro STÉDILE sur
http://www.tlaxcala.es
Demandons aux Québécois: Voulez-vous .....une patrie avec un peuple et un territoire unis, intégrés par la complémentarité de ses richesses naturelles, de sa force de travail,
de sa culture française, dans un effort commun pour la construction de sociétés plus justes, égalitaires et fraternelles -au sein desquelles la priorité sera donnée aux personnes et à la justice sociale, et non au luxe et au profit ?
Lawrence Tremblay.