Québec vexe les médecins spécialistes

Écartée des consultations prébudgétaires, la FMSQ présente ses propositions

Ça promet !

Les médecins spécialistes sont outrés que le ministre des Finances, Carlos Leitao, ne les ait pas rencontrés lors de ses consultations prébudgétaires. Qu’à cela ne tienne : leurs hausses salariales étant dans la ligne de mire de Québec, leur syndicat y va par écrit de propositions pour équilibrer le budget de la santé autrement qu’en pigeant dans leur portefeuille, notamment en suspendant les projets de financement à l’activité et d’assurance autonomie.

Un consentement des médecins pour un étalement de leurs hausses salariales doit s’accompagner, du côté du gouvernement, d’un engagement à éliminer les « nombreuses sources de gaspillage » dans le réseau, écrit la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) dans un mémoire envoyé il y a quelques jours au ministre Leitao, dont Le Devoir a obtenu copie.

Appelée à commenter le document, la présidente de la FMSQ, Diane Francoeur, croit qu’« on a pris un certain malin plaisir à mettre le déficit du Québec en entier sur le dos de la rémunération des docteurs. On veut enlever ses oeillères au ministre des Finances et lui montrer qu’il y a de l’argent ailleurs aussi. Ça ne veut pas dire qu’on veut fermer notre portefeuille, mais on aimerait partager la douleur budgétaire ».

La FMSQ n’apprécie pas particulièrement de ne pas avoir été rencontrée par M. Leitao pour les consultations prébudgétaires alors que celui-ci a rencontré, entre autres, l’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) : un « lobby des dirigeants d’établissements […] qui ne joue aucun rôle dans la prestation et la dispensation des soins », écrit la Dre Francoeur dans une lettre envoyée à ses membres mardi.

Coupes dans l’administration

Au chapitre des idées mises en avant par la FMSQ, on s’attaque d’ailleurs directement à l’AQESSS. Québec devrait cesser de financer l’Association, selon la FMSQ, une « économie » de 12 millions — les établissements, financés par Québec, paient leurs cotisations à l’AQESSS. Rappelons que, plus tôt cette année, l’AQESSS a averti Québec que le paiement des hausses salariales des médecins mettrait à mal les services et qu’il faudrait même revoir à la baisse le panier de services tant le budget est serré.

Les établissements de santé sont par ailleurs accusés d’accumuler les déficits, lesquels coûtent cher en intérêts sur la dette. « Depuis 2008-2009, plus de 5,6 milliards sont partis en pure perte », déplore la FMSQ. La Fédération croit aussi que les restrictions budgétaires devraient s’appliquer d’abord à ceux qui ne donnent pas de soins : sous-ministres, cadres, hauts fonctionnaires et effectifs administratifs.

La FMSQ s’oppose aussi au projet de financement axé sur le patient et prédit un « véritable fiasco financier, à l’image du Dossier Santé Québec (DSQ) ». Dans sa plate-forme électorale, le Parti libéral disait vouloir implanter ce nouveau mode de financement dans tous les établissements d’ici 2017. « Nous sommes très inquiets, dit la Dre Francoeur. Quand on essaie de me laver les oreilles [en répétant qu’]il n’y a pas d’argent, eh bien, [je dis :] qu’on fasse des projets réalistes ! »

L’assurance autonomie, un projet cher au ministre précédent, Réjean Hébert, devrait être abandonné, ajoute la FMSQ. « Les services et les soins à domicile ne souffrent pas de sous-financement. Le problème est ailleurs », mentionne le mémoire. C’est la gestion des programmes qui est « déficiente ».

La FMSQ recycle aussi quelques idées lancées par le passé pour générer des revenus additionnels pour l’État, comme une taxe sur la malbouffe ou l’eau embouteillée.

Les médecins spécialistes se disent aussi prêts à participer à un examen « approfondi » sur le surdiagnostic.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->