Quelques perspectives

Reste à Charest et compagnie qu’une seule tactique: gagner du temps.

Tribune libre 2011

Ce qui est évident et que personne, y compris les libéraux du Québec, ne peut nier, c’est que Jean Charest n’a plus aucune crédibilité, aucune, absolument aucune. Il peut dire ce qu’il voudra, personne, même chez les libéraux et les fédéralistes, ne le croira.

Il ne lui reste que, toujours sous les pressions de Paul Desmarais, trouver moyen de remonter dans les sondages, ne serait-ce que pour ne pas perdre la face.

Sa préoccupation principale, comme celle de Paul Desmarais: discréditer Pauline Marois, trop dangereusement froide et lucide pour eux.

Toutes les bassesses les plus viles vont lui être servies, TOUT, absolument tout ce qu’on pourra trouver de plus bas et de plus vil. Elle est trop dangereuse pour eux. Femme de forte tête, instruite, intègre malgré ses moindres défauts, elle a dirigé de main de maitre tous les ministères qui lui ont été confiés. On n'aime pas toujours ce qu’elle fait mais elle sait ce qu’elle doit faire en toutes circonstances, en véritable Chef d’État.

Ce qu’elle va faire, afin de gagner un consensus majoritaire dont elle a besoin pour réaliser la souveraineté et l’indépendance, c’est convaincre par des preuves concrètes tous les Québécois de l’inutilité du pouvoir fédéral.

Il faut que les preuves statutaires et les preuves par voie de principe ne fassent aucun doute dans la tête de personne au Québec. Sans quoi il manquera aux Québécois la volonté nécessaire pour passer aux actes et en finir avec ce système qui fait de nous des vassaux de l’Establishment White Anglo Saxon Protestant, dirigé d’Ottawa et de Bay Street à Toronto.

Jean Charest et tout son parti et ses supporteurs savent qu’une enquête sur la construction ruinera les libéraux du Québec, subventionnés par la pègre qui au fond, mène le gouvernement du Québec dans le sens de ses intérêts.

Sans doute sous l’influence de Paul Desmarais, Jean Charest doit rester en poste encore un an, ne serait-ce que pour tenter une sorte de remontage dans la faveur populaire.

Sauf que les conditions ne sont plus les mêmes. Les gens suivent tout ce qui se passe par Courriel et Internet.

L’ordinateur est le grand informateur et formateur des temps actuels.

Les populations arabes du Moyen Orient se sont soulevées après s’être instruites par le moyen d’ordinateurs que personne ne voit en surface. Les populations sont de plus en plus instruites et critiques face aux “autorités” qui les gouvernent et qu’elles ne reconnaissent plus.

En géopolitique et en stratégie d’État, il existe un axiome central que tous doivent connaitre:

LE POUVOIR EST COMPLÈTEMENT DANS SES COMMUNICATIONS ET TOUT CHANGEMENT SIGNIFICATIF DANS LES COMMUNICATIONS ENTRAINE DERECHEF UN DÉPLACEMENT DES BASES DES POUVOIRS EXISTANTS, QUI SONT REMPLACÉS PAR D’AUTRES.

Au cours des deux derniers siècles, les machines à vapeur et le télégraphe ont donné aux empires coloniaux un pouvoir accru.

Maintenant, les ordinateurs, les mathématiques, les technologies avancées et les satellites donnent le pouvoir aux gens ordinaires comme ceux qu’on rencontre tous les jours. Les empires des siècles précédents s’écroulent et rien ne sera plus comme avant.

Ni Paul Desmarais, ni Jean Charest ni Stephen Harper ne peuvent l’ignorer. Ils ne peuvent que chercher à gagner du temps.

Quant à envoyer l’armée comme dans le passé, ce n’est plus aussi simple. Conscients des crimes qu’on leur ordonnera de commettre pour écraser toute opposition et maintenir l’Establishment en place, il se peut maintenant que les soldats n’obéissent plus. C’est ce qui est arrivé en Russie communiste, alors que l’indéfectible armée russe a reculé devant un Boris Eltsine, sans autre arme que la vérité.

Reste à Charest et compagnie qu’une seule tactique: gagner du temps. Les Libéraux du Québec doivent lui trouver un successeur et ils n’en trouvent pas. Iront-ils jusqu’à demander à Lucien Bouchard de prendre la présidence du Parti Libéral du Québec? Il ne faudrait pas s’en surprendre si cela arrivait. Lorsqu’on est désespéré comme ils le sont, on peut s’attendre à tout.

Quant à Stephen Harper, il peut toujours s’appuyer sur la dangereuse droite religieuse américaine, fanatique au point de prendre les armes et tuer pour défendre un Dieu Tout Puissant et silencieux qui n’a besoin de
personne pour le défendre.

Ce que cherche Stephen Harper, c’est la majorité absolue pour contrôler un espace continental maintenant divisé et prêt à reconnaitre plusieurs nouveaux États, Québec en tête.

Et si Jean Charest échoue dans sa tentative de remontage dans les sondages, il ne lui restera qu’à mettre la clé dans le Parlement de Québec jusqu’à la prochaine session.

Vous imaginez l’imbroglio qui nous attend tous. Ce que nous devons prévenir avant tout, c’est une fuite des capitaux qui risque de nous faire du tort.

JRMS








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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2011

    Je croyais qu'il y avait déjà fuite de capitaux, en accélération croissante depuis les 10 voire les 15 dernières années.

  • Jean-Charles Morin Répondre

    20 février 2011

    Votre analyse, comme toujours, est des plus pertinentes. Notre premier ministre bien-aimé a épuisé son capital de crédibilité, son semblant de gouvernement est usé à la corde et les coffres de l'état sont vides sauf pour les amis du régime. Bref, il n'a plus rien dans son jeu, sauf peut-être... le seul atout que les forces indépendantistes s'obstinent à lui laisser: la détestation que plusieurs d'entre eux entretiennent à l'endroit du Parti québécois et de son chef.
    Nul doute qu'un Jean Charest aux abois va s'acharner de la manière la plus vile sur Pauline Marois. Malheureusement pour les indépendantistes, il pourra compter dans sa quête sans noblesse sur de nombreux appuis dans les rangs même de ses adversaires. Des gérants d'estrade qui se manifestent régulièrement, entre autres sur le site de Vigile et pour qui Pauline Marois n'est pas assez pure, pas assez dure, pas assez à gauche, ou à droite , ou au centre, pas assez ceci ou trop cela... bref, qui sont déçus de ne pas voir leurs vues épousées parfaitement par la direction du Parti québécois et qui ne se gênent pas pour le dire haut et fort même si ce faisant ils se trouvent objectivement à cautionner la campagne de salissage du chef libéral qui, à travers Pauline Marois, vise en fait l'ensemble de la mouvance indépendantiste.
    Qu'on me comprenne bien: je ne me considère pas comme un partisan de Pauline Marois et je ne suis pas membre du Parti québécois. Je demeure très critique de la stratégie du PQ pour en arriver à faire l'indépendance mais un fait demeure: si les indépendantistes n'arrivent pas à taire leurs divergences pour s'unir contre l'ennemi commun, il n'y a plus qu'à faire une croix sur le pays à naître.
    Je ne suis pas péquiste (pour moi "péquiste" et "indépendantiste" sont deux notions séparées, sans mauvais jeu de mot) mais aux prochaines élections, je vais voter pour le Parti québécois car ne pas le faire serait totalement puéril et stérile.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 février 2011

    Le téléphone à permis de rassembler les Québecois
    La radio à permis la Révolution tranquille
    Le câble à permis notre ouverture au monde des informations continues
    L'ordinateur permettra notre indépendance donc notre réelle décolonisation
    Québeleak permettra la fin des mafias politiques au Québec
    Le respect de la vie permettra LA VIE

  • @ Richard Le Hir Répondre

    20 février 2011

    M. Sauvé,
    Je partage entièrement votre analyse sauf votre dernier point.
    Cette fois-ci, il n'y aura pas de fuite des capitaux.
    D'abord, où iraient-ils ? La conjoncture est très mauvaise ailleurs, y compris, et surtout,aux États-Unis.
    Quant à partir pour le Canada anglais, si ça brasse au Québec, ça brassera tout autant, et peut-être même davantage, au Canada anglais.
    Ensuite, la part de capitaux autochtones (pas les indiens ou les innus, les Québécois) au Québec est aujourd'hui beaucoup plus importante que dans le passé, et une bonne part de ces capitaux sont attachés au Québec.
    Plus possible de jouer sur les peurs d'antan.
    Richard Le Hir