Quels peureux ?

Tribune libre

L’idée de l’indépendance n’est pas dans un cul-de-sac. C’est une idée qui garde toute sa légitimité et, par conséquent, toute son actualité.
Le régime fédéral canadien est plus faible qu’il n’a jamais été.
Ce n’est pas l’idée de l’indépendance qui est dans un cul-de-sac, ce sont les indépendantistes qui le sont, parce qu’ils hésitent—on se demande pourquoi !-- à s’adresser au seul peuple, au vrai, ben oui à Nous, ce seul peuple qui a intérêt à sortir d’un assujettissement politique qui le dessert.
À l’égard de l’indépendance, inutile maintenant de s’adresser aux différents peuples du Québec imbriqués et murés dans les communautarismes : ces électorats ne sont pas revendicateurs de même niveau au plan identitaire. Ils sont dans l’orbite du multiculturalisme, quand ils n’en sont pas un pur produit. À cet égard, il est inutile de ressusciter René Lévesque.
Affirmer cela, qu’il est inutile de s’adresser aux peuples-communautés, ce n’est pas « exclure » ni « mépriser » comme pourraient l’affirmer les multiculturalistes fédéralistes ou souverainistes : ceux à la morale mollassonne de Québec Solidaire, en tout premier lieu, mais aussi du Bloc et même du P.Q. Eux, ils sont plutôt dans la « tolérance » à l’Autre, dans l’inclusion de l’Autre, dans l’abandon généreux à l’Autre, dans l’oublie et la transformation de soi, mais parfois aussi dans la haine de soi. Affirmer que ces peuples-communautés ne sont d’aucun secours aux indépendantistes, c’est simplement reconnaître la réalité qu’une partie importante de l’électorat n’est pas demandeur ni participant au rêve d’indépendance.
La voie de l’inter-multiculturalisme, la voie de l’immigration à outrance, du pareil au même, mène tout droit au cul-de-sac : la minorisation et l’affaiblissement du seul peuple ayant intérêt à l’incantation suprême: la fameuse « Indépendance du Québec »
Mais s’adressant enfin à lui, les Tremblay d’Amérique, la réponse à l’appel de la liberté par les indépendantistes porterait si intensément, si lourdement, qu’elle en serait contagieuse auprès d’une partie de l’électorat traditionnellement très circonspecte à l’égard de la souveraineté. La liberté est extrêmement contagieuse. C’est précisément pour ça, d’ailleurs, que beaucoup parmi Eux se sont installés parmi Nous.
Ce n’est donc pas « vive la souveraineté du Québec ! » ou encore « à bas le fédéralisme canadien ! » qui convaincront qui que ce soit. Ce serait plutôt, une bonne fois pour toutes : « On est capable ! ».
Nous-Nous- sommes capables d’être libres !
Pourquoi avoir tant peur du Nous ?


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4 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    14 mars 2010

    @ M. Gilles Lapointe
    Mais le P.Q. voudrait-il « brasser la cage » ? Vous affirmez qu’un autre véhicule que lui serait devenu nécessaire. Vous pensez peut-être qu’élu au gouvernement, le P.Q. ne « voudrait plus brasser la cage », qu’il n’est plus, depuis très longtemps, le moindrement indépendantiste. Cela est bien possible, en effet, et vous auriez raison.
    Cependant, je crois plutôt très probable qu’élu, le P.Q., ses dirigeants réaliseraient rapidement la courte vie de pouvoir qui lui serait donnée. Qu’une formidable œuvre de déstabilisation, par ses ennemis, le contraindrait à devoir choisir très rapidement entre l’indépendantisme et le fédéralisme.*
    Sous peine d’imploser, le P.Q. ne pourrait pas choisir le fédéralisme…
    Vous souhaitez une élection référendaire ? Je l’ai souhaité et le souhaite encore moi-même souvent sur Vigile. Mais il y a mieux et plus facile à faire par le P.Q….pour le même Résultat qui nous tient à coeur.
    *Le P.Q., qui garde ses chances d’être élu à la prochaine élection, ne pourra pas escompter à l’avance d’être réélu. Il aurait un seul mandat. L’électorat a changé. C’est le même électorat changé et impatienté qui avait envoyé le P.Q. dans la deuxième opposition.

  • Marcel Haché Répondre

    14 mars 2010

    @ M.Bousquet
    Vous reprenez ici la méthode argumentaire des fédéralistes depuis toujours. Vous rappelez les problèmes qui se poseraient à un état qui serait en train de s’affranchir. Et vous mettez le doigt sur bien des bobos.
    Je soumets simplement l’idée qu’une révolution nationale s’appuyant non pas sur les « québécois », mais sur les Tremblay d’Amérique, en tout premier lieu, aurait un effet d’entraînement auprès de tous les québécois.
    Cela présuppose la situation où le P.Q. a déjà pris le pouvoir à Québec et qu’il veuille « brasser la cage ».
    C’est ma conviction profonde que ni la souveraineté, ni l’indépendance, ni le fédéralisme, ni le confédéralisme, ne pourront jamais suggérer d’entreprendre quelque renouvellement profond, sans d’abord s’adresser aux Tremblay d’Amérique. Aussi bien que ce soit les indépendantistes qui le fassent les premiers…
    Par exemple, les tenants de laïcité pourront s’égosiller tant qu’ils le veulent, si les Tremblay d’Amérique sont tracassés plutôt par l’immigration, le dossier laïcité restera un dossier de chapelle. Québec Solidaire excelle dans ce genre d’exercice.

  • Gilles Lapointe Répondre

    13 mars 2010

    On ne peut plus faire confiance au P.Q. en tant que promoteur de l'indépendance.
    Le peuple a besoin de personnes qui feront des discours sur le "Nous sommes
    capables"__"Nous sommes prêts"__"La Liberté est à nous,saisissons la".
    Jean Charest panique,il déclare que le P.Q. perd son temps à promouvoir la
    souveraineté; "quelle ironie".
    Le P.Q. se prépare à gouverner une province colonisée.
    Nous nous voulons qu'il se prépare à gouverner un pays,
    LE NÔTRE.................

  • Gilles Bousquet Répondre

    13 mars 2010

    Nous avons tant peur de nous parce que nous sommes ceux qui vont jusqu’à aider à élire des fédéralistes au provincial, que nous avons mal administré la santé et l’éducation, 2 de nos principales responsabilités provinciales en maintenant des déficits croissants qui s’ajoutent à notre énorme dette : 17 heures d’attente dans les urgences et une tonne de drop-out au secondaire et que la souveraineté future du Québec n’est pas encore bien définie.
    Est-ce que nous nous allons négocier avec le ROC en bloc ou en partie, comme l’autorise la Cour suprême, ou commencer par déclarer notre indépendance en se séparant du ROC ? Avec ou sans la monnaie canadienne ? Une monnaie québécoise en plus ?
    Est-ce qu’une association ou un partenariat avec le ROC sera offert ou pas. Des postes-frontières avec l’Ontario et le Nouveau-Brunswick et des douanes avec le ROC ? Des ambassades du Québec seul dans 120 pays ? Un siège à l’ONU et à l’OTAN ? Libre circulation des personnes et des marchandises avec le ROC ?
    Est-ce qu’on autorise l’école anglaise en échange de l’école française pour les Acadiens ? Combien de temps après la souveraineté, les Québécois vont commencer à être plus prospères ? Pourquoi et comment ? Est-ce que nous fermons l’Université McGill ou que nous lui coupons les subventions ou nous la francisons, comment ? Nous négocierions pour, en plus de la nationalité québécoise, conserver la nationalité canadienne ou pas ?
    Ou si nous laissons tout ce que qui est là, en allant chercher 100 % de nos taxes et nos impôts et nos fonctionnaires fédéraux pour éviter les coûteux chevauchements.
    Faudrait dire oui ou non mais à quoi exactement ? Est-ce que ce serait le projet du référendum de 1995 ou un autre ? Quoi ?
    Le diable est dans les détails et certains détails sont très importants...économiquement. Nous aurions avantage à faire confiance au PQ et à ses experts pour nous dessiner un projet qui pourrait rallier une bonne majorité de Québécois autour d'un OUI, même s'il n'est pas exactement celui que nous souhaitons parce qu'il y a trop de différentes opinions sur ce sujet et il faut rallier un bon nombre de fédéralistes à voter OUI. Autrement, ça va rester au niveau du rêve inachevé parce qu'irréaliste.
    Un tien vaut mieux...