Qui est Stephen Harper ? (1)

Le Vrai Visage de Stephen Harper

L'aut'courriel n° 173, 28 mars 2006
Premier d'une série de six textes
À la surprise générale, son parti a remporté dix sièges au Québec et sa cote de popularité est à la hausse. Hier partisan de la ligne dure à l'égard du Québec, il se fait aujourd'hui l'avocat d'un « fédéralisme d'ouverture » et promet au Québec une représentation à l'UNESCO et le règlement du « déficit fiscal ». Mais qui est Stephen Harper, quelle est son idéologie, sa conception du fédéralisme canadien, sa position sur la question nationale québécoise ?
Nous vous proposons une série de six articles sur le sujet. Les faits biographiques sont tirés de l'excellente biographie que lui a consacré William Johnson, publié sous le titre Stephen Harper And the Future of Canada (McClelland & Stewart), mais l'interprétation est la nôtre.
Stephen Harper, le militariste
Que Stephen Harper ait effectué son premier voyage à l'étranger auprès des troupes canadiennes en Afghanistan nous en dit long sur le personnage et sur ce qu'il veut faire du Canada. Son père, Jospeh Harper - que Stephen présente comme l'homme ayant eu le plus d'influence sur lui - était un passionné de l'histoire militaire du Canada et a même écrit deux monographies sur les emblèmes militaires canadiens. Joseph Harper était comptable pour l'Imperial Oil à Toronto, mais a également été consultant pour le ministère de la Défense nationale.
Stephen Harper était pour la participation du Canada aux côtés des États-Unis et de la Grande-Bretagne lors de l'invasion de l'Irak. William Johnson rapporte qu'il est intervenu à 37 reprises à la Chambre des communes sur la question - soit plus que sur tout autre sujet - entre octobre 2002 et mai 2003. Harper considère la question de la guerre et de la paix comme étant « d'une importance transcendante » et il voit la guerre comme un « devoir tragique ».
Dans un important discours à la Chambre des Communes, il déclarait que, sur la question de l'Irak, son parti « n'était pas du côté du gouvernement, car le gouvernement Chrétien, étant donné la position qu'il avait prise, avait trahi l'histoire du Canada et ses valeurs ».
Harper enchaînait : « Établissant sa politique sur la foi des sondages et encourageant un anti-américanisme juvénile, ce gouvernement nous a, pour la première fois dans notre histoire, tenus à l'écart de nos alliés britanniques et américains au moment où ils avaient besoin de nous. Il a même fait pire. Il nous a laissés sans alternative réaliste, sans position de principe et sans vision de l'avenir. »
En acceptant que les troupes canadiennes prennent position à Kandahar, sous commandement américain dans le cadre de l'Opération Enduring Freedom, Harper corrigeait le tir. Il fait en sorte que le Canada réintègre la coalition anglo-saxonne et il nous laisse entrevoir sa « vision de l'avenir » pour le Canada.
En refusant la tenue d'un débat sur la question au Parlement, le premier ministre Harper a déclaré qu'il ne se laisserait pas influencer par les sondages d'opinion et que le Canada était en Afghanistan pour dix, voire vingt ans.
La presse canadienne anglaise a salué en claquant les talons la visite du premier ministre en Afghanistan et ses commentateurs politiques en ont fait ressortir les ressorts politiques à long terme. Harper a compris que le système de santé public qui a servi de porte-étendard de l'identité canadienne au cours des dernières décennies est en train de crouler sous les assauts du privé et de la récente décision de la Cour suprême avec l'arrêt Chaoulli. Sa volonté de décentraliser vers les provinces un certain nombre de pouvoirs exercés jusqu'ici par le gouvernement central va accentuer les forces centrifuges qui menacent l'unité du Canada.
Harper va donc proposer aux Canadiens de redéfinir l'identité canadienne autour des pouvoirs spécifiques du gouvernement central, principalement la politique étrangère, la défense et l'armée. Le Canada va réintégrer sa place historique dans la coalition impérialiste anglo-saxonne, à la seule différence qu'il se placera désormais sous les ordres de Washington plutôt que de Londres.
Historiquement, cette position a conduit à la crise de la guerre des Boers et aux deux crises de la conscription lors deux grandes guerres mondiales, le Québec pacifiste refusant de prendre part aux guerres qu'il jugeait impérialistes. Qu'en sera-t-il cette fois-ci?
Demain : Stephen Harper, l'homme de droite


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