Je n’ai vraiment pas été impressionné par le remaniement ministériel d’hier. Cet exercice avait été annoncé dès la mi-décembre, bien trop tôt, et a fait l’objet de multiples hésitations depuis deux semaines. Rarement avait-on vu un tel flottement créé par un remaniement annoncé par le chef lui-même, la machine gouvernementale tournait au ralenti depuis le début de l’année.
Sans être une catastrophe, l’exercice d’hier fut raté en ce qui me concerne. D’abord du point de vue de la communication, j’ai un malaise avec le fait que le premier ministre annonce une liste de nominations qui a été donnée à un journal la veille. On ne parle plus des rumeurs normales la veille d’un remaniement. Le premier ministre devient un banal annonceur publicitaire plutôt que le leader qui annonce les choses à sa population. Cela ne s’était jamais produit avant.
Économie, économie !
Les libéraux avaient fait circuler l’idée que le remaniement devait démontrer du dynamisme. De nouveaux visages, quelques-uns plus jeunes, on croyait pouvoir se présenter comme une équipe qui trépigne de passer à l’action. Or, peut-être en raison de la fatigue des voyages, monsieur Couillard a livré l’un de ses discours les moins dynamiques lors de l’événement. Le contenu tenait la route, quoique peu audacieux, mais l’intonation sonnait comme la lecture des avis de décès.
... c’est un représentant de l’ouest de Montréal ainsi qu’une élue de l’est de Montréal qui s’occuperont conjointement du développement régional
La priorité à l’économie mentionnée dans le discours (j’écoutais malgré tout) ne se retrouve pas dans la composition du Conseil des ministres. L’équipe économique n’est pas renforcée. Monsieur Couillard y a seulement remplacé Jacques Daoust par Dominique Anglade. Daoust était la star économique de 2014, Anglade est la nouvelle. Il nous reste à mettre toute notre foi en elle, qui n’a pas d’expérience parlementaire.
Affront aux régions
Pour les régions, c’est mille fois pire. J’ai lu et relu tant c’est absurde. Depuis que le ministère des Régions a été aboli, on a ajouté l’expression «occupation du territoire» aux Affaires municipales. Ce poste est occupé par Martin Coiteux, le député de Nelligan. Pour l’assister dans le volet Développement économique régional, c’est la députée d’Anjou Lise Thériault qui a été nommée.
Croyez-le ou non, c’est un représentant de l’ouest de Montréal ainsi qu’une élue de l’est de Montréal qui s’occuperont conjointement du développement régional. Joli manque de sensibilité envers les régions. Vont-ils se surprendre lorsqu’ils seront accusés d’être un parti complètement montréalais? Heureusement qu’on nous avait promis depuis un mois un remaniement visant à accroître la place des régions!
Je ne sais pas quoi penser de la nomination de Pierre Moreau à l’Éducation. Cela place un opérateur efficace dans un ministère qui en a grand besoin. Mais un troisième ministre de l’Éducation en deux ans! Cela constitue autant un aveu d’échec pour le premier ministre par rapport à ses choix.
Globalement, plusieurs des promotions et rétrogradations semblent découler de la loyauté au chef lors de la course à la direction du PLQ ou de préférences personnelles. C’est sa prérogative, bien sûr, mais c’est rassurant pour nous de savoir que la compétence à gérer les affaires publiques compte aussi.
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