Sanglante répression en Iran

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Les pressions américaines font leur effet


La République islamiste iranienne a franchi un nouveau pas dans l’interminable répression qu’elle inflige à la population. Tirs à balles réelles, manifestants violemment interpellés et passés à tabac, forces de l’ordre massivement présentes dans toutes les villes du pays, le tout sur fond d’Internet coupé. Pendant une semaine, du 15 au 22 novembre, le régime a frappé sans discontinuer les dizaines de milliers de manifestants (peut-être plus) qui ont pris tous les risques pour dire non au pouvoir et à son guide suprême, Ali Khamenei.


C’est la hausse du prix de l’essence qui a mis le feu aux poudres : 50 % de hausse pour les 60 premiers litres mensuels, 300 % au-delà. Dans un contexte d’inflation galopante (plus de 40 %, en rythme annuel) et d’appauvrissement généralisé, la réaction populaire était prévisible. On peut, d’ailleurs, s’interroger sur le niveau d’anticipation du régime : a-t-il été surpris par l’ampleur des manifestations ou, au contraire, les a-t-il sciemment provoquées pour mieux réprimer et terroriser ?


Depuis qu’Internet a été rouvert, ce qui signifie que les dirigeants iraniens se sentent à nouveau sûrs d’eux, témoignages et images affluent et en disent long sur la dureté de la répression. Amnesty International a parlé de « plus de 100 morts », puis de « près de 200 », mais sans plus de précisions. Il faut donc recourir aux témoignages individuels, tel ce médecin anonyme cité par Le Monde qui dit avoir reçu 6 corps sans vie dans son hôpital. Avec une nouveauté de taille : parmi ces 6 morts, un milicien du régime et un responsable des gardiens de la révolution, la force de frappe de la République islamiste. L’un tué par balle, l’autre au couteau. Les manifestants aussi semblent avoir franchi un nouveau pas…


Certaines scènes sont, à cet égard, assez étonnantes : des commandos masqués et parfois armés ont, à plusieurs reprises, attaqué des banques ou des stations-service, n’hésitant pas à y mettre le feu. Provocations du pouvoir ou militarisation des contestataires les plus déterminés ? Il est évidemment impossible de trancher mais ces scènes sont tout à fait nouvelles.


Pour bien comprendre ce qui se passe en Iran, il faut relier les événements récents à ceux d’Irak et du Liban. Là aussi, des manifestants ont remis en cause le régime : pacifiquement au Liban, plus violemment en Irak, où la répression est très dure : plus de 350 morts en quelques semaines. Le point commun avec l’Iran, c’est le rejet, par les chiites eux-mêmes, de la mainmise des milices chiites pro-Téhéran sur l’Irak. Au Liban, la contestation est plus globale : c’est l’incurie de l’État qui est d’abord visée. Mais, là aussi, ce sont les milices chiites (Hezbollah et Amal) qui ont attaqué les manifestants et ne veulent rien changer.


Au fond, c’est tout l’axe chiite est-ouest du Moyen-Orient qui est en ébullition.


Tout cela doit réjouir Donald Trump, qui peut penser que sa stratégie de « pression maximale » commence à payer. Rien n’est moins sûr : le régime des mollahs dispose d’un appareil policier redoutable et c’est la population iranienne tout entière qui s’enfonce dans la pauvreté et la répression.