Je relève d’une maladie qui m’a laissée pendant plusieurs jours sans aucune énergie, privée de toute puissance de penser et d’agir.
J’arrivais toutefois à lire les journaux et à écouter les informations. Toutes plus catastrophiques les unes que les autres, en ce qui concerne l’état du monde. Toutes plus négatives les unes que les autres, quand elles étaient consacrées à notre existence nationale, à ses débats et combats. Lien passif avec le monde, mais qui m’a sauvée de la morbidité de l’apathie. À la lecture et à l’écoute des malheurs réels des individus et des peuples ou trafiqués par les médias, je retrouvais mon aptitude vitale à l’indignation et à la révolte, enragée par la perspective de devoir quitter ce monde sans avoir réussi à lui donner le coup de pied au cul assez puissant pour lui changer la face; angoissée par la crainte de trépasser en terre assujettie, mon peuple stagnant dans sa séculaire soumission à la loi du conquérant et de ses suivants, servilité qu’il qualifie de résilience, ayant élevé cette indignité au rang d’un art de vivre dans la bonne entente.
Et je me suis mise à honnir la résilience : le concept et son utilisation par les psychologues et psychanalystes, par tous ces déjantés de l’histoire qui invitent les individus et les collectivités à s’adapter aux causes et effets de leurs situations traumatisantes plutôt qu’à les combattre.
Car, il s’agit bien de cela. Sous le couvert d’un éloge de la capacité humaine de rebondir, l’invitation à la résilience est une exhortation à la soumission.
L’ordre établi ne s’y est pas trompé, qui appelle constamment la nation québécoise à se dépasser sans se libérer du poids de ses dépendances à des intérêts et des pouvoirs qui lui sont non seulement étrangers mais contraires à ses besoins et aspirations.
Toute affaiblie que j’étais par la maladie, cette prise de conscience des séculaires effets néfastes de notre résilience m’a fait retrouver ma fougue révolutionnaire, m’a rappelé que la lutte est le seul le chemin qui mène à la liberté.
Sans complaisance : Honnie soit la résilience
L’invitation à la résilience est une exhortation à la soumission
Andrée Ferretti124 articles
"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "
Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille mod...
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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "
Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.
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