Sans position indépendantiste, le Parti Québécois n'est plus utile!

PQ - stratégie revue et corrigée



Ça ne sert à rien de nous cacher la vérité. Le Parti Québécois, mais aussi le mouvement indépendantiste (c'est l'évidence même), traversent une crise existentielle très aiguë, et ce, à cause du résultat désastreux qu'ils ont obtenu aux dernières élections. Une crise dont l'issue est tout aussi difficile à prévoir que ce ne l'était de prédire la nature du futur gouvernement à seulement quelques jours du 26 mars.
Parmi les scénarios envisageables, il y en a un qui doit tout de go être rejeté très violemment du revers de la main. Et c'est celui qui consisterait à mettre le projet indépendantiste sous le boisseau, une façon malhabile pour la direction actuelle du PQ de remettre le parti sur ses rails en prévision d'une future gouvernance de la province de Québec.
Sans le projet indépendantiste, ça nous semble très clair, le Parti Québécois n'a plus aucune raison d'être. On l'a répété peut-être ad nauseam au cours de la dernière campagne électorale, mais il ne demeure pas moins vrai que sans sa vocation indépendantiste, le PQ n'est pas tellement différent du Parti libéral du Québec de Jean Charest. Les deux « vieux » partis proposent de gérer sensiblement l'État québécois en partant des mêmes prémisses. Évidemment, le premier mandat des libéraux a démontré que ceux-ci avaient une propension tout à fait malsaine à mentir (les baisses d'impôts par exemple) ou à hausser les tarifs alors qu'ils juraient qu'il fallait alléger le fardeau fiscal des Québécois qui sont - disaient-ils - les citoyens les plus taxés en Amérique du Nord. Tandis que le PQ, lui, est beaucoup plus honnête dans ses discours. Mais la philosophie à la base de leur gestion « provinciale » est sensiblement la même.
La question qu'il faut se poser maintenant, c'est quels intérêts auraient les indépendantistes à maintenir artificiellement en vie un parti qui ne divergerait fondamentalement d'opinion avec les libéraux que sur la façon de disposer les condos à la base du Mont-Orford? Et nous exagérons à peine. En ce qui nous concerne, nous tenons à faire savoir que nous ne militerons jamais pour faire élire des politiciens qui caressèrent jadis le rêve de faire du Québec un pays. Toujours, en lieu et place d'une telle attitude obséquieuse, nous appuierons ceux qui croient encore la chose possible en 2007. Le projet indépendantiste tel que conçu à l'origine par des personnages grandioses comme Pierre Bourgault ne saura jamais s'abîmer définitivement dans un contexte aussi confus que celui que nous vivons présentement. Ce n'est pas vrai que nous baisserons pavillon tout simplement parce qu'André Boisclair et son équipe péquiste ont été trop faiblement appuyés par les Québécois lors des dernières élections.
Le plus grave problème des indépendantistes actuellement est donc que le bilan que semble vouloir établir André Boisclair aux lendemains de la dégelée que nous a servie la population le 26 mars dernier en est un qui appelle à la fin des hostilités avec les fédéralistes. M. Boisclair dit être convaincu que si le PQ a seulement obtenu 28% des suffrages, c'est tout simplement parce que les Québécois ne désirent plus entendre parler de liberté, et donc d'indépendance. Partant de là, il affirme qu'il refusera aux péquistes de nier la réalité. Cette réalité qui impose, selon lui, que l'on repousse l'indépendance aux calendes grecques.
Or, il est tout aussi pertinent - voire très certainement plus - de lorgner du côté d'André Boisclair lui-même afin de trouver l'une des raisons profondes de l'échec péquiste du 26 mars. Bien qu'il ait fait une très bonne campagne, le fait est que pour bon nombre de Québécois, André Boisclair ne constituera jamais un choix envisageable. La connexion ne se fait tout simplement pas. L'on pourrait aussi expliquer les derniers déboires péquistes par le fait que plusieurs indépendantistes, à cause de l'apathie souverainiste de ce parti depuis trop d'années, n'ont tout simplement plus confiance dans le PQ pour les conduire à la liberté. D'où leur manie à ne pas voter. Ni pour le PQ, ni pour les autres. Ces facteurs imposent-ils aux indépendantistes de rentrer dans leurs terres? Nous ne le croyons pas.
Avant que l'on nous accuse d'être des caribous, suicidaires par nature donc, nous tenons à préciser que, en ce qui nous concerne, un parti indépendantiste n'est pas tenu de crier, tout le temps et sur tous les toits, qu'il veut organiser un référendum dans la précipitation la plus désordonnée. Le message que devrait diffuser le PQ à partir de maintenant, c'est qu'il travaillera d'arrache-pied pour créer les conditions qui permettront enfin aux indépendantistes de porter la coupe aux lèvres. Pas besoin de nous dire « quand » la chose sera possible, puisque à l'impossible nul n'est tenu. Tout ce qu'on réclame, c'est la garantie ferme que le PQ y travaillera. Rien de plus, rien de moins. Il nous semble que nos exigences sont tout à fait raisonnables!
Maintenant, des chroniqueurs à la plume acérée encouragent André Boisclair à poursuivre dans la direction d'un « beau risque », prise 2. Yves Boisvert de La Presse va même jusqu'à souhaiter, aujourd'hui, que la direction du PQ mette enfin à la porte tous ces empêcheurs de tourner en rond qui ne veulent pas comprendre que le pays québécois, ce n'est rien d'autre qu'un rêve qui ne se réalisera jamais. Faut-il s'en étonner? Pas le moins du monde. Depuis le temps que rêvent d'écrire de telles choses les Alain Dubuc, André Pratte et Lysiane Gagnon de ce monde, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'ils ne profitent pas de nos déboires actuels pour se réjouir - encore une fois - de notre mort qu'ils annoncent avec une joie nullement dissimulée.
« Le pire qui pourrait arriver au PQ, c'est de rester ce qu'il est », c'est ce que tient aujourd'hui à nous dire André Boisclair, voilà la formule qu'il retient pour nous annoncer l'ouverture de grands chantiers au PQ. Si nous sommes d'accord sur la pertinence de changer des choses, pour envisager avec plus d'optimisme nos futures chances de succès, il est par contre clair que nous refusons fermement et violemment que le PQ devienne un parti fédéralisant de centre-gauche ou de centre-droite. Le pire pour nous serait donc que le PQ abdique dans le dossier national (mais nous ne pouvons toujours pas y croire). Si cela devait être, nous n'aurions d'autre choix que de quitter ce parti que nous avons tant aimé. Quitter pour mieux reconstruire, ailleurs, l'espoir de liberté qu'a longtemps drainé le Parti Québécois.
Patrick Bourgeois

Journal Le Québécois
Pierre-Luc Bégin

Éditions du Québécois


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé