Le retrait immédiat d'Afghanistan

Sauver l’économie par les dépenses militaires?

« Soutenez nos troupes, ramenez-les à la maison avant qu’il ne soit trop tard »

Tribune libre 2008



Encore six jeunes soldats morts en moins de dix jours. Nous sommes à la
veille d’une crise économique et le gouvernement Harper nous déposera son
budget de réconciliation en janvier.
La tentation sera forte de vouloir sauver l’économie par les dépenses
militaires. Mauvaise nouvelle, les dépenses militaires sont la voie la
moins efficace pour créer de l’emploi et distribuer la richesse. Chaque
emploi créé dans l’armée coûte aux contribuables canadiens plus de 250 000
$ par année. Pour un même montant investi , ce sont près de 600 000
emplois dans des activités d’économie sociale à créer au lieu d’embaucher
84 000 employés militaires. Loin d’être une solution à la crise, les
dépenses militaires constitueraient un frein supplémentaire à la relance
économique.
Ainsi la mission de guerre en Afghanistan, et les multiples problématiques
qu’elle soulève, offrent l'occasion de réfléchir sur le rôle du Canada dans
le monde, sa politique extérieure, sa politique de défense et la solution
aux problèmes de l’économie. Ce sont des aspects qui doivent être
soigneusement imbriqués pour une action efficace C’est à la lumière d’une
telle réflexion que doit être analysée la mission en Afghanistan, et que
surgissent les questionnements fondamentaux qui remettent en question la
présence des troupes canadiennes en Afghanistan.
1- Politique américaine
La mission canadienne en Afghanistan est
conduite dans le cadre global d'une politique américaine offensive. Depuis
plus de trente ans cette politique a pour but de contenir les influences
chinoise, russe et iranienne en Asie Centrale. Avec les récents événements
au Pakistan, la stratégie actuelle ressemble de plus en plus à un
encerclement géographique de l'Iran. Action politique effectuée dans le
but vraisemblable d'appliquer une tactique d'étouffement économique de
l'ennemie numéro un de l'Occident. Avec les sondages d’opinion sur la
mission, la population du Québec semble reconnaître que tout ceci n'a rien
à voir avec le bien-être de la population afghane, et tout à voir avec le
maintien d’une influence économique dans la région à plus fort potentiel de
croissance économique de la planète. Il n’est pas surprenant de voir
l’administration Obama vouloir prendre en main cette nouvelle croisade..
2- Environnement explosif
Cette mission, dangereuse, s'effectue dans un
environnement régional impliquant de nombreuses ethnies, qui se disputent
depuis des décennies des espaces territoriaux dont la richesse varie. Ces
confrontations ont été attisées, directement ou indirectement par plusieurs
puissances régionales (la Chine, le Pakistan, l'Iran, la Russie, les «
istans » de l'ex-URSS et, moins directement, l'Inde). Ces États ont tous
des affinités, ou des animosités historiques et culturelles avec les
groupes en présence sur le territoire Afghan. On voit se dessiner une
nouvelle confrontation économique entre l’Organisation de coopération de
Shangaï (OCS), et l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN),
ayant pour cœur l’Afghanistan. Qu'on le veuille ou non, une solution
politique durable en Afghanistan passe par une coexistence pacifique qui
impliquera activement les 40 millions de Pachtounes de la région
Afghano-pakistannaise. Les allégeances majoritaires de cette population
penchent en direction du radicalisme islamiste des talibans. Il est tout à
fait ridicule de vouloir convertir ces populations aux valeurs
occidentales, ou de tenter d’imposer un gouvernement fantoche de type
occidental dans cette région rongée par la guerre depuis des décennies.
Les populations de la région savent que nos alliés talibans d’hier, que nos
puissances ont armés, sont maintenant nos ennemis terroristes. Cette
réalité confère à la mission militaire canadienne toutes les
caractéristiques d’un inextricable bourbier politique et économique.
3- Terreau de l'extrémisme et du terrorisme
Le choix de l’offensive dans
cette mission, dicté par la politique économique américaine et les efforts
d'éradication du pavot, nourrit présentement les différentes factions
radicales dans la région. Les talibans ne sont pas les seuls fanatiques à
profiter du commerce de l'opium meurtrier. Plusieurs membres du
gouvernement que nous tentons d’imposer à la population afghane sont
profondément impliqué dans ces activités criminelles et en profitent
allègrement. La culture du pavot, qui avait cessé sous le régime des
talibans, est dramatiquement redevenue le pilier économique du pays. Une
véritable tragédie pour la population de ce pays, un des plus pauvres du
globe. Tout indique que la chasse au taliban, pour espérer un succès,
doive se poursuivre en territoire pakistanais. Une réalité qui déstabilise
présentement toute la région. Ce guêpier politique devient un véritable
terreau fertile pour le recrutement étendu, et la mobilisation massive
d’insurgés. Les forces internationales, présentent depuis déjà 5 ans dans
la région, sont de plus en plus perçues, et à raison, comme des forces
occidentales d'occupation. Les militaires canadiens se positionnent comme
les ennemis des désespérés du peuple, qui lui se métamorphose pour nos
soldats en opposants à abattre. Plus les militaires canadiens s’enlisent
et meurent dans ce conflit, plus les citoyens canadiens risquent de devenir
la cible de sympathisants qui ne voient comme issue que l’action
terroriste. Continuer les actions militaires en Afghanistan constitue une
menace à la sécurité de tous les canadiens.
4- Engagement des alliés peu probable
Les militaires canadiens œuvrent
supposément dans le cadre d'une opération multilatérale. Il est évident
pour tous que le succès de l’opération ne peut pas reposer sur les 2500
militaires canadiens sur le terrain. Ce succès devait reposer sur
l'engagement plus actif, plus offensif, mais peu probable, des dizaines de
milliers de soldats alliés présents sur le terrain. Après les attentats du
11 septembre 2001, plusieurs pays européens se sont engagés dans la mission
par obligation. C’était un devoir que d’assister un pays allié agressé,
une action imposée par les règles de l’Alliance militaire de l’Atlantique
(OTAN). C'est aussi ce contexte qui a mené à la persuasion de l'ONU pour
endosser l’offensive militaire pour renverser le régime taliban. Le
rapport de la Commission d’enquête 9/11 du Congrès américain publié en
juillet dernier laisse plusieurs observateurs perplexes. On étale, sans
gêne, les ratées des services secrets américains, et sans sourciller, la
minimisation de la menace appréhendée par le Pentagone. On a étrangement
l’impression que les autorités en place faisaient peu de cas d’une nouvelle
menace d’agression en sol américain par Al-Kaïda. On croirait même,
parfois, qu’une agression en sol américain était souhaitée. Ce qui a
fustigées l’administration Bush, ce n’est pas l’attentat, mais l’envergure
du désastre engendré. Dans ce contexte, combiné à l'expérience de l'Irak,
l’appui des pays européens dans les actions guerrières en sol afghan est
resté symbolique. Qui pouvait sérieusement croire que les membres de l'OTAN
accepteraient de prêter au commandant suprême des forces alliées, un
général qui a toujours été américain, des troupes qui serviraient à
poursuivre une telle mission militaire offensive? La hantise coloniale est
encore bien présente dans plusieurs pays, le colonialisme économique
moderne n'a pas bonne presse en Europe. Grâce à l’élection des
conservateurs, les dirigeants militaires canadiens ont accomplis un tour de
force. Ils ont planifié avec succès l’abandon de l’action multilatérale
canadienne dans le cadre de missions de paix de l’ONU, pour la remplacer
par une participation à une agression militaire qui n’a dorénavant, avec le
nouvel engagement américain annoncé, plus rien de multilatérale. Le
Canada était l’acteur principal des missions de paix du passé qui ne sont
plus que l’ombre d’elles-mêmes. Il est devenu une puissance d’occupation
active au service des opérations de conquête économique américaine, ce qui
le discrédite un peu plus chaque jour aux yeux de la communauté
internationale et de sa population.
5- Lourde hypothèque sur les rôles futurs du Canada
Plus la mission
offensive se prolonge, plus on hypothèque les possibilités d'un rôle
constructif du Canada dans la région et dans le monde. L'expertise
canadienne développée pendant des décennies dans le cadre de missions
multilatérales de maintien de la paix, tant du point de vue diplomatique
que militaire, s'avèrera inutile. Cette expertise développée au prix de
vies humaines et à grands frais aurait pu s'avérer indispensables dans le
cas d'une stabilisation ultérieure de la région. Le gouvernement
conservateur questionne même la poursuite des opérations du Centre de
formation Pearson pour la paix, un des jalons fondamentale de la politique
militaire canadienne des récentes décennies. Le gouvernement Harper a
positionné le Canada comme un des belligérants principaux dans le bras de
fer économique de l’Asie Centrale que se livrent les puissances régionales
et mondiales, par le fait même, il s’est complètement discrédité pour
d'éventuelles missions futures dans toute cette région du monde. Le monde a
beaucoup plus besoin de pays qui considèrent le recours à la force comme
l’exception et qui sont prêt à s’investir dans le désamorçage des crises,
que de nouveaux pays « matamores », prêts à se lancer tête baissée dans des
aventures de guerre. Si cette politique se poursuit, le Canada se
disqualifiera ainsi pour tous les rôles de désamorçage des conflits et de
prévention internationale. Les approches militaires offensives devraient
définitivement être proscrites à moins d’une agression directe sur le pays.
Jusqu’à preuve du contraire, la réalité bien active de l’impérialisme
économique américain multipliera les besoins en terme d’efforts de
modération, de conciliation, stabilisation et de désamorçage des crises.
L’impatience maladive de nos généraux « va-t-en guerre » doit
impérativement être contenu par des politiciens responsables.
6- Une option politique insoutenable
Cette mission fait partie d'une
politique militariste à courte vue, mise en œuvre par un gouvernement
minoritaire, et qui n'a été l'objet d'aucune consultation publique et
d'aucun débat politique de fond. En moins de dix ans, les gouvernements
militaristes ont fait grimper les dépenses militaires annuelles à
vraisemblablement 20 milliards dollars. Le gouvernement Harper a procédé
aux étapes d’adjudication des contrats militaires en toute hâte en
court-circuitant les procédures administratives de suivi des dossiers
d’acquisition. Tout le processus d’achat des équipements pour la mission
en Afghanistan est présentement sous enquête de la Vérificatrice générale
du Canada. Les justifications d'un rôle actif du Canada dans une telle
mission, en vue d'une politique extérieure et militaire réaliste, cohérente
et soutenue par les canadiens sont inexistantes. A la grande satisfaction
des militaires de haut rang, les opérations militaires offensives
multiplient les besoins en équipements, décuplent les besoins en nouveaux
effectifs et crée un sentiment d’urgence permettant de court-circuiter tout
exercice adéquat de suivi administratif et politique. Plus la mission
offensive en Afghanistan se poursuit, plus le gouvernement conservateur
poussera pour de nouveaux équipements militaires afin de « protéger nos
soldat et garantir le succès de la mission ». C’est un chantage éhonté
fait sur le dos des soldats qui meurent sur le terrain, au profit des hauts
gradés de l’armée et des hauts fonctionnaires qui se taillent des retraites
dorées dans le complexe militaro-industriel canadien. Comble de l’ironie,
le gouvernement viendra à la rescousse de l’économie grâce aux coûteux et
improductifs emplois dans l’industrie militaire. Après le petit scandale
des commandites des libéraux, s’annonce en pleine crise économique, le
gargantuesque scandale des dépenses militaires conservatrices qui ne se
calculera pas qu’en dizaine de millions, mais en dizaines de milliards
cette fois. Le budget fédéral à venir devra être scruté à la loupe.
7- L'avenir dans la prévention
Tout indique qu'une future politique
canadienne, cohérente avec la tradition du maintien de la paix du pays, et
adaptée à la nouvelle réalité d'après guerre froide, devrait s'orienter
vers la détection avancée et la prévention des
conflits internationaux et des génocides. Le Canada est une puissance
économique secondaire et géographiquement isolée. Afin de faire une réelle
différence sur la scène mondiale il ne peut se permettre qu'un rôle limité,
bien circonscrit et cohérent avec les aspirations d’autonomie des
canadiens. Ce rôle, pour des raisons économiques et géographique
évidentes, ne peut être que non-offensif, et très spécialisé. Les assises
d'une politique internationale de prévention des conflits internationaux se
situent au niveau d’un agencement cohérent d’actions politiques visant les
élites belliqueuses et les combattants :détection avancée, mécanisme
d’alerte internationale, raffinement de l'intervention civile
professionnelle, innovation dans la diplomatie préventive et de la mise en
œuvre de sanctions diverses (politiques, économiques et sociales). La mise
en oeuvre d'une véritable stratégie de prévention des conflits
internationaux demande, non seulement l'intervention de militaires en
dernier recours, mais la judicieuse gradation d’une expertise
professionnelle sociale, légale, politique et de communication de haut
niveau. La mission actuelle doit cesser car elle est nuisible à la mise en
œuvre d'éventuelles actions de prévention des conflits internationaux et
aux perspectives d'engagement à long terme du Canada. L’avenir de
l’engagement constructif du Canada sur la scène internationale réside dans
le renforcement de la présence des organismes de coopération canadiens dans
la détection avancée des conflits et l’intervention civile préventive. On
pourrait aussi voir l’implication du Ministère des affaires extérieures du
Canada dans le renforcement des sanctions sur les acteurs principaux des
conflits par le biais des organismes multilatéraux. Et finalement, dans
l’utilisation des effectifs militaires dans un cadre multilatéral de
dernier recours. Une véritable économie de paix, basée sur l’action
professionnelle préventive reste à construire. Pourquoi continuer à
asperger d’huile les feux de la guerre?
8- L'armée, pour aider le peuple
Aucun militaire n'aime risquer de se
faire tuer. Ceux qui ont accepté de s'enrôler dans les forces canadiennes,
et qui sont mobilisés doivent avoir la certitude que c'est pour le bien de
la nation. Le rôle des politiciens lorsqu'ils
osent demander le sacrifice suprême « d'aller tuer ou de se faire tuer »
pour le pays, est de prouver hors de tout doute raisonnable que le recours
à l’action militaire est indispensable. Le recours à la force militaire est
un dernier recours qui n'est véritablement utile que lorsque tous les
autres moyens non-militaires ont été utilisés, et ont faillis. C'est
uniquement dans un tel contexte que, dans le cadre d'une politique
canadienne de prévention des conflits internationaux, la population
canadienne pourrait accepter le recours aux armes. La mission offensive
actuelle n'a pas démontré qu'elle était la voie pour améliorer le sort des
populations afghanes. Lors du début des hostilités, on doit se rappeler
que les Talibans ne contrôlaient pas le territoire entier du pays. Les
forces internationales occupent présentement un territoire qui est resté
entre les mains de chefs de guerre qui font la pluie et le beau temps dans
le pays depuis des décennies. A quelques exceptions près, la condition des
gens occupant ces territoires n’a pas changé, et l’économie criminelle du
pavot s’est accrue. Ces gens, dont plusieurs sont représentés au pouvoir,
n’ont jamais souhaité l’amélioration des conditions de vie du peuple.
L’armée Nationale Afghane a été construite en utilisant les milices de ces
dirigeant de clans. Même après plus de cinq ans d’opérations militaires,
l’influence des sympathisants taliban est restée inchangée dans les fiefs
traditionnels Pachtounes, et dans plusieurs régions, par dépit des gens,
elle s’est accrue. Le gouvernement canadien est incapable de fournir des
preuves incontestables de progrès sur le terrain. Quelques centaines de
puits d’eau potable, et quelques centaines de kilomètres de routes
devraient justifier l’appui « à la reconstruction ». Le fait que ces
infrastructures ont vraisemblablement installées pour faciliter les
opérations d’approvisionnement militaires internationaux et afghans ne
semble pas compter. Camoufler l’agression militaire derrière une façade de
reconstruction et d’assistance aux populations face aux « démons » à
combattre est une tradition militaire millénaire. Malheureusement l’action
de nos militaires ne laisse entrevoir aucun résultat plausible. Ce contexte
d’aventurisme guerrier se prête-t-il au recrutement massif, et à l'envoi de
jeunes soldats canadiens sur le front? Est-ce pour cela que sont mort les
103 militaires canadiens.
9- Défense des droits des afghans?
Quelques témoignages de jeunes filles
retournant dans les écoles devraient nous convaincre du souci pour les
droits de la personne rattaché aux opérations de guerre. Pourtant, les
victimes civiles de ce conflit se comptent déjà par centaines. Les
premières victimes de la guerre, surtout dans les contrées déshéritées,
sont toujours les femmes et les enfants, souvent à causé par le cahot
économique. Le traitement digne des prisonniers afghan est la plus
importante preuve de respect des droits de la personne et de reconnaissance
que le gouvernement canadien puisse offrir à ses militaires au combat. Ce
témoignage est de loin plus important que les processions funèbres. Les
conventions internationales sur le traitement humain des prisonniers de
guerre ont été établies spécifiquement pour protéger les combattants des
deux parties en conflit. Si le gouvernement veut prévenir les abus face à
d'éventuels prisonniers canadiens, il se doit de montrer « pattes blanches
» face aux conditions de ses prisonniers talibans. En continuant de
transférer les prisonniers talibans aux autorités afghanes, malgré les
preuves de mauvais traitements, et en résistant à l'idée de s'assurer d'un
traitement digne des ces prisonniers, le gouvernement canadien a confirmé
son peu de souci pour les droits de la personne. Mais encore pire, il
trahit le principe le plus élémentaire de sécurité pour ses propres soldats
qui pourraient être détenus par les talibans. En ce sens, si le
gouvernement Harper avait la moindre compréhension de ce veulent dire les
traités internationaux sur les droits des prisonniers, il aurait exigé
depuis longtemps la fermeture de la base américaine de Guantanamo Bay.
Cette prison illégale en territoire cubain est un exemple patent de
non-respect des droits des prisonniers combattants. Comment, dans ce
contexte troublant, a-t-on pu engager les militaires canadiens en campagne
militaire auprès des américains? Qui peut encore croire que nous sommes en
Afghanistan pour améliorer les droits de la population lorsqu’on met, sans
honte, la sécurité la plus élémentaire de nos propres militaires en danger?
Depuis quand le Canada dépense-t-il plus de 180 millions de dollars par
mois pour envoyer des jeunes filles à l’école?
10- Une erreur historique
La politique militaire conservatrice que le
gouvernement actuel tente de mettre en opération est coûteuse, nuisible et
dangereuse. L'intervention rapide, dans toutes les régions du globe, par
des forces militaires offensives est une voie d'intervention militaire
économiquement insoutenable pour un pays comme le Canada. Cette voie ne
peut se réaliser qu’en appui aux politiques de colonialisme économique
américaines. Choisir cette voie de l'appui à des interventions politiques
offensives, même justifiées par la « guerre au terrorisme », aligne
automatiquement le pays du côté du pouvoir économique mondial. Les
canadiens qui voyagent de par le monde souffriront pour les décennies à
venir d’un tel alignement politique. Non seulement cette voie empêche le
Canada de jouer un rôle politique constructif dans la résolution de futurs
conflits internationaux, les canadiens devrons supporter économiquement
l’hypothèque humaine de cette guerre. A coups de milliards, pendant des
décennies, par le biais du Ministère des anciens combattants, les familles
des 103 militaires et plus de 700 vétérans blessés physiquement et
psychologiquement par une telle aventure opportuniste devront être
supportés. Encore pire, en s'alignant ainsi, le Canada devient
automatiquement l'ennemi des plus désespérés, les terroristes. L'achat
d'équipements militaires offensifs sera inévitablement suivi d'un
accroissement exponentiel des dépenses en équipements policiers, de
sécurité intérieure et en engins de surveillance de tout acabit. Le recours
à la violence attise les haines, nourrit les peurs et génère à leur tour
violence, haines et peurs. Le gouvernement conservateur actuel a tendu la
main au nouveau complexe militaro-sécuritaire pour mettre en œuvre sa
stratégie électoraliste. Il a entraîné le pays et tous les canadiens un
cycle infernal, la spirale internationale de la violence. Si on ne change
pas le cap maintenant, l’histoire retiendra cette période du début du
millénaire comme une période triste, un des plus importants rendez-vous
manqués de l’histoire canadienne.
En conclusion
Le maintien des troupes canadiennes en Afghanistan a toutes les
caractéristiques d'une séquence de gestes politiques opportunistes initiées
par les libéraux, envenimées par ces mêmes libéraux et confirmées par le
gouvernement Harper. Ces actions politiques ont été initiées pour répondre
à des impératifs autres que le meilleur intérêt de la population afghane,
des canadiens et du pays. En ce sens, la position des organismes qui
demandent le retrait immédiat des troupes semble l'option politique la plus
sensée et responsable.
La triste mort des soldats canadien n’aura pas été en vain. Le Canada
aura appris qu’il doit de toute urgence redéfinir son rôle sur la scène
internationale. Les politiciens auront constaté que ce rôle doit être
dissocié des objectifs économiques et politiques américains. Ils
retourneront à la signification du geste ultime des casques bleu canadiens
mort au cours des récentes décennies, et raviveront le rôle de
participation aux actions multilatérales de maintien de la paix des Nations
Unies. La leçon principale sera le constat que la prévention des conflits
internationaux et des génocides, par la détection précoce et
l’intervention civile doivent être les voies privilégiées. Le recours aux
militaires et à la force doit, en tout temps, être le tout dernier recours.
Encore une fois nos soldat seront morts à la guerre, pour nous enseigner
que la voie de la paix, c’est de prévenir les guerres. Se souvenir, c’est
prévenir toutes les guerres.
Combiné aux actions de paix dans un contexte multilatéral, ce rôle de
prévention serait parfaitement adapté aux ressources humaines et
financières mobilisables au Canada. L’heure est maintenant venue de
regarder la situation en face et de prendre les décisions qui s’imposent :
« Soutenez nos troupes, ramenez-les à la maison avant qu’il ne soit trop
tard »
***
L'auteur, Normand Beaudet, est membre fondateur du Centre de ressources
sur la non-violence et représentant de l'organisme au collectif Échec à la
guerre et au CA de l'organisme Citoyens pour un ministère de la paix.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    26 février 2009

    Je suis tout à fait en accord avec les points que vous exposer. Il y a de très bons arguments, très solides et remplis de bon sens. Il m'a éclairé sur certains points et m'a confirmé sur ce que je pensais selon les informations que j'ai reçu, soit par les médias, des professeurs qui n'ont pas peur d'afficher ce qu'ils pensent réellement ou des textes tirés de l'internet. (Je sais qu'il ne faut pas toujours se fier sur ça mais je vérifie mes sources pour voir si cela a du sens et que les infos sont relativement justes. )
    Marie, 15 ans