Se faire violer en gardant le sourire et en criant ”VICTOIRE”

Si après ce rapport, on ne met pas de moratoire, il n’y en aura jamais

Le Québec et la question environnementale

Voilà ce à quoi on a pu assister hier en regardant les médias et en lisant la plupart des réactions rapides à la présentation du rapport du Bape, par le Ministre Arcand, concernant le dossier des gaz de schistes au Québec.
En feuilletant le rapport rapidement, je dois dire que j’ai été particulièrement surpris par les analyses cinglantes du rapport. Je ne m’attendais pas à tant.
En particulier, puisque mon mémoire portait sur les risques liés à la transformation permanente géo-structurelle des sous-sols, le rapport indique clairement qu’aucune étude n’a été produite sur les risques liées à la remontée potentielle des fluides et gaz liées à l’exploration et l’exploitation des schistes. Que le Québec, sur le sujet, connait mal ses sols. Que toute mesure du risque, surtout à moyen et long terme, est donc rendue quasi-impossible.
La réponse du Ministre : suivre exactement le plan dicté par l’industrie. Les journalistes de RDI et Télé-Métropole semblaient particulièrement souffrir d’amnésie hier soir en oubliant que l’industrie avait maintes fois signalé qu’elle n’entendait pas exploiter de façon agressive le Québec avant probablement 2014, mais qu’il était très important pour elle de continuer de relever des données sur le terrain afin de pouvoir mieux évaluer le potentiel. Mais surtout, ce sur quoi l’industrie et le Ministre ne disent pas grand-chose, c’est que si le prix courant au marché du gaz est trop bas, il est surtout trop bas pour rendre le Québec très profitable ici, ainsi qu’ailleurs aux États-Unis.
Ce qui est incroyable c’est que le public était admirablement bien préparé pour rencontrer le Bape, que le Bape semble, à première lecture rapide, avoir produit un rapport avec de la colonne vertébrale. Pourtant, hier, à la simple question de : « pouvez-vous donner plus de détails sur l’EES (Etude environnementale stratégique)», Arcand : « il est trop tôt pour donner des détails, il devrait y avoir de 5 à 10 personnes, des gens de l’industrie, etc… » Oui, effectivement des gens de l’industrie pour être sûr que si jamais quelque chose d’important en terme de fait scientifique pouvait contraindre le gouvernement à reléguer cette activité aux oubliettes, l’industrie puisse réagir avant n’importe quel autre groupe et contenir la vérité. Mais comment croire que quoi que ce soit puisse renverser la décision du gouvernement. Si après ce rapport, on ne met pas de moratoire, il n’y en aura jamais.
C’est un peu comme si on vous disait : bon, on a identifié le violeur, nous le gardons sous nos yeux, à la prochaine intervention nous observerons ce qu’il fait, nous nous assurerons que le moins de mal possible soit fait à la victime, toutefois nous devons pouvoir observer comment il s’y prend afin de bien comprendre le processus. Si après le viol, la victime a des séquelles nous prendrons toutes les mesures nécessaires afin de s’assurer que leurs effets soient réduits au minimum.
Alors, le martelage de propagande et de formation d’opinion venait de toute part hier ; l’industrie qui jouait à être déçue afin de nous faire sentir que nous avions une grande victoire, les journalistes qui insistaient à répéter sans cesse « c’est un moratoire de facto » ; alors qu’il n’en est rien. Et naturellement, les groupes écologistes qui ne sont experts que dans l’art douteux du compromis : « nous voyons ça comme une grande victoire du peuple ».
Dominique Champagne, digne représentant de la porphyrogénèse péripatétique du Québec, qui couche avec la droite économique mais passe son temps dans le lyrisme du pathos et du populisme bon marché, lui aussi nous expliqué « C’est une grande victoire ». En anglais, les dominique champagne, on qualifie cela de « mole » (moisissure). Des gens qui s’infiltrent, gagnent confiance dans les mouvements populaires, comme des agents de l’establishment, afin de détruire les impulsions démocratiques, tout en en profitant pour bien faire son autopromotion, en espérant se servir de la situation pour se négocier des bourses et des Oscars.
Dans la société hyper-culturalisée dans laquelle nous vivons, le public confond trop facilement l’enveloppe avec le contenu. Bienvenue la propagande et le lavage de cerveau. Les médias abusent trop facilement de leur pourvoir, partout sur la planète...
Alors, en dehors d’une rhétorique vide de sens à la on va faire extrêmement attention, nous allons surveiller cela de très près, etc… il n’y a aucune bonne foi mais bien de la putasserie. J’imagine que le Ministre Arcand, avant de donner des détails sur l’EES, devait d’abord consulter, et demander permissions et conseils à... Lucien Bouchard.
Une chose est certaine, lorsque le gaz naturel sera entre 11,00 et 15,00$ en 2014, et que les mesures de dérèglementation des prix de l’électricité du pygméen Bachant auront prix effet, les Québécois verront leur niveau de vie chuter comme jamais depuis les années ’70.
En attendant, je vais aller écouter Boris Vian : « …On n’est pas v’nu pour ce faire enculer… »
Denys Picard


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mars 2011

    désolé, j'ai mal écrit votre nom M.Picard
    Lise Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mars 2011

    M.Pycard,
    Absolument d'accord avec votre propos, ce faux BAPE qui fait accroire à une écoute de la population. Mensonge et mensonge. Faire semblant de reculer avec l'accord de Lulu qui commentera vendredi seulement, comme s'il était tout décontenancé par le rapport. Monsieur Lulu s'est très bien préparé ses sorties, juste avant la fin de semaine. Il a l'art de se faire attendre, le précieux.
    M.Champagne, que j'ai contacté par courriel 3x et qui n'a pas jugé bon de donner suite à mes questions.
    Trop comique d'entendre Jean Charest commenté qu'il était d'accord avec le rapport.
    Opération médiatique pour rassurer la population, comme ils disent.
    Lise Pelletier