Souhaitable mais non réalisable

Chronique d'André Savard

"Souhaitable mais non réalisable", c'est ce verdict de l'opinion publique à l'égard de la souveraineté qui a incité Jacques Parizeau à écrire ce livre. Les Québécois se sont fait dire qu'ils devaient leur paix sociale, leur prospérité relative et même leur territoire à leur appartenance au Canada. Quarante ans de ce discours par des responsables patentés des relations publiques finit par porter.
Les Québécois continuent malgré cela à juger la souveraineté souhaitable. Bref, les Québécois ont beau se faire répéter par les gardiens de la foi officielle que le Québec est pleinement à sa place au sein d'un fédéralisme souple et évolutif, ils savent que la structure actuelle vise à faire atteindre au Canada ses buts sans jamais que le Québec ne devienne la deuxième locomotive du train.
Parizeau parle beaucoup d'économie dans son livre en termes clairs et sans lourdeurs mathématiques. On sait que l'économie est l'arme de dissuasion qui sert de base à l'argumentaire fédéraliste. On fait entendre implicitement aux Québécois: "Vous aimerez le Canada car vous avez tout intérêt à l'aimer".
Puisque le livre n'a pas la prétention de donner toutes les réponses mais d'inciter au questionnement, je dirais que, pour ma part, je crois aux "gestes de souveraineté". Je crois que si le Parti Québécois une fois élu se borne aux limites allouées pour gérer une province, ceci promeut l'idée, au sein de la population, que la gouverne provinciale est un niveau naturel de gouvernement.
Si on ne peut plus faire un pas à la tête du gouvernement québécois sans se faire interroger sur l'honnêteté transparente de nos intentions, aussi bien se résoudre à élire des gouvernants qui sont au service de la structure plutôt qu'au service du peuple. La "fermeté de décision" ne doit pas reposer strictement sur une planification avec des échéanciers touchant la tenue des référendums.
Au nom de la fermeté de décision, on s'interdirait alors de décider de ses recours. La fermeté de caractère, cela se prouve en s'arrogeant le pouvoir de décider et en établissant ses propres réglementations. On passerait certainement à côté de la cible en croyant devoir troquer les "gestes de souveraineté" pour des échéanciers fixes concernant la tenue d'un référendum.
André Savard


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