Comment peut-on parler la même langue et ne pas pouvoir s'entendre au sujet de cette même langue? Nous n'etions pas tous corrompus, ceux de droites comme ceux de gauche, ceux du centre ou ceux de nulle part, notre langue se porterait mieux. J'y reviendrai prochainement. Voyons d'abord comment la corruption nous rend aveugles et inefficaces.
Maclean's et lumières rouges de corrompus
Un spectacle rassemble des spectateurs et sert à ramasser des sous pour les acteurs et la production. Il en est ainsi du numéro de Maclean's. Dans un tout autre univers, la production médiatique est supposée se préoccuper de fournir des faisceaux lumineux à la société. Ce n'est hélas pas le cas de Maclean's, dernièrement. Que dire des autres médias? La lumière des médias permet d'apprendre et comprendre, pour entreprendre ou résoudre, à dessein d'avancer. Les lumières allumées suite à l'article de sont toutes rouges. Essayez de lire sous une lumière rouge! C'est plus excitant qu'éclairant.
Lectures avancées
Les réactions vont toutes dans le même sens. Oui, il y a de la corruption au Québec, mais c'est une attaque de dire que les Québécois sont plus corrompus que le reste du Canada!
Lectures distancées: les dessous de l'iceberg.
Personne n'est en mesure de nier la réalité de la corruption. Les écarts de vue portent sur des nuances. Ces nuances sont elles mêmes des symptômes de lectures corrompues. Jean-François Lisée a le mérite de mettre en exergue le manque de professionnalisme manifeste dans la production de ce "torchon". L'éditeur ne s'excusera pas, pas non plus l'auteur, plutôt heureux de vendre. Bientôt ils récolteront des reconnaissances de "meilleurs vendeurs", à l'effet que la société valorise le résultat en termes de gros lots sans nul égard à une éthique des voies d'accès. La société est donc corrompue, dirons nous. En effet, elle récompense des corrompus comme Maclean's qui font du spectacle dans un temple sacré. La fonction d'éclaireur est stratégique, l'institution médiatique est sacrée. Hélas les missions assignées aux Medias sont souvent porteuses du virus de la corruption: faire des sous à tout prix. Les médiats ne se préoccupent que de vendre, dans l'immédiat, et rarement d’instruire, éclairer. La fin justifie les moyens.
La corruption qui nous fait jaser au Québec, est cousine avec celle qui a frappé le géant Enron, les banques, l'épargne (affaire Madoff), l'industrie automobile aux USA. Les engrenages d'une économie spéculative d'illuminés de l'ombre, sont fertiles en corruption. Au Canada et au Québec, la santé accapare à elle seule plus du tiers du budget de la province. Voyons dans quel état elle est, toujours en déficits de services et de qualité. L'une des raisons serait à mon avis la prédisposition à la triple association Santé, Béton ou briques et argents. L'esprit corrompu d'experts délaisse les dimensions humaines de la compétence, de la conscience et du savoir être, véritables piliers de l’excellence. En corollaire, sont valorisés les métiers sans ou à faible valeur ajoutée pour la santé publique, tel le hockey. Tant pis, un sportif peut se payer une vingtaine de médecins, parce qu’il gagne 30 fois plus qu’un spécialiste?
Le même esprit se manifeste dans nos centres du savoir. Les universités sont surendettées, alors qu'elles forment des bons gestionnaires, des créateurs de richesses et des philanthropes. Certains se révèlent être des filous de grands chemins, à l'instar de Vincent Lacroix (affaire Norbourg), entre autres. Au Canada, rappelons qu'est bandit qui est pris la main dans le sac, pas celui qui a le sac dans la main. Et ça nous concerne tous, à tous les niveaux. Pour exemple, la justification par Bush et ses amis, de la guerre d'Irak. Nous savons qu'il a menti et corrompu l'armée à des fins non éthiques. Des vies humaines, du béton et des stocks de plomb ont été réduits en cendres, mais les milliards de dollars de dépenses n'auront été que déplacés. Loin d'être inquiété, le cowboy Bush en est récompensé! Pourquoi? Il y a des gens, des organisations qui ne font pas ou font mal le travail sensé être le leur, parce que corrompue à leur insu.
Un autre angle de vue des dessous de l'iceberg de corrompus, nous fait voir la collusion concurrentielle entre Maclean's et L'actualité. De la même maison qu'est sortie la flèche incendiaire part le sapeur pompier! Jean-Francois Lisée et Martin Patriquin, L'actualité et Maclean's, sont de la même église, Rogers. L'un fait le plein en allumant le feu, l'autre fait le sien en jouant au pompier. Et ils se font dire de bonnes choses, qu'ils démontrent une absence de collusion là où elle est présumée. Qui est cave?
Le phénomène de la corruption va au delà de la course aux avantages financiers. Bon nombre de réactions tombent dans le piège du magazine. On s'offusque du classement, on avance que le Québec tolère moins la corruption. Mais, on reconnait avoir de sérieux problèmes inconnus de corruption. Qu'on soit classé dernier ou premier, quelle importance eu égard ce défi de faire la lumière sur le phénomène et lui trouver des solutions? Qui se compare se console, qui se console se complait. La complaisance envers la corruption, est en soi un signe de corruption avancée, inhibitrice des capacités anti-corruptives.
Moins évident que la complaisance, des réactions alarmistes lisent dans Maclean’s l’encrage des perceptions conflictuelles qui divisent le Canada. Encore une fois, ne déplace-t-on pas le problème de l'univers de la corruption à celui des perceptions? Certains y voient un coup de pousse au Québec pour sa séparation du Canada! Quelle valeur et quelle base seraient celles d'un pays constitué en partie parce que désigné nation corrompue? Les Québécois ne méritent pas du tout un tel destin. Avec dignité et sans coup fourré, ils garderont ce pays ou se donneront un nouveau. Surfer sur des vagues de lectures émotionnelles ou se laisser emporter par des vents d'écritures corrompues, c'est céder à l'opportunisme corrupteur.
Somme toute, nous avons besoin d'analyser en profondeur les formes et les causes de la corruption, de nettoyer les virus corrupteurs d'antivirus, et œuvrer avec rigueur et intégrité au rétablissement d'une société qui avance dans la lumière éclairante.
Je voudrais parler du traitement de notre langue
Tirer des leçons du spectacle Maclean's
Le bonhomme dépassé, Maclean's, la critique, ...tous corrompus
Tribune libre
François Munyabagisha79 articles
Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,
depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.
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1 commentaire
Isabelle Poulin Répondre
20 octobre 2010Tout se passe très vite. Je me sens totalement atteinte au plus profond de moi-même quand on attaque ma langue. Je me sens bafouée, agressée, violée !