Centre culturel du Québec à Paris

Trois fois dommage

Le Devoir publie aujourd'hui deux éditoriaux, "Trois fois dommage" et "Ignorance collective", sans oser faire les liens qui s'imposent, sans oser conclure que le gouvernement libéral de JJC pratique une politique culturelle destructrice dont l'objectif est d'anéantir la conscience nationale des Québécois. Il y a 50 ans, les choses se passaient autrement, même au Devoir... Alors, comment Le Devoir peut-il aujourd'hui se permettre ce manque flagrant de rigueur, et du même coup et sans vergogne, blâmer le "manque d'audace et de vision" du gouvernement actuel? Chez GESCA, on comprendrait cette triste "collaboration" avec les ennemis du Québec, mais au Devoir... - Vigile ---- A défaut d'un changement de politique qu'on ne peut espérer avec ces personnages, une chose simple : demander "naïvement" pourquoi il ne se passe jamais rien à la Délégation du Québec à Paris : ni projections de films, ni théâtre, ni conférences, ni expositions, ni concerts, ni bibliothèque de prêt ... [Pourquoi ? ... - DG 6 octobre 2011->http://www.actualitte.com/actualite/28795-jean-charest-quebec-france-francophonie.htm] ----


Aujourd'hui, voilà 50 ans, s'ouvrait sous le regard protecteur du général de Gaulle la Délégation générale du Québec à Paris. Cette date est un repère important de l'histoire contemporaine du Québec qui ce jour-là entreprit de construire sa personnalité internationale. Pour marquer l'événement, plusieurs avaient espéré que soit annoncée la création du centre culturel québécois à Paris tant attendu. Mais non, cet anniversaire ne sera pas marqué par un tel cadeau.
Plus que la simple ouverture de la Maison du Québec à Paris, comme s'appela d'abord la délégation de la rue Pergolèse, ce jour du 5 octobre 1961 marque avant tout l'établissement de relations directes et privilégiées entre Paris et Québec. Le président de Gaulle voulait que la France renoue avec les Français du Canada et que ceux-ci s'émancipent politiquement. Jusqu'où voulait-il que cela aille, plusieurs interprétations sont proposées, mais chose certaine, il donna au gouvernement du Québec d'alors l'impulsion politique nécessaire à son affirmation politique.
On sait ce qu'il en découla. Ces relations directes et privilégiées furent le point de départ de l'affirmation de la capacité juridique de l'État du Québec à prolonger sur la scène internationale ses champs de compétence. C'est ce qui lui permit au début des années 1970 de participer aux organisations internationales francophones naissantes, de siéger de plein droit depuis 1986 à l'Organisation internationale de la Francophonie, de pouvoir intervenir à l'UNESCO et de négocier des traités bilatéraux.
L'histoire de ces relations privilégiées ne s'arrête toutefois pas au monde politique. Elles produisirent au fil des ans un espace culturel commun qui dépasse les frontières des deux États et des deux gouvernements. Cet espace est occupé par des artistes, chanteurs, interprètes, musiciens, romanciers, mais aussi par des touristes, des étudiants, des gens d'affaires qui, au fil des ans, ont appris à se connaître, à faire fi des préjugés et à vivre ensemble. Ce sont deux peuples distincts qui savent toutefois reconnaître qu'ils ont en partage une histoire, une langue et une culture communes. Bref, l'essence même d'une communauté.
Cet espace culturel aurait mérité qu'il soit célébré à l'occasion de cet anniversaire, car les relations France-Québec sont d'abord cela. L'annonce de l'aménagement d'un centre culturel québécois distinct de la délégation était attendue. Une étude avait été commandée par le ministère des Relations internationales pour relancer le projet préparé au début des années 2000 par le gouvernement du Parti québécois sous le nom «Espace Québec». On voulait y loger la bibliothèque Gaston Miron, la Librairie du Québec, une salle d'exposition, une petite scène. On voulait en faire un lieu de rencontres et d'échanges culturels, mais aussi une vitrine pour le savoir-faire québécois et la technologie.
Les considérations financières qui eurent raison du projet en 2002 ont à nouveau prévalu. Lundi, le couperet est tombé. Ce projet n'aura pas lieu. Trois fois dommage. On rate l'occasion de souligner avec force l'importance des relations France-Québec. On se refuse un instrument capital de promotion de la culture québécoise sur la France et sur l'Europe. Et on laisse la bibliothèque Gaston Miron, faute de lieu propre au Québec, quitter la Délégation qui a besoin d'espace pour aller se perdre au fin fond d'une bibliothèque universitaire française. Il y a là un manque d'audace et de vision.


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