Bonjour Monsieur Le Hir,
Pourquoi un nouveau référendum devrait-il porter obligatoirement sur la souveraineté du Québec?
En effet, que ce soit sur la question linguistique, les dépenses militaires, l’impôt, Kyoto, etc.,etc., les Québécois constatent que la constitution qui leur fut imposée en 1982 les touche de près et les dessers d’une multitude de façons dans leur quotidien et leur avenir.
Quelle preuve, quel argument, quel témoignage pourrait être plus patent que le vécu du peuple Québécois à l’appui très majoritaire d’un NON à la constitution de 82?
Ce faisant, qu’est-ce qui empêcherait le prochain gouvernement du Québec de soumettait simplement la constitution canadienne au peuple?
À question claire, réponse claire! N’est-ce pas Monsieur Dion?
Acceptez-vous que la constitution du Canada s’applique au Québec, OUI ou NON?
Je suppose qu’un NON entrainerait une nouvelle dynamique qui, à terme, mènerait les Québécois à adopter leur propre constitution qui servirait de base de négociations avec le Canada et, en cas d’échec, à une déclaration de souveraineté.
À défaut de savoir ce que le peuple veut, il aurait une occasion en or de dire haut et fort ce qu’il ne veut pas. La solution lui semblera alors beaucoup plus évidente après cet exercise de clarté.
Qu’en pensez-vous Monsieur Le Hir ?
Normand Richard
Rouyn-Noranda
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1 commentaire
@ Richard Le Hir Répondre
22 octobre 2010Réponse @ M. Richard
Pourquoi un nouveau référendum devrait-il porter obligatoirement sur la souveraineté du Québec ?
Votre question est très pertinente.
Plusieurs d’entre nous, échaudés, ébouillantés même, par les expériences passées, souhaiteraient nous voir court-circuiter cette étape. Pour avoir tourné et retourné la question dans tous les sens au cours des quinze dernières années, j’ai pour ma part acquis la conviction qu’elle est incontournable, non pas tant à cause de la décision de la Cour suprême qui a amené le gouvernement fédéral à adopter la Loi sur la clarté (une loi qui ne s’applique d'ailleurs qu’à lui-même), mais surtout à cause de la pratique que nous avons nous-même développée au Québec et qui a désormais force de précédent.
On peut porter le jugement qu’on voudra sur le bien-fondé de la stratégie d’organiser un référendum sur l’avenir constitutionnel, c’est tout de même ce que nous avons fait. Nous avons tenu un premier référendum en 1980, un autre pour nous prononcer sur l’accord de Charlottetown en 1993, et un troisième en 1995. La décision de la Cour suprême est venue en 1998, et elle a l’avantage de reconnaître le droit du Québec à quitter la fédération canadienne, alors que l’existence de ce droit était auparavant fort contestée.
Je suis d’ailleurs en mesure de vous dire que plusieurs péquistes, et non des moindres, doutaient de l’existence de ce droit, ce qui les amenait à privilégier des scénarios timorés.
Ainsi, si les indépendantistes avaient été confiants dès le début que ce droit existait bel et bien, il y a de bonnes chances que l’option souveraineté-association n’aurait jamais levé de terre, et qu’on aurait envisagé, et peut-être même retenu, d’autres scénarios que celui d’un référendum pour décider de l’avenir constitutionnel du Québec.
Aussi intéressante cette spéculation pourrait-elle se révéler, ce n’est pas ce qui est arrivé, et l’histoire est ce qu’elle est, sans qu’il nous soit possible de l’accepter sous bénéfice d’inventaire pour n’en retenir que les chapitres qui font notre affaire.
Nous sommes donc pris avec plusieurs précédents qui au fil des années sont devenus une mesure de la légitimité de notre démarche vers l’indépendance, et nos chances d’en faire reconnaître une autre par la communauté internationale sont quasi nulles. Ne perdons jamais de vue que le Québec aura besoin de cette reconnaissance pour officialiser son statut de pays indépendant. Et n’oublions pas non plus que jamais personne ne nous a imposé cette démarche. C’est celle que nous avons nous-mêmes choisis.
Qui plus est, aucun gouvernement du Québec depuis 1976 n’a-t-il évoqué la possibilité de recourir à une autre solution pour accéder à l’indépendance. La chose ne surprend pas de la part des gouvernements libéraux, mais elle devient beaucoup plus contraignante avec les gouvernements péquistes. Et après la décision de la Cour suprême de 1998, ni le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard, ni celui de Bernard Landry n’ont jamais évoqué la possibilité qu’il pourrait en être autrement.
Le poids de l’histoire est peut être lourd, mais il est ce qu’il est, et j’ai pour ma part acquis la conviction qu’il serait déterminant.
Richard Le Hir