"L'affaire de la Fondation Catania"

Un scandale tout près de chez vous !

Chronique de Louis Lapointe

Le Parti Québécois a révélé à la presse en début de semaine une nouvelle "affaire" impliquant des ministres du gouvernement du Québec et la députée libérale du comté de Lapinière, Fatima Houda-Pépin. La Fondation Catania a revendu avec un profit de 1 million de dollars un terrain de la rue Nadeau à Brossard qu’elle avait acquis de gré à gré de la commission scolaire Riverside, à un coin de rue de chez moi à Brossard.
Pour les citoyens de Brossard et de mon quartier, il ne s’agit pas d’un fait anodin. Depuis des années, la Ville de Brossard faisait la une du quotidien local, le Brossard Éclair, souhaitant racheter pour un montant nominal ce terrain du domaine public appartenant à la commission scolaire Riverside. C’est plutôt la Fondation Catania qui s’en est portée acquéreuse pour la somme de 600,000$ dans le but d'y construire un centre communautaire pour personnes âgées en partenariat avec le Gouvernement du Québec.
Ce centre aurait été intégré à un ensemble d’équipements municipaux, scolaires, culturels, sportifs, communautaires et paroissiaux situés dans un périmètre de 1 kilomètre. Le terrain acquis par la Fondation Catania avait une localisation stratégique idéale, étant à quelques pas de plusieurs services connexes.
À l’occasion de la dernière campagne électorale municipale, mon conseiller municipal, Pascal Forget, m’avait avoué n’avoir pu faire quoi que ce soit pour sauver le projet de centre communautaire, m’expliquant que les conseillers de la majorité n’avaient pas le choix de changer la destination de ce terrain, puisque des allégations concernant F. Catania avaient compromis la subvention à être versée pour le projet. Toujours selon mon conseiller, le gouvernement du Québec ne souhaitait plus être associé à la Fondation Catania.
Rétrospectivement, si la Fondation Catania était prête à investir 600,000$ dans la construction d'un centre communautaire, pourquoi n'a-t-elle pas cédé le terrain pour un montant nominal à la Ville de Brossard qui aurait pu récupérer la subvention du Gouvernement du Québec, plutôt que de le vendre à profit à un promoteur immobilier?
Pourquoi Brossard n'a-t-elle pas mieux défendu ce projet et le zonage urbain de ce terrain?
Ce ne serait ni le premier, ni le dernier terrain que la Ville de Brossard contribuerait à changer de destination. À titre d’exemple, lors de la même rencontre, mon conseiller m’avait annoncé que la Ville venait d'acquérir un terrain longeant la rivière St-Jacques dont une partie jouxtait le boulevard Taschereau dans le but d’y aménager une promenade pour les citoyens de Brossard.
Quelques mois plus tard, quel ne fut pas mon étonnement d’y voir construire un nouveau concessionnaire automobile à quelques mètres d'une rivière considéré comme un joyau! Un autre hypothétique projet qui ne serait pas réalisé, l'administration municipale préférant laisser à des intérêts privés le soin de développer ce coin de rue comme c’est souvent le cas à Brossard.
La vente de gré à gré du terrain de golf de Brossard à des développeurs immobiliers au début des années 2000 par l’ancienne administration de l’actuel maire Leduc, qui est revenu à la vie politique à l’occasion de la dernière élection municipale, fait encore couler beaucoup d’encre puisqu’il est à nouveau question de convertir 9 de ses 18 trous en développement immobilier.
La ville de Brossard a toujours favorisé la cession de terrains, qu’ils soient du domaine privé ou public, aux développeurs immobiliers dans le but de stimuler la construction et, par le fait même, d’augmenter ses revenus de taxation. Une stratégie qui a manifestement porté ses fruits.
Le Quartier Dix-30 en est le plus bel exemple.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, malgré toute la richesse de notre ville, à quelques pas du Dix-30, Brossard peine à aménager une base de plein air digne de la prospérité de notre ville. Une véritable honte pour Brossard. Comme si cette installation était elle aussi temporaire, à l’image de tous ces projets avortés, risquant d’être cédée au privé le jour où on en changera le zonage urbain et agricole.
Certes, des revenus de taxe de plus pour les citoyens de Brossard, mais des équipements publics de moins pour desservir la population.
C’est dans cette perspective qu’il faut voir "l’affaire de la Fondation Catania".

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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