Un nouveau parti indépendantiste

Une avenue prématurée

Où sont les militants et les sympathisants péquistes ?

Tribune libre


Je n’ai pas l’intention de revenir sur les circonstances récentes qui ont secoué le PQ et contribué à provoquer la démission de quatre de ces députés. Pas davantage sur les bavures de Pauline Marois dans le dossier de l’amphithéâtre de Québec. Je me contenterai de dire que, dans tout ce fracas de déclarations récentes qui entourent la « descente aux enfers » du PQ, expression que j’ai utilisée pour désigner la chute de popularité de Mme Marois dans un article que j’ai signé sur cette tribune en date du 8 juin 2011 (et que je signerais encore), je considère prématurée l’idée de création d’un nouveau parti indépendantiste au Québec.
Quarante-trois ans, c’est jeune pour un parti politique qui est passé à travers bien des maladies, telles l’épidémie de l’étapisme, l’hystérie du beau risque, la grippe de l’affirmation nationale, la rage des conditions gagnantes, et qui doit maintenant combattre la paranoïa de la gouvernance souverainiste! Et pendant ce temps, le PLQ continue de végéter depuis belle lurette sur la scène politique québécoise, deux autres partis tentent de trouver leur voie sur l’échiquier, et un dernier, issu de croisements hétéroclites, s’apprête à naître.
Mais, revenons sur la crise au PQ…puisque ce parti existe encore, quoique je commence à en douter si je me fie aux derniers articles qui ont paru sur Vigile et qui voient déjà l’apparition d’un nouveau parti indépendantiste! La crise est sérieuse, j’en conviens. Toutefois, est-elle fatale à ce point qu’il faille sacrifier un parti enraciné au Québec, un parti né de la conviction profonde de ses fondateurs de donner à notre nation son statut de pays, ce même parti qui, avant les dérives entourant le projet de loi privé 204, voguait allègrement vers une victoire aux prochaines élections provinciales?
À mon sens, nous devons dépasser l’émotivité qui anime le débat autour de la disparition brutale du PQ et saisir l’occasion d’utiliser les forces vives qui habitent encore ce parti…et je ne doute pas qu’elles existent! Il suffit, selon moi, que les militants et les sympathisants péquistes fassent appel à eux! Mais au fait, où sont-ils, ces militants et ces sympathisants péquistes? J’aimerais bien qu’ils se manifestent…à moins que je sois devenu un dinosaure ou « la dernière belle-mère sympathisante »!



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Aérer pour rendre l'air plus respirable
Le PQ arrive à peine à la mi-quarantaine et déjà, certains spécialistes le voient en train d’agoniser et s’affairent même à préparer la relève par la création d’un nouveau parti. Quarante-trois ans, c’est jeune pour un parti politique! Un autre, beaucoup plus âgé, continue son pèlerinage laborieux depuis belle lurette sur la scène politique québécoise, deux autres, beaucoup plus jeunes, font leur apprentissage, et enfin un dernier, issu de croisements hétéroclites, s’apprête à naître.
Mais, parlons de celui qui, en vertu de la maturité et de la vigueur dont il devrait preuve en raison de son âge respectable, soit le Parti québécois, semble se retrouver en soins palliatifs…ou peut-être, je l’espère, tout simplement dans un état comateux. Et, ce ne serait pas surprenant si l’on considère tous les chocs psycho-somatiques auxquels il a été soumis depuis sa naissance! Pour les besoins de la cause, je crois qu’il est important de rappeler à votre mémoire les nombreux accidents de parcours auxquels le PQ a été confronté depuis sa création et qui ont dégénéré en une suite interminable de maladies, l’épidémie de l’étapisme, la grippe de l’affirmation nationale, la rage des conditions gagnantes, l’hystérie du beau risque et, tout récemment, la paranoïa de la gouvernance souverainiste!
Pas étonnant que, dans ces conditions, l’air soit devenu irrespirable dans la chambre du patient à tel point que certains de ses proches ont décidé de quitter les lieux. D’autres, moins empressés de partir, sont restés pour le veiller. Enfin, d’autres, jugeant la condition du malade en phase terminale, envisagent déjà la relève par la création d’un autre parti.
À mon sens, ce diagnostic est précipité. J’ai de la misère en c… à accepter qu’un parti politique aussi rassembleur en 1995 soit devenu un « objet » dont on se débarrasse telle une vieille chaussette quelque quinze ans plus tard…et ce, pour le plus grand plaisir des vautours d’en face qui sont déjà en train de saliver à la seule pensée de le consommer en proie!
Devant cet hécatombe anticipé, j’exhorte ceux qui ont déserté la chambre à y rejoindre les membres de la famille qui sont demeurés au chevet du malade et à ouvrir les fenêtres pour rendre l’atmosphère plus respirable et ainsi permettre au patient de se réanimer pour reprendre le combat dans lequel il s’était engagé avant de sombrer dans ce profond coma!
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Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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3 commentaires

  • Élie Presseault Répondre

    20 juin 2011

    Sous réserve, je ne suis point certain des avenues à adopter. Il nous faut cheminer avant d'atteindre les inévitables détours au gré des événements. Les partis politiques ont déjà à se dépêtrer du clientélisme à tous crins. Je crois que la lutte des partis est un chemin obligé. À l'extérieur de ces mêmes luttes partisanes et intestines, nous devons soutenir la force d'une lutte de la société civile. Étonnamment, je persiste à croire que le syndicalisme peut demeurer une figure de proue. Les lois et l'illégitimité des castes dominantes font en sorte que le peuple demande à respirer et canaliser la force de certains vents en poupe.

  • Nicole Hébert Répondre

    18 juin 2011

    Puissiez-vous être entendu ici, M. Marineau! Et ailleurs, pourquoi pas? Que nous cessions de faire des bêtises.
    Nicole Hébert

  • Gérald McNichols Tétreault Répondre

    18 juin 2011

    Votre article qui est une pièce littéraire, nous invite à une veillée funèbre et à vrai dire, je n'ai jamais rien lu d'aussi épouvantable à propos du parti Québécois. Une véritable catharsis. On se demande en vous lisant comment cela a pu durer si longtemps ? Puis, après avoir terminé la lecture, je suis revenu à votre titre accrocheur et je me suis dit que vous m'aviez bien eu mais je sais pas trop de quelle façon encore. Et voilà ce qui, à propos du titre, m'est venu :
    Prématurée, dites vous !
    Quand je vois mourir les uns après les autres mes amis indépendantistes
    Prématurée, dites vous !
    Quand l'éternité de la grande noirceur me revient à l'esprit
    Prématurée, dites vous !
    Comme le dit aussi François Legault et son Alliance provinciale pour contrer l'avenir du Québec
    Prématurée, dites-vous !
    Après 250 ans de dépendance
    Prématurée, dites vous !
    Causer indépendance est un fond de commerce que ferions-nous après ?
    Prématurée, dites-vous !
    Attendons alors d'être mort: d'autres attendront ensuite
    Prématurée, dites-vous !
    et retentissent alors dans ma tête les mots de Péloquin : "Vous êtes pas tannés de mourir bandes de caves"
    Prématurée, dites-vous...