S'il existe une fête dans l'année qui peut être célébrée par tous ceux qui vivent dans l'hémisphère nord, c'est bien la fête de Noël.
Qu'on soit croyant ou pas, Juif, Chrétien, Musulman, Bouddhiste ou même athée, tous peuvent y trouver leur compte. L'origine de cette fête est d'abord naturelle et païenne. Qu'on le veuille ou non, à ce moment-ci de l'année, juste avant le solstice d'hiver, on a l'impression que la nuit l'emporte sur le jour, selon l'axe de rotation de notre vieille Terre. C'est pourquoi, dans l'Empire romain, on avait l'habitude de célébrer le soleil naissant, le solis invecti, dans la nuit du 24 au 25 décembre pour signifier la renaissance de la lumière, puisque les jours commencent à allonger, et ce, jusqu'au solstice d'été.
Une façon de célébrer la fête, c'est par la lumière. Dans l'empire, on faisait des feux de joie pour montrer que la lumière est plus forte que les ténèbres. Aujourd'hui, on illumine nos maisons, nos rues, nos quartiers; on décore des sapins, ces arbres qui demeurent verts et vivants même durant la saison morte, on s'échange des cadeaux, symboles de la joie de la fête, on se rassemble en famille, on partage, on offre (na-ou-la en arabe) des dons, des faveurs, des bienfaits (na-ou-l). Ce qui veut dire qu'en français, Noël a conservé son caractère laïque par son appellation arabe (n-oua-l) et non pas (Nativitas) en latin qui se traduit par Nativité en français ou Natale, Navidad, Natal, Christmas, en italien, en espagnol, en portugais et en anglais.
Dans notre société québécoise dite laïque, certains voudraient faire disparaître cette fête, sous prétexte qu'elle est religieuse, chrétienne et catholique, et qu'elle peut brimer la liberté religieuse des autres et choquer ceux et celles qui ne font partie d'aucune religion. Il est vrai que la fête de Noël a été, au IVe siècle, récupérée par les chrétiens qui en ont fait la fête de la naissance du Christ de Pâques. Pour eux, le Christ était la Lumière qui éclaire les ténèbres de la nuit. Aussi, au XIIe siècle, Saint François d'Assise, s'inspirant des évangiles, mais surtout des apocryphes des deux premiers siècles de l'Église, a ajouté une crèche pour illustrer la scène de la Nativité. Mais en quoi la fête aurait-elle perdu son caractère laïque, tout simplement parce que certains lui ont attribué une dimension religieuse qui correspondait à leurs convictions profondes? N'y a-t-il pas là de multiples raisons de célébrer tout en conservant la diversité culturelle de la fête?
À moins d'être un intégriste qui souffre d'intolérance aiguë ou encore d'un ignare qui ne connaît rien de son histoire, il me semble que Noël peut et doit être célébrée par tous ceux et toutes celles qui continuent de croire qu'on peut se rassembler pour partager notre culture et nos richesses, pour s'aimer malgré nos différences, pour préserver notre dignité humaine et pour espérer un monde meilleur. Ainsi, la fête de Noël sera, pour les uns, la naissance de la lumière, et pour les autres, la naissance du Christ ressuscité. Mais dans les deux cas, il s'agit d'une naissance, qui consiste à naître et à faire naître à la vie.
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Raymond Gravel
L'auteur est prêtre dans le diocèse de Joliette.
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