Une planche de salut

Pacte électoral - gauche et souverainiste



À chaque nouvelle crise de leadership au PQ — et Dieu sait s'il y en a eu —, on entend le même refrain: le problème n'est pas le chef, mais l'option.
Ce n'est pourtant pas la souveraineté qui est en panne. Dans ce climat de dissension perpétuelle, il est même étonnant qu'elle se maintienne aussi bien dans l'opinion publique. D'un sondage à l'autre, elle est toujours plus populaire que le PQ lui-même et l'écart tend à augmenter.
Le problème est que les chefs péquistes semblent de moins en moins aptes à fédérer le vote souverainiste. Le sondage Léger Marketing dont Le Devoir publie aujourd'hui les résultats place le PQ à son plus bas niveau depuis les élections désastreuses du printemps 2007. La dégringolade des dernières semaines est spectaculaire. En mars, le PQ détenait une avance de 10 points sur les libéraux. Les deux partis sont maintenant à égalité.
Si François Legault entre en scène, avec ou sans l'ADQ, le PQ tombe sous son plancher historique de 23 %. L'ancien ministre ferait une razzia aussi bien dans l'électorat libéral que chez les péquistes, mais l'appui de sa clientèle non francophone assurerait au PLQ un nombre suffisant de députés pour assurer sa survie.
Avec seulement 21 % des intentions de vote, le PQ pourrait être littéralement rayé de la carte, comme l'a été le Bloc québécois. Que ce soit dans le Montréal francophone, à Québec ou dans les autres régions, un parti dirigé par M. Legault effectuerait un véritable balayage.
Dans un scénario comme celui-là, le PQ recueillerait à peine la moitié des voix souverainistes. Autrement dit, loin d'être un boulet pour le PQ, la souveraineté pourrait bien devenir sa seule planche de salut.
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Mme Marois dit ne rien regretter de son positionnement dans le dossier de l'amphithéâtre. Le sondage de Léger Marketing démontre pourtant que le PQ n'a rien gagné à Québec, bien au contraire. Avec 25 % des intentions de vote, il est 7 points derrière l'ADQ, qui a pourtant boudé la commission parlementaire qui a examiné le projet de loi du maire Labeaume. En mars, c'était exactement l'inverse.
Certes, les prochaines élections semblent encore loin. Le premier ministre Charest a été catégorique hier: il n'a aucune intention d'appeler les Québécois aux urnes l'automne prochain. Il peut sembler tentant de prendre M. Legault de vitesse et de profiter des déchirements du PQ, mais les sondages sont vraiment trop mauvais. M. Charest n'est pas du genre à courir à l'abattoir sous prétexte que ce sera encore plus douloureux plus tard.
On dit souvent qu'une année est une éternité en politique. Précisément, Mme Marois pourrait trouver la prochaine année très longue si ses députés sentent le tapis leur glisser sous les pieds. Plusieurs de ceux qui lui jurent aujourd'hui fidélité partagent en réalité l'analyse de leur ex-collègue de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, qui a carrément réclamé sa démission.
Au-delà de leur opposition au projet de loi du maire Labeaume, les quatre députés qui ont claqué la porte du PQ n'aspiraient pas à faire partie d'un «bon gouvernement provincial». Cela tombe bien: s'il s'agit simplement de bien gérer les fonds publics dans le cadre constitutionnel actuel, les Québécois semblent croire que M. Legault ferait mieux l'affaire.
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Il n'est pas évident que l'unité du PQ sera bien servie par un conflit de générations. [La lettre que 13 députés->38868] nés après la fondation du parti ont adressée à Jacques Parizeau est clairement une invitation à se taire.
Il est vrai que les remontrances périodiques de l'ancien premier ministre sont agaçantes. L'expérience démontre toutefois que les tentatives de le museler ont pour effet de stimuler sa verve. Un heureux hasard veut qu'il participe aujourd'hui même au colloque annuel des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO).
Ces jeunes députés prétendent incarner la volonté de faire de la politique autrement qui anime les jeunes générations. Ils ne se souviennent peut-être pas que le slogan de M. Parizeau en 1994 était: «L'autre façon de gouverner». Comme quoi, plus ça change...
En tout cas, l'opération de racolage électoral à laquelle ils se sont associés dans le dossier de l'amphithéâtre traduisait une conception de la politique vieille comme le monde. Cette façon d'attribuer aux médias la visibilité excessive dont bénéficieraient d'«anciens porte-étendard souverainistes» démontre également qu'il est toujours à la mode de tirer sur le messager.
«Nous existons», écrivent-ils. Là encore, M. Parizeau a déjà eu ce cri du coeur. S'ils ne s'estiment pas suffisamment utilisés, les jeunes loups péquistes devraient peut-être transmettre leurs doléances au bureau de leur chef.
Il est vrai que la génération qui n'a pas connu le Québec d'avant la loi 101 peut avoir des raisons différentes de souhaiter la souveraineté, et c'est tant mieux. Il faut cependant reconnaître à M. Parizeau d'avoir été le premier à avoir tenté de mettre l'argumentaire souverainiste à l'heure de la mondialisation.


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