Le concept de développement durable est devenu tendance. On l’associe à toutes les causes. Des prédicateurs apocalyptiques de cette nouvelle religion nous somment de nous comporter en « écocitoyen », sous peine de sacrifier les générations futures. À trop crier au loup dans la bergerie, on paralyse les justes analyses de la situation et on éclipse les nécessaires actions à responsabilités partagées.
Le tableau alarmant de l’état écologique de la planète impose une approche faite de rigueur, d’imagination et de courage, loin d’une vision du monde catastrophique, élitiste ou régressive.
À qui profite le développement durable ? Les pays du Nord y voient l’occasion de contrôler l’économie du Sud. Les entreprises offrent des produits moins polluants et font payer les consommateurs. Le business Green is Gold a ses cotes à la Bourse. Les ONG y trouvent une légitimité mondiale. Les politiciens se drapent des vertus vertes.
Et toi, tu culpabilises devant ton miroir, en te brossant les dents, alors qu’un filet d’eau coule de ton robinet. Allez, don Quichotte, il te faut sauver la mondialisation des excès à la fois de ses partisans et de ses détracteurs !
Pondérons ces cris d’alarme. Lesquelles des activités humaines ou des cataclysmes naturels pèsent le plus sur les misères de notre planète ? Pour certains experts, la certitude scientifique de l’ampleur du réchauffement climatique n’est pas acquise. D’autres soulignent que, sur le long terme, ces changements cycliques seront de merveilleuses opportunités pour les humains.
Du fait de l’ampleur et de la gravité des déséquilibres écologiques actuels, beaucoup jugent nécessaire une réorientation profonde des modes de production et de consommation. Des décisions difficiles s’imposent. D’ores et déjà, des actions dures exigeront des entreprises plus modérées en carbone, en énergie fossile et en ressources naturelles non renouvelables.
Mais, comment faire ? En terme d’une éthique de l’action, il s’agit d’associer les impératifs de l’économie avec le primordial épanouissement des humains, le nécessaire progrès social et l’obligé respect des écosystèmes.
Pour l’essentiel, il n’y a pas de développement durable, soutenable, souhaitable, harmonieux ou équitable, sans que les dimensions humaines, sociales et culturelles n’éclairent les décisions économiques et politiques. L’homme doit gérer la Terre avec en tête cinq priorités : la santé, la beauté, le partage et la pérennité. L’objectif de la productivité sera donné par surcroît.
Il y a des solutions utopistes, comme la décroissance, qui pénalisera d’abord les plus pauvres. Les plus conscientisés consomment mieux et moins. Des mesures gouvernementales comme le bonus-malus écologique appliquent une fiscalité pénalisante pour dissuader les gros pollueurs ou un allégement des taxes et des impôts pour encourager les achats verts. De rares politiciens jugent nécessaire d’introduire une taxe du carbone, qui ne fait pas consensus. Aucune solution n’est facile et peu couteuse.
Tous les acteurs sociaux – décideurs politiques et économiques, collectivités locales et régionales, associations civiles et professionnelles, organismes mondiaux et individus – sont invités à prendre actes pour une planète viable et un monde plus équitable.
Et surtout, le partage du bien-être et de la richesse – en plus de tempérer la cupidité des uns – s’impose pour réduire la violence de d’autres, et assurer une meilleure qualité de vie à un plus grand nombre.
Notre début de siècle est paradoxal.
On y voit une planète mal en point. Des ressources dilapidées. Trop de nos frères terriens accablés d’iniquités dès la naissance. Des personnes âgées esseulées et anxieuses de ne plus avoir les moyens suffisants pour subsister à une espérance de vie désormais allongée. Des jeunes qui demandent s’ils ont un avenir. Des religions qui font peur. Des pays émergents qui remportent la mise économique.
On y découvre aussi des engagements formidables. Des générosités effacées. Des solidarités innovantes. Des créateurs de nouvelles esthétiques. Des inventions facilitantes. Des entrepreneurs qui construisent par la force de leurs idées. Des savoirs circulant à haute vitesse sur la Toile. Des prises de conscience individuelle et collective libératrices. Des générations d’hommes et de femmes – des jeunes et des plus vieux –, partenaires d’un présent et d’un futur meilleurs.
Tels sont des enjeux actuels de l’humanité, basés sur la vigilance, la générosité et la volonté de donner un sens à l’envie d’agir.
Gilles Châtillon
Des extraits de cette réflexion sont publiés sous la forme d’un billet dans la revue Génération d’idées, Volume 1 / numéro 2, qui traite de l’environnement : http://www.generationdidees.ca/
Une planète viable: un monde plus équitable
À trop crier au loup dans la bergerie, on paralyse les justes analyses de la situation et on éclipse les nécessaires actions à responsabilités partagées
Tribune libre 2008
Gilles Châtillon23 articles
En un mot, j'aspire à être un humaniste en quête de
d'égalité et de solidarité. Une espèce rare et en perdition.
Ma vie professionnelle débute dans l'enseignement, du primaire à
l'université (1963-1970). Pour la suite, à titre de haut fonctionnaire au...
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En un mot, j'aspire à être un humaniste en quête de
d'égalité et de solidarité. Une espèce rare et en perdition.
Ma vie professionnelle débute dans l'enseignement, du primaire à
l'université (1963-1970). Pour la suite, à titre de haut fonctionnaire au
Conseil exécutif du Gouvernement du Québec (1977-1984), j'ai facilité le
dialogue social et la concertation au Québec en dirigeant les Conférences
socio-économiques – les 52 « sommets » – ainsi que les dix-sept
Commissions régionales et nationale sur l'avenir politique du Québec.
De 1990 à 2006, j'ai été président-directeur général du Cercle des
présidents du Québec, un réseau sélect de 80 PDG de grandes entreprises du
Québec INC. à l'affût des signaux faibles des futurs possibles pour
éclairer leur gouvernance.
Professeur, administrateur public, dirigeant et consultant d'entreprises,
aussi carnetier sur le Web, je suis diplômé en philosophie, en pédagogie et
en administration (MBA). J'ai œuvré au sein de gouvernements, de
coopératives et d'entreprises privées.
Aujourd'hui, je suis à créer L'institut Québec – Le Monde, un lieu
de réflexion, de propositions et d'influence réunissant des experts et des
universitaires, des gens d'affaires et des artistes, des travailleurs et
des citoyens, des seniors et des jeunes, tous habités par l'idée que
l'avenir ne sait pas attendre et qu'il vaut mieux le convoquer soi-même.
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1 commentaire
Michel Guay Répondre
17 septembre 2008Grâce aux nouveaux moyens de communications ce n'est plus une utopie de croire à de la nourriture pour tous, à de l'éducation pour tous , à un logement pour tous, à de l'amour pour tous, à des soins pour tous, à des vacances pour tous, à de la bonne eau pour tous , à de l'air sain pour tous , à un droit de vote pour tous, à un petit jardin pour tous, à des livres pour tous, à une voiture électrique pour tous, à des vêtements adéquats pour tous, à la liberté des croyances pour tous, à la paix pour tous, etc....
L'utopie c'est de laisser croire à tous qu'il est possible de survivre encore longtemps sans bien vivre