Une salade indigeste

Les manipulations médiatiques au Québec

Tribune libre

Texte publié sur le site http://verslemeilleurdesmondes.com/2012/10/une-salade-indigeste/
Lors des manifestations étudiantes du printemps dernier – le « printemps érable du Québec », il y a avait des tas de chroniqueurs et autres maitres à penser pour taper sur la tête des étudiants. Tous les prétextes étaient bons pour les accuser. Une police d’intervention agressive et intrusive frappait sur des adolescents, alors que cette « intelligentsia » mettait la faute sur des jeunes endettés et désabusés qui tapaient sur des casseroles pour contester contre des hausses de frais de scolarité. Chaque jour, ce sont des multitudes d’articles qui étaient vomis dans les journaux, sur internet, dans des publications « sérieuses » façonnant l’opinion de citoyens. A la télé, ça s’en donnait à coeur joie pour ridiculiser le mouvement étudiant, pour le critiquer. On a traité certains leaders de pires noms, on s’est moqué de leur cause, on les a traités de criminels, de gauchistes, de hippies, d’enfants gâtés, et j’en passe. Jean Charest, qui était alors Premier Ministre – et responsable de cette hausse des frais de scolarité, avait ouvertement montré son dédain envers toute une partie de la population. Sans la moindre retenue, il s’était moqué d’eux.
Pour dire les choses simplement, on a assité à un tir groupé en règle, dont le but évident était de diviser la population. De la déchirer. Et sans doute de détourner son attention de questions autrement plus névralgiques pour une certaine élite.
Aujourd’hui, la Commission Charbonneau est en train de démontrer sans l’ombre d’un doute que la population est baffouée, volée par des élus à des postes-clé, qui détournent des millions au profit du Parti, d’eux-mêmes et des amis du Parti. Est-ce que nous sommes surpris ? Pas le moins du monde. Nous savons très bien que ce n’est ici que la pointe minuscule d’un iceberg gigantesque et nauséabond. Les racines de ce mal sont autrement plus profondes, et ce n’est pas le propos de ce texte de discourir de haute finance, de géopolique et de visées hégémoniques. Revenons plutôt à nos moutons (le terme est choisi).
Donc, alors qu’à chaque jour une nouvelle « révélation-choc » sort en première page des médias, démontrant que tel Maire ou tel VP est un pourri corrompu, la caste des maitres à penser se tait presque entièrement. Ils en discutent sur le bout de lèvre, pointe du doigt certains boucs émissaires bien sur, mais ça n’a rien à voir avec l’acharnement malsain qui s’est déchainé sur les étudiants. Jean Charest a quitté le navire et s’en lave les mains, les Pratte de ce monde jouent les bons caniches et continuent de se branler sur les jambes de Sagard, la mafia intellectuelle joue son rôle à la perfection.
Deux poids deux mesures.
Ce qui est triste, c’est qu’une bonne partie de la population ne puise son « information » qu’à partir d’une poingée de médias – et qu’elle le veuille ou non, elle se forge une « opinion » à même celle qu’on lui offre. Nous sommes à l’ère du prêt-à-penser, et dans l’exemple présenté ici, c’est le Québec tout entier qui en paye durement le prix. On est en train de leur présenter l’idée qu’un « grand ménage est en train de se faire ». On vend l’idée qu’on arrivera à rectifier le tir en punissant quelques personnes. On vend l’idée que les vrais coupables se trouvent dans des parlements et des hotels de ville.
Il faut qu’on arrête de s’abreuver des insanités produites sur commande par ces petits faiseurs d’opinion. Il faut développer parallèlement d’autres réseaux d’informations, de communication, et surtout il faut utiliser ces réseaux. Le réflexe de s’en référer sans cesse aux mêmes médias sans cesse, même pour les critiquer, est intrinsèquement malsain. On accorde un pouvoir qui n’est pas justifié. En fait, on donne vie aux miroirs déformants qu’ils nous mettent devant les yeux. Arrêtons de nous procurer ces torchons, de relayer leurs salades.
Yan Crevier


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    31 octobre 2012

    '' Jean Charest, qui était alors Premier Ministre – et responsable de cette hausse des frais de scolarité, avait ouvertement montré son dédain envers toute une partie de la population. Sans la moindre retenue, il s’était moqué d’eux.''
    Oui mais...
    Étudiants-tes,la victoire vous appartient !
    http://www.youtube.com/watch?v=lU01qAlykcM