Vous avez dit... "les raisons"?
6 septembre 2008
La prochaine élection fédérale pourrait permettre aux indépendantistes de juger quant à l’opportunité de continuer leurs appuis au P.Q.
La prochaine performance électorale du Bloc pourrait bien servir de mesure, en effet, à ce que seront les résultats du P.Q. aux prochaines élections.
Je fais donc référence ici aux militants. Aux militants indépendantistes du P.Q. S’il en reste au P.Q. Je crois qu’il en reste. Et je crois qu’ils sont nombreux et fidèles.
Quant à l’électorat péquiste, souverainiste et indépendantiste, cet immense électorat si fidèle lui restera fidèle. Rien n’est pourtant joué. La vraie question---bien plus importante qu’il n’y paraît à première vue--- sera de savoir si les militants indépendantistes préféreront rester fidèles à l’indépendantisme, ou à un parti politique, très capable encore, très porteur, très performant, souverainiste ou indépendantiste, si on veut, mais piégé dans une conception de son rôle historique, qui pourrait bien l’acheminer à se marginaliser sur l’échiquier politique.
Cette marginalisation politique très possible du P.Q. marginaliserait plus encore la cause indépendantiste elle-même. Mais le plus grave serait que toute cette force politique indépendantiste du P.Q. serait tue. Aphone. Inexistante politiquement. Comme prisonnière à l’intérieur d’un parti lui-même prisonnier de sa stratégie.
La stratégie des fédéralistes, elle, ne passe pas par la constitution bidon de partis faussement indépendantistes. Cela ne lui est pas nécessaire. Les sondages et les deux dernières élections indiquent depuis assez longtemps une désaffection à l’égard du P.Q. lui-même, pour que les indépendantistes ne se réfugient pas dans le déni.
L’idée que l’union fait la force (celle de tous les indépendantistes), d’une nécessaire alliance, n’est pas ICI, À CE MOMENT-CI, l’argument le plus convainquant, la dernière élection ayant relégué le P.Q. comme tiers parti, lui dont toute la stratégie a constitué, depuis toujours, à se présenter comme un parti d’alternance, lorsqu’il était dans l’opposition.
Les militants du P.Q. peuvent bien croire qu’un parti d’alternance (avec ou sans nécessaire alliance) peut éventuellement devenir un gouvernement de ruptures, ou même de Rupture. L’électorat n’est pas obligé d’y croire, et j’avance l’hypothèse que l’électorat n’y croit plus, s’en méfie plutôt.
Le P.Q. réussit donc le tour de force de s’aliéner une partie son électorat naturel, en plus de conforter et de fédérer fermement ses opposants !(les sondages ne contredisent pas cette affirmation).
Je crois que l’électorat se méfie maintenant plus du P.Q. que du parti libéral. Non pas que les libéraux aient la cote ! Ils sont détestés tout autant qu’ils le méritent, et ils le méritent beaucoup et plus encore, mais ils ont simplement l’avantage de ne laisser planer aucune ambiguïté, aucune incertitude. Ils sont à genoux! Nous le voyons bien. Et ils ne cherchent même pas à le cacher.
Cela est triste à écrire : le parti libéral est cynique, mais le P.Q. l’est tout autant !
Simplement ambitionner et se satisfaire de devenir la prochaine opposition officielle (peut-être !), en espérant un retournement du sort (re-peut-être !) en faveur du parti de l’alternance, ce n’est pas précisément très prometteur pour la cause indépendantiste. Je répète ici que la révolution tranquille est loin derrière : ce qui était possible d’espérer alors, ne l’est plus. C’est comme si l’histoire mondiale avait accéléré le pas. Le peuple du Québec---tout centré qu’il soit sur lui-même, (très normal), comme bien d’autres peuples---n’échappe pas à l’histoire !
Contrairement à ce que semble croire ici M. Bouchard, mon propos n’est pas de nier les injustices passées, ni même récentes, ni même futures… Elles ont existées, elles existent et méritent amplement d’être dénoncées. Même par avance, si on y tient !
Je veux simplement soumettre que le peuple(les peuples) du R.O.C. ne s’intéressent plus à la question québécoise. Pas seulement par assurance, par lassitude aussi. Telle est une victoire importante mais sous-estimée de l’étapisme, que je dénonce par ailleurs.
Les indépendantistes n’avaient pas bien remarqué que leurs actions avaient conforté le P.L.C de Pierre Trudeau. En effet, en n’investissant pas la sphère fédérale, comme le fait maintenant le Bloc, ce sont les fédéralistes canadiens qui avaient été fédérés assez facilement par l’action du P.Q. Cela avait été particulièrement CONTRE-PRODUCTIF comme stratégie. Mais le P.L.C est mort depuis, ainsi que nous pourrons le voir au soir des prochaines élections fédérales. Il y a une nouvelle donne politique à être prochainement confirmée.
Les choses sont maintenant inversées : ce sont les fédéralistes provinciaux du P.L.Q qui sont confortés, mais par l’action et le discours en demi-vérité du P.Q.Ajoutez-y en plus un discours « victimaire », et si le discours « victimaire » n’existe pas, un discours dénonciateur de l’indolence du peuple québécois, de son incurie, de sa manipulation, de la traîtrise et du mépris du peuple canadien aussi, des combines d’Ottawa et de Washington, jour et nuit, de Paris et Sarkhozy cet automne, de tout ce que vous voudrez---aussi juste que cela soit !(et cela est juste)---cela ne fera que s’éloigner DAVANTAGE l’électorat, déjà éloigné, en général, du P.Q.et de….l’indépendantisme !
Il me semble qu’il serait grandement temps que ce soient les partis indépendantistes qui parlent de liberté (pas juste des chaînes « victimisantes » !).Qu’ils en parlent haut et fort ! Avec du ton. Fermement. Résolument et DUREMENT, très DUREMENT, s’il le faut ! Avant que l’idée n’en vienne à nos libéraux capitulards, qui sont à genoux, et qui voudraient bien qu’on les croit combattant.
Dénonçons donc nos aimables bourreaux à genoux avant de s’en chercher au R.O.C. ou dans le West Island ! Le peuple québécois est majeur, et ne s’occupe pas de ces derniers. S’en cal…souverainement ! Un Québec indépendant ne pourrait pas changer son voisinage extérieur de toute façon. L’Ontario va rester au sud et à l’ouest du Québec… Mais le peuple québécois devrait devoir changer son environnement intérieur …Le Boul. René Lévesque, à Montréal, devrait être le Boul. René Lévesque de bout en bout de la rue… !
Pour l’heure, le BLOC s’appuie sur le P.Q. Je crains que ce ne soit le BLOC qui en paie bientôt le prix le premier.
Je voterai BLOC. Il faut voter BLOC en bloc !
Si jamais un seul vote stratégique indépendantiste fut nécessaire, c’est bien celui à la prochaine élection fédérale.