Barcelone — La police municipale de Barcelone a évalué à 700 000 le nombre de personnes ayant manifesté mardi dans la ville pour protester contre les violences de la police espagnole ayant émaillé dimanche l’organisation d’un référendum d’autodétermination interdit en Catalogne.
Un porte-parole de la mairie a précisé que cette estimation prenait en compte différentes manifestations dans la ville dans l’après-midi et la soirée.
Alors que l’Espagne traverse sa crise la plus grave depuis le retour de la démocratie en 1977, le roi Felipe VI a prononcé une allocution à 21 h (heure locale). Le souverain, symbole de l’unité du pays, a tenté jusqu’à maintenant d’adopter une approche conciliatoire dans l’épreuve de force avec les Catalans qui menacent de déclarer l’indépendance.
L’État doit assurer l’ordre constitutionnel en Catalogne, a indiqué le roi d’Espagne
De nombreuses routes étaient bloquées dans toute la Catalogne, où vivent 7,5 millions de personnes, la Sagrada Familia d’Antoni Gaudi était fermée et le FC Barcelone ne s’entraînait pas.
Appelées par les principaux syndicats à paralyser la région, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées lors de manifestations d’étudiants, de pompiers ou de simples citoyens indignés par les violences.
« Dehors les forces d’occupation ! », « Les rues seront toujours à nous ! » : les artères de Barcelone résonnaient de slogans hostiles à la police nationale et à la Garde civile, envoyées par Madrid.
Photo: Jean-Philippe Marcou Agence France-Presse
Une nouvelle manifestation organisée en fin de journée sur le Paseo de Gracia, dans le centre, rassemblait des dizaines de milliers de personnes au son des fanfares, des casseroles et de l’hymne nationaliste « L’estaca », selon des journalistes de l’AFP.
Des milliers de manifestants se dirigeaient vers le siège de la police nationale, mais un barrage de fourgons de police les empêchait de s’en approcher.
Les images des coups de matraque assénés par les policiers et les gardes civils dimanche ont fait le tour du monde.
En réaction, des centaines de gardes civils ont été forcés de quitter deux hôtels où ils étaient hébergés. Certains d’entre eux vont être relogés sur une base militaire près de la frontière française, selon José Cobo, porte-parole de l’association espagnole de gardes civils.
Ces cas de harcèlement ont poussé le ministre de l’Intérieur Juan Ignacio Zoido à accuser le gouvernement régional indépendantiste d’« inciter » la population à « la rébellion ».
Grève générale
Dans la journée de mardi, le port de Barcelone, troisième d’Espagne, et le marché alimentaire de gros de Catalogne, l’un des plus importants d’Europe, étaient quasiment à l’arrêt.
Le syndicat Pimec, première organisation patronale pour les PME de Catalogne, a annoncé que « 54 % des PME du territoire catalan ont arrêté leur activité durant toute la journée et 31 % des entreprises ont eu recours à des arrêts partiels ».
Beaucoup de monuments et sites touristiques de Barcelone n’ont pas ouvert leurs portes. « C’est une déception car nous ne sommes ici que quelques jours, mais il est difficile de dire que mes vacances sont plus importantes que ce qui est en train de se passer », a déclaré Karen Healey, une Américaine de 53 ans.
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Appel au dialogue
Malgré l’intervention policière violente dans plus d’une centaine de bureaux de vote pour empêcher le référendum, 2,2 millions de personnes ont participé au vote, selon le gouvernement régional catalan.
En réaction, l’Union Européenne a demandé lundi au gouvernement qu’il dialogue avec l’exécutif catalan, qui menace de faire une déclaration unilatérale dans les prochains jours faute de négociations.
« Personne en Europe ne peut demander [au gouvernement] de dialoguer sans respecter la Constitution », a affirmé à Madrid le porte-parole du gouvernement espagnol, Inigo Mendez de Vigo.
L’Écosse, où une majorité d’électeurs se sont prononcés contre l’indépendance lors d’un référendum en 2014, a appelé l’UE ou les Nations unies à intervenir pour dénouer la crise.
À en croire le gouvernement catalan, 90 % des Catalans ayant participé à la consultation interdite de dimanche ont voté oui à la séparation avec l’Espagne. La participation a été supérieure à 42 %, selon, l’exécutif catalan.
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