ALENA: Brian Mulroney prêt à abolir la gestion de l'offre

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Avis aux agriculteurs québécois ! Les jours de la gestion de l'offre sont comptés

 L'ancien premier ministre Brian Mulroney, qui conseille le gouvernement Trudeau sur les relations canado-américaines depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, estime que l'heure est venue d'abolir la gestion de l'offre pour le lait, les oeufs et la volaille.


Pour mener à bien une telle réforme, le gouvernement fédéral doit toutefois être prêt à offrir de « généreuses compensations » aux producteurs laitiers et aux agriculteurs qui pourraient être touchés, selon l'ancien premier ministre, qui se dit convaincu qu'un tel changement profiterait largement aux consommateurs canadiens tout en provoquant un élan d'innovation dans le secteur agroalimentaire au pays.


M. Mulroney a plaidé en faveur de l'abolition de la gestion de l'offre à quelques reprises, ces derniers mois, lors de discours devant divers groupes oeuvrant dans le domaine de l'agriculture dans l'ouest du pays. Mais ses discours ont eu peu d'échos au Québec jusqu'ici.


Son plaidoyer survient alors que le ministère fédéral des Finances planche sur certains scénarios qui touchent l'avenir de la gestion de l'offre au pays. L'un d'entre eux évaluerait les coûts de l'abolition graduelle de la gestion de l'offre, bien que le gouvernement Trudeau écarte officiellement cette réforme, du moins publiquement, selon des informations obtenues hier par La Presse.


 


L'Australie et la Nouvelle-Zélande en exemple


De passage à Winnipeg, le printemps dernier, M. Mulroney a cité en exemple l'Australie et la Nouvelle-Zélande, qui ont connu un véritable boom dans le secteur des produits laitiers après avoir mis fin à leur système de quota respectif qui limitait les importations de l'étranger. Le Canada doit tirer d'importantes leçons de ce qui a été fait dans ces deux pays, selon lui.



« Si vous êtes un consommateur, vous allez voir que les prix vont diminuer quand vous allez vous débarrasser de ce système de gestion de l'offre parce que les prix sont artificiellement soutenus. Il est vrai que nos producteurs bénéficient de ce système. Mais oui, les consommateurs seraient les grands gagnants de l'abolition de la gestion de l'offre pour le lait, les oeufs et la volaille », a affirmé M. Mulroney dans le cadre de la conférence CropConnect, tenue dans la capitale du Manitoba.


« C'est quelque chose qu'il faut examiner. Mais il faut mettre sur la table une offre généreuse pour les producteurs de manière à ce qu'ils y trouvent leur compte. Cela importe peu que cela se fasse demain ou encore sur une plus longue période de temps. Mais il faut que l'offre soit généreuse. »


M. Mulroney, qui a négocié l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec les États-Unis et le Mexique en 1992 - accord que menace de déchirer le président Trump, s'il ne peut arracher des concessions au Canada et au Mexique -, avait tenu des propos semblables en février 2017 à Edmonton durant une conférence qui réunissait des représentants du monde agricole.


« Je crois que nous devrions réfléchir à une élimination minutieuse, innovante et généreuse de nos programmes de gestion de l'offre pour les produits laitiers et ceux de la volaille », avait notamment dit l'ancien premier ministre.


Relancer le débat


Ses propos risquent de relancer le débat sur la justesse de maintenir la gestion de l'offre au pays, un système érigé en grande partie par l'ancien gouvernement libéral de Pierre Trudeau dans les années 70. Il a été impossible de joindre M. Mulroney hier.


En négociant l'ALENA en 1992, l'ancien premier ministre avait choisi de ne pas inclure la gestion de l'offre dans les pourparlers. Mais depuis lors, le Canada a accepté d'ouvrir quelque peu son marché aux producteurs étrangers en signant un accord de libre-échange avec l'Union européenne et en paraphant le Partenariat transpacifique, entre autres.


Au cours des derniers mois, le président Trump a dénoncé à plusieurs reprises le système canadien de gestion de l'offre, l'utilisant comme exemple pour dénoncer les pratiques commerciales « injustes » du Canada envers les États-Unis.


En coulisses, on estime que l'administration Trump pourrait brandir de nouvelles menaces tarifaires contre les exportations canadiennes tant et aussi longtemps que le gouvernement canadien ne jettera pas du lest dans le dossier de la gestion de l'offre.


À ce sujet, le premier ministre Justin Trudeau a soufflé le chaud et le froid au cours des derniers mois. Il s'est porté vigoureusement à la défense de la gestion de l'offre à la Chambre des communes, puis lors de l'élection partielle dans Chicoutimi-Le Fjord en juin. Mais il a déclaré au réseau de télévision américain NBC dans le cadre de l'émission Meet The Pressque le Canada était prêt à faire preuve de « flexibilité » en accordant aux producteurs américains un meilleur accès au marché canadien.


« Nous avancions vers une plus grande flexibilité sur le sujet et je pensais que c'était très prometteur, mais les États-Unis voulaient une clause crépusculaire, ce qui n'a pas de sens », avait notamment déclaré M. Trudeau durant cette entrevue diffusée au début de juin.


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