Alex Salmond, le premier ministre régional d'Ecosse, propose un référendum sur l'indépendance

Selon les experts, en cas de référendum, le SNP pourrait subir le "syndrome québécois", une situation où l’accession au pouvoir ne suffit pas à garantir la conversion de la majorité à la cause de l’indépendance.

Écosse et indépendance



Le premier ministre régional d'Ecosse, Alex Salmond, leader du Parti national écossais (SNP), a proposé, mardi 14 août, la tenue d'un référendum sur l'indépendance. "Aujourd'hui est lancée la nouvelle, et j'espère la plus dynamique phase de réformes constitutionnelles pour l'Ecosse" : comme l'a déclaré M. Salmond, lors de la présentation d'un livre blanc prévoyant la tenue d'une consultation en vue de créer "un Etat pleinement indépendant", son objectif à terme est la fin de l'union avec l'Angleterre scellée en 1707.
Pour préserver ses arrières, le premier ministre local, élu en mai, a évoqué une indépendance à long terme. De plus, il entend proposer deux scénarios : le statu quo actuel hérité de la régionalisation de 1999 ou l'attribution de davantage de compétences au Parlement d'Edimbourg, en particulier en matière fiscale.
Depuis sa victoire de justesse sur le Labour, premier parti de la province pendant un demi-siècle, le SNP a multiplié les actes de provocation envers Londres. De l'appel à la création d'une Scottish Broadcasting Corporation destinée à rivaliser la BBC au nord du mur d'Hadrien à la suppression des péages : au fil des mois, le dirigeant indépendantiste, réputé pour sa gouaille et sa présence, est devenu le symbole d'une nouvelle fierté "tartan". Son taux d'approbation dépasse les 50 %. Le gouvernement SNP profite du certain désenchantement que suscite la régionalisation des pouvoirs. Victime de la crise de ses industries de pointe concurrencées par les marchés émergents et de la fin de la manne des hydrocarbures, l'Ecosse reste à la traîne de l'Angleterre sur le plan économique.
"SYNDROME QUÉBÉCOIS"
Pour faire barrage à l'initiative de M. Salmond, les partis d'opposition à l'assemblée provinciale - travailliste, libéraux-démocrates et conservateurs - se sont unis. Dans cette foire d'empoigne, les unionistes peuvent compter sur l'appui des milieux d'affaires et des syndicats hostiles à une telle partition. A leurs yeux, la communauté de destins va de soi. Malgré les réserves d'une majorité d'Anglais à l'égard d'un premier ministre écossais, Gordon Brown a succédé, le 27 juin, à Tony Blair au 10 Downing Street. Son gouvernement, comprend plusieurs poids lourds écossais comme Alistair Darling au ministère des finances.
Par ailleurs, avec l'éclipse du pétrole de la mer du Nord, les transferts financiers de Londres vers l'Ecosse ont pratiquement doublé entre 1999 et 2006. En raison d'un mode de répartition de l'impôt biaisé en faveur de l'Ecosse, les dépenses publiques en matière de santé, d'éducation ou de transport y sont 22 % plus élevées qu'en Angleterre. Aussi, malgré l'essor de la place financière d'Edimbourg, l'économie écossaise n'a pas les atouts - éducation, incitation aux PME, présence de multinationales étrangères - pour voler de ses propres ailes en répétant le succès des petits pays cités en exemple par M. Salmond : Irlande, Danemark, Norvège.
Enfin, les partis locaux anti-indépendantistes redoutent l'effet de cette surenchère du SNP en Angleterre. Arguant de l'existence d'une assemblée locale aux pouvoirs substantiels, une majorité d'Anglais veut désormais interdire aux députés écossais de la Chambre des communes de voter les lois anglaises.
Le Parlement est responsable de l'éducation, la formation, la santé, la justice, la police, le logement, la culture, l'agriculture, l'environnement et la taxe locale. La diplomatie, la défense, la fiscalité, la politique économique et la sécurité sociale relèvent toujours de Londres.
Selon les experts, en cas de référendum, le SNP pourrait subir le "syndrome québécois", une situation où l'accession au pouvoir ne suffit pas à garantir la conversion de la majorité à la cause de l'indépendance.
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Marc Roche


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