Cher M. Khadir,
Depuis quelques jours, voire quelques semaines, le système a décidé de vous faire la vie dure ; très dure même. Pour ce faire, il utilise son bras armé pour vous arrêter, vous et votre fière fille (qu’il a même osé cueillir dans sa chambre à coucher, aux aurores). Mais il s’appuie quand même davantage sur son bras médiatique pour écorcher votre réputation, pour vous confiner à la marginalité, là où plus personne ne vous écouterait. Là est l’objectif du système. Vous neutraliser, il souhaite car vous êtes dangereux pour le sale ordre établi. Ce qui prouve bien que vous marchez dans le droit chemin. Alors, de grâce, continuez !
Sous la plume des plumitifs, vous êtes dépeint comme un radical, un terroriste, un adepte de la violence qui collectionne des affiches de lui-même par l’entremise desquelles vous abattez Charest. On vous talonne, on vous suit à la trace pour relever le moindre de vos faux pas dont les salauds comptent se servir pour enfoncer d’autres clous dans votre cercueil. Votre tête est mise à prix, n’en doutez point.
Pourtant, rien de ce que vous faites ne mérite un tel traitement. Je vous observe depuis quelques années. Je sais que vous luttez sans relâche pour le bien commun. Votre engagement est généreux, est solidaire, est noble. Lorsque le Che affirmait que ce qui rendait les révolutionnaires plus forts que les oligarques c’était leur amour de la justice, on en a un bon exemple en votre personne. Vous savez faire preuve de courage pour détrousser les filous, les arnaqueurs, les profiteurs. Vous n’avez jamais hésité à aller sur la place publique pour dénoncer le copinage, pratique en vogue au sein du parti corrompu de Jean Charest. Vous n’avez jamais craint d’exprimer librement vos opinions, même lorsqu’il s’agissait de dossiers explosifs comme l’est celui opposant la Palestine au colonialisme sioniste. Et dans la présente crise sociale que nous traversons, vous êtes fidèle à vous-même : libre, digne et courageux. Vous ne craignez pas d’être aux côtés, dans la rue, de ceux qui espèrent enfin changer le monde. Pour cela, et tout le reste, je vous remercie fraternellement. Vous nous redonnez, à nous les simples militants, beaucoup d’espoir pour la suite des choses.
Mais la liberté a un prix. Et vous êtes en train de le payer. Comme notre ami Pierre Falardeau a dû le payer en son temps pas si lointain. Combien de fois a-t-on sorti ses paroles de leurs contextes pour l’écorcher, pour le faire passer pour fou furieux ? À maintes et maintes reprises. Yves Michaud a goûté également à la médecine de nos désinformateurs en herbe. On lui a mis des propos antisémites dans la bouche, propos qu’il n’a JAMAIS prononcés. 10 ans plus tard, il se bat toujours pour rétablir sa réputation. Jacques Parizeau se trouve dans une situation similaire, lui, à cause de son discours de 1995. Avant eux, Pierre Bourgault et compagnie ont aussi subi les foudres du système de propagande. Et je puis dire que je suis relativement bien placé pour les comprendre, pour vous comprendre puisque je suis passé par là à quelques reprises, entre autres lors de notre lutte victorieuse contre le projet de reconstitution de la bataille des plaines d’Abraham, en 2009.
Le pire avec ce système vomitif, c’est qu’on ne peut à peu près pas se défendre lorsque les médias se déchaînent contre nous. Ce fut mon cas en 2009, comme il en fut toujours par ailleurs. Je me rappelle m’être levé un matin alors que quatre éditoriaux des principaux journaux me concernaient, me plantaient. Jamais je n’ai pu répliquer à ces textes ni à aucune accusation me dépeignant sous les traits d’un Ben Laden québécois soit dit en passant. En nos terres, la censure sévit fermement, n’en doutons point !
J’ai toujours cru que tout système judiciaire digne de ce nom devait accorder la parole aux accusés pour qu’ils aient au moins la chance de se défendre. Mais au Québec, quand tu es indépendantiste et de gauche, avoir le privilège de te défendre sur la place publique dans les procès que la presse nous organise est aussi rare que des excréments papaux. Et c’est scandaleux !
Cela fait maintenant des années que je dénonce la situation médiatique au Québec. J’ai même mis sur pied un journal indépendantiste alternatif pour m’aider à davantage sensibiliser mes compatriotes à l’urgence de la situation. J’ai effectué plusieurs missions auprès du Parti Québécois. Sans succès; dans ce dossier comme dans tant d’autres, ce vieux parti est incapable de grandeur. En fait, Pauline a plutôt plié face aux médias qui exigeaient mon exécution en interdisant à tous ses députés d’acheter de la publicité dans notre journal. Un grand geste courageux que celui-là !
S’il est futile de penser vaincre l’anti-émeute en t-shirt, il est aussi utopique de penser mener la véritable Révolution québécoise alors que tous les médias y sont opposés. On ne peut pas constamment demander à nos ennemis de diffuser nos propres messages, tout en espérant que cela sera honnêtement fait. C’est con d’agir ainsi. Et ça fait pourtant des décennies que telle est notre stratégie. Ce qui nous contraint à choisir entre deux options : mettre toujours plus d’eau dans notre vin pour faire plaisir aux désinformateurs qui servent le système, au risque de boire plus d’eau que de vin au final. Ou alors tenir bon et exprimer très authentiquement nos opinions, et se retrouver ainsi la cible des médias qui feront alors tout pour nous démoniser.
Dans mon esprit, il est clair qu’il faille, pour espérer vaincre un jour, libérer la parole indépendantiste et progressiste. En cela, je suis profondément inspiré par les mouvements de libération nationale européens, le Basque entre autres, lui qui possède un quotidien indépendantiste et socialiste (Gara).
Pour libérer la parole québécoise, nous aurons besoin du soutien énergique et courageux de citoyens influents qui auront compris l’importance de diversifier les sources d’information au Québec, ce qui ne peut être fait qu’en s’attaquant de plein fouet à la concentration de la presse telle qu’elle sévit en nos terres. Cela peut se faire, certes, en appuyant la presse alternative, de façon à ce qu’elle ne soit plus alternative. En transformant Télé-Québec en véritable chaîne d’information, mais différente de LCN ou RDI parce que défendant une ligne éditoriale indépendantiste et de gauche. Ou en appuyant financièrement un groupe qui désirait mettre sur pied un véritable journal (ou une radio ou que sais-je encore) indépendantiste et de gauche au Québec.
En fait, peu importe la solution retenue pour s'attaquer à ce problème fondamental, mon but, par la présente, est de vous interpeller, de vous demander d’être la bougie d’allumage qui permettra tout le reste. Vous êtes très certainement le député le mieux placé pour comprendre qu’il ne pourra pas toujours en aller ainsi, qu’on ne pourra pas toujours laisser les crypto fascistes qui servent l’oligarchie mondiale asperger notre peuple, grâce aux médias merdiques qu’ils possèdent, d’idées rétrogrades et liberticides. Dans ce combat pour la libération de la voix citoyenne, le peuple a besoin de vous. Je vous sais assez grand et fort pour répondre favorablement à cet appel. Soyez celui, avec votre intelligence, votre imagination et votre courage, qui permettra enfin l’émergence d’une voix nouvelle et par conséquent salvatrice !
Vive la Révolution québécoise !
CHRONIQUES DE PATRICK BOURGEOIS
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