En donnant son appui à Justin Trudeau, Barack Obama a-t-il fait de l’ingérence politique et porté atteinte à la souveraineté canadienne ? Le Polygraphe du Devoir s’est penché sur la question.
Élections Canada a déjà indiqué que cela n’enfreignait pas la Loi électorale et que cela relevait de la liberté d’opinion, comme le permet l'article 282.4(3)a du texte de loi. Mais encore ? « C’est audacieux, mais ce n’est pas de l’ingérence », selon Louis Balthazar, spécialiste de la politique américaine et professeur émérite de l’Université Laval.
« Il y aurait ingérence si c’était un président en fonction. Obama n’est responsable de rien à l’heure actuelle. […] Un citoyen américain a le droit d’exprimer son opinion. »
Depuis mercredi, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le tweet de l’ex-président Obama, dans lequel il invite les Canadiens à voter pour Justin Trudeau.
I was proud to work with Justin Trudeau as President. He's a hard-working, effective leader who takes on big issues like climate change. The world needs his progressive leadership now, and I hope our neighbors to the north support him for another term.
— Barack Obama (@BarackObama) October 16, 2019
Le décrivant comme un « dirigeant travailleur et efficace qui s’attaque à d’importants enjeux, comme les changements climatiques », M. Obama a aussi écrit que « le monde » avait « besoin de son leadership progressiste en ce moment ». « J’espère que nos voisins du nord vont le soutenir pour un nouveau mandat », a-t-il conclu.
Relayé par des milliers de militants libéraux, le tweet a notamment été critiqué par Ian Brodie, un ancien chef de cabinet de Stephen Harper, qui a écrit sur Twitter qu’il s’agissait « d’ingérence étrangère ».
Au Québec, l’adjoint parlementaire de François Legault, Christopher Skeete, a répondu à Barack Obama qu’il « apprécierait » que les élections canadiennes soient « seulement » le choix des Canadiens au même titre que les présidentielles de 2016 l’ont été pour les Américains.
Pour Louis Balthazar, toute comparaison avec le « Vive le Québec libre ! » de De Gaulle, par exemple, ou avec le rôle joué par la Russie dans l’élection à la présidence de Donald Trump est sans fondement. « De Gaulle était le président de la France en exercice », rappelle notamment le professeur.
Il n’en demeure pas moins que « c’est assez rare », note-t-il, même si, dans l’histoire des relations entre le Canada et les États-Unis, « on a pu sentir dans bien des cas des préférences ». « En général, les démocrates ont favorisé le Parti libéral », mentionne notamment le professeur.
Avec La Presse canadienne