Ce qu'ils pourront dire en 2011

La nation québécoise comme on sait n'est pas reconnue

Chronique d'André Savard

La nation québécoise comme on sait n'est pas reconnue
constitutionnellement par le régime canadien. À chaque élection au niveau fédéral, cette situation donne lieu a une étonnante superposition entre les candidats du Bloc et les autres.
Ceux qui sont chargés de se présenter pour les grands partis unitaristes canadiens n'en parlent tout simplement pas. Ils diront qu'aucun mouvement assez fort n'est visible au Canada pour justifier que l'on en parle et que, de toute manière, la non-reconnaissance de la nation québécoise n'empêche pas les succès du régime.
Ensuite on vous dira que la nation est dans le coeur, le goût d'entreprendre individuellement, et que ce sont ces deux éléments qui déterminent la solidité institutionnelle, pas les politiciens. Des Libéraux et des Conservateurs vont répéter cela lors des prochaines élections que plusieurs voient en 2011.
Ceux-là ne parleront du Québec qu'en fonction de ce que la scène politique canadienne est disposée à entendre. Le Canada est un pays libre, dit-on, mais il a la dent dure quand il s'agit de tenir la nation québécoise en lisière. Rien de nouveau, dira-t-on, et, en attendant l'indépendance, il faut faire avec.
Entre-temps cependant, nous sommes habitués à voir des gens se présenter pour les partis politiques unitaristes canadiens décidant du degré d'importance de leurs solidarités en fonction des priorités de leur parti. Ils ne seront pas nécessairement jugés pour cela. Par exemple, dans la ville de Québec, Libéraux et Conservateurs se vanteront de pouvoir mettre en chantier le futur colisée. Ils diront qu'ils veulent que l'électeur les élise en fonction de ce problème concret.
Bref, peu importe le principe général dans la situation particulière où nous sommes. À un autre moment, ils diront peu importe la nation particulière qui trouvera son bien dans les nécessités de l'ensemble général. Ce sera la réponse à donner pour satisfaire le plan de communication de leur parti, Conservateur et Libéral.
Ils seront des représentants qui répéteront en 2011 que les mailles du système qu'ils représentent sont assez larges pour tenter de résoudre les problèmes au sujet desquels ce système accepte de parler et qui, conséquemment, sont les seuls qui méritent vraiment d'être traités.
André Savard


Laissez un commentaire



17 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010

    Oui mais ça c'est de la répartition chronologique. Il y a eu le rapport d'opposition aux forces british puis les procédures du Fédéral. La nation québéoise a une filiation culturelle, une base territoriale qu'elle doit affirmer infrangible et elle est en voie d'affirmer sa dimension civique et les exigences qui en découlent. Il n'y a pas lieu de rabattre la nation québécoise sur une dimension qui voudrait ignorer les deux autres.
    André Savard

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010

    Ah ! Le voici l’autre contre argument si cher à nos bons fédéralistes : après le faux obstacle de la diaspora hors Québec, voici la fameuse, la soi-disant obsession de pureté du nationalisme canadien-français. Malheureusement M. Savard, s’assumer Canadien-Français n’a rien d’une recherche de pureté, c’est une volonté de plus grande incarnation, d’enracinement ici-bas. Car un Canadien-Français, ça se salit les mains, ça refuse la défaite, ça se bat, ça enfante, ça laboure, ça construit des villes, des routes, des collèges et des hôpitaux, ça affirme sa francité tant et si bien que ça assimile les étrangers, ça grandit quoi. En revanche un Québécois, ça n’aime pas trop se salir, ça jongle, ça hésite, ça réforme, ça se tâte, ça gaspille, ça s’étourdit, et ça se plaint beaucoup, ça n’a plus le coeur à rien, ça lui prend maintenant 20 ans pour accoucher d’un simple hôpital, ça se fait manger la laine sur le dos, ça se fait voler un pays mais ce n’est pas grave, parce que devenu Québécois, il se sait irréprochable, civique, tout propre, tout net, enfin pur de toute ethnicité, ce n’est pas grave, parce qu’il sait -lui- que tôt ou tard ce Québec accommodant, « désethnicisé », sera reconnu indépendant, et que ce sera le pays des purs, des délavés, des acculturés, des apatrides d’ici ou d’ailleurs. Et bien M. Savard, ce n’est pas ce que je veux moi, un pays d’apatrides, ce n’est pas ce que mes ancêtres ont voulu ; ce qu’ils bâtissaient et ce que j’aimerais bâtir à leur suite, c’est une patrie véritable, c’est un pays pour les miens, et bien sûr, pour tous ceux qui voudront faire corps avec eux, voilà tout.
    Joyeux Noël, ou plutôt, Joyeux Décembre ! M. Savard.
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010

    M. Savard, comme vous le savez bien, le 27 novembre 2006, le Premier ministre canadien a déposé une motion visant à reconnaître « que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni » Elle fut acceptée par 266 voix contre 16. Elle vint en réponse à une motion bloquiste rejetée par 233 voix contre 48 qui ne voulait certainement pas du "au sein du Canada uni".
    Ici, la nation "les Québécois" n'indique pas que c'est une nation francophone, elle est reconnue inclusive, donc bilingue à l'intérieur du Canada bilingue aussi, formée de...tous les Québécois.
    Quand nous étions des Canadiens-français francophones, comme le disait M. Elvis Gratton, nous n'avions pas à nous demander si nous devions inclure ou non nos Anglophones, ils étaient exclus de notre Nation, même si nous n'avions pas de pays francophone spécifique où ils étaient majoritaires, seulement une province qui ne semble pas encore vouloir se détacher du ROC de façon solidement majoritaire.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010

    La nation n'est pas un phénomène unidimensionnel. Il y a l'asoect de la filiation culturelle, du territoire, et la dimension civique. La nation n'est pas une de ses dimensions qui excluent les autres.
    André Savard

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010

    Alors, la nation québécoise n'en est pas une française vu qu'elle serait inclusive de toutes les personnes qui y vivent, y compris nos Anglophones.
    Je serais donc, descendant d'ancêtres venus de France vers 1763, de la même nation que notre Anglophone de Westmount qui ne parle même pas français ? Est-ce qu'il se sent un Québécois à part entière ou comme un Rhodésien ou si nous allons tenter de l'en convaincre en lui coupant les services en anglais dans un Québec souverain francophone ou bilingue ?
    Alors, à qui bon séparer le Québec du Canada si c’est pour devenir un pays bilingue et multiculturel comme le Canada tente de le réussir ?
    Le concept de la nation civique est bien joli et très démocratique et inclusif et tout. Ça, il semblerait que nous l’avons déjà.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010

    Il y aura des élections fédérales au printemps. Les candidats des partis unitaristes recevront des consignes sur quoi dire ou ne pas dire pour que que le système politique canadien paraisse bien. On peut le voir comme un paysage anecdotique. Ce ne le sera pas pour les citoyebs québécois qui se feront remplir les oreilles.
    Pour ce qui est de se reconnaître soi-même, j'ai écrit combien de fois qu'il ne fallait pas attendre le jour J pour ce faire, plusieurs fois. Et je me faisais répondre que la seule libération aura lieu au jour J, et que le reste est superfétatoire.
    Quand on trate une cause comme la pureté d'un concept à atteindre, loin d'éviter les détournements, on tombe dedans. Voyez ceux qui veulent atteindre rétroactivement la pureté de l'essence de la nation canadienne-française. C'en est un des avatars les plus pitoyables.
    André Savard

  • Archives de Vigile Répondre

    22 décembre 2010


    D'accord monsieur Savard.
    Le Québec ne sera jamais reconnu tant que les Québécois ne l'auront pas reconnu en pemier lieu. Seul le peuple du Québec est habilité pour se reconnaître peuple, nation et État.
    Pourtant, dans son rapport célèbre, Lord Durham reconnaît le peuple et la nation constitués par les anciens colons de Nouvelle France.
    Peine perdue, les colons ne se reconnaissent pas eux-mêmes.
    Le 29 novembre 2007, le Parlement d'Ottawa reconnaît (remarquez que je l'inscrit au présent pour en signifier le caractère actuel)le peuple Québécois comme "nation within Canada".
    La traduction en français en a faussé le sens: Nation dans le sein du Canada, comme si un statut relevait de l'obstétrique. Le terme Canada peut signifier un continent distinct au nord des Amérique. Dans les conditions actuelles, il signifie une inféodation (toujours transitoire) au Parlement d'Ottawa.
    Les Québécois se comportent comme s'ils étaient en prison alors que la porte est ouverte depuis longtemps et qu'ils oont la clé dans la poche.
    Que les Québécois continuent de dire "Oui mais, si mais, il y a ci et il y a ....." alors que les arguments statutaires ne manquent concrètement jamais pour prouver le contraire.
    Il faudra attendre l'arrivée d'une nouvelle génération avant de passer aux actes. Pour le moment, il n'y a pas moyen d'arracher les Québécois du niveau anecdotal de leur iintellect, planté dans leur tête par nos artistes même indépendantistes.
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    Eh bien, creusons le sable avec une fourchette, découvrons que la nation québécoise n'a existé que dans la tête des comploteurs, découvrons aussi que la diaspora francophone d'un océan à l'autre seule se mérite le titre de nation. Découvrons que Fernand Dumont a péché contre sa propre conscience en jugeant que la nation québécoise existait bel et bien. Et tant qu'à y a être, la Terre est bleue comme une orange.
    André Savard

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    Tiens donc! vous ennuierais-je M. Savard, préférez-vous les soliloques? Reste que si la «nation québécoise» n’est pas une invention péquiste (et libérale aussi, soyons bon prince), elle en a toutes les apparences. Car en 1967, aux États généraux du Canada français, on ne reconnaît que la nation canadienne-française. Et en 1976, l’étude jusqu’ici inégalée de nos droits à la souveraineté de Jacques Brossard («L'accession à la souveraineté et le cas du Québec»), ne reconnaît toujours rien d’autre. Au mieux y avance-t-on que, lors d’un éventuel référendum, pourrait être admis que l’ensemble de la population du Québec puisse agir à titre de fiduciaire du droit à l’autodétermination de la nation canadienne-française. Un petit tour de passe-passe théorique que l’obsession référendaire des péquistes a rendu permanent. Mais oui c’est vrai, plutôt que dénoncer cet état de chose, ce détournement, beaucoup de vieux Canadiens-Français comme Fernand Dumont ont préféré, en dépit de leur conscience, ménager la chèvre et le chou, maintenir l’illusion, faire comme si de rien n’était, comme si ce peuple québécois équivalait en gros à la nation canadienne-française. Or, ce n’est pas le cas, la nation Québec s’avère avec le temps aussi bilingue et pluraliste, aussi assimilatrice que cette nation Canada idéalisée par Trudeau. Et c’est ce que plusieurs dénoncent ici sans trop le comprendre.
    Mais le plus grave est de constater à quel point vous vous êtes détaché de vos racines. C’est franchement consternant.
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    Et les Etats ne représentent pas leur diaspora hors du territoire national. D'Ailleurs les Acadiens diront qu'ils ne sont pas de la nation québécoise. La nation québécoise est un phénomène national distinct au sein de la diaspora francophone en Amérique du Nord. En passant, ce n'est pas le PArti Québécois qui a inventé la nation québécoise. Il existe un livre traitant de ce sujet, Génèse de la Nation Québécoise de Fernand Dumond qui pourra rassurer ceux qui voient dans la nation québécoise les traces obscures d'un complot péquiste.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    Et on en revient encore à l’obstacle de la diaspora… Alors reprenons, la plupart des États d’Europe abritent des minorités liées à des nations limitrophes, par exemple, il y a sans doute des Hongrois en Roumanie et des Roumains en Hongrie, cela n’empêche pourtant pas l’une et l’autre de constituer un État national à part entière, tout à fait légitime. En quoi donc le fait qu’il y ait des Canadiens-Français hors Québec empêcherait le Québec, le foyer de la nation canadienne-française, de devenir le Canada Français? Non M. Savard, ce prétexte éculé des minorités ne tient pas la route, c’est un faux prétexte des fédéralistes ayant longtemps servi à nous culpabiliser, à nous neutraliser, un faux prétexte curieusement repris par les péquistes pour nous faire gober la nécessité de leur québécitude pluraliste et bilingue. Il faudrait vraiment trouver autre chose.
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    Personne ne dit qu'une nation est irréelle avant d'avoir un Etat national. Pour le moment, le Québec est un pays sociologique sans structure d'expression politique adéquate, pas même de reconnaissance constitutionnnelle. Pour ce qui est des Acadiens, des franco-manitobains, des franco-ontariens, ils ne sont pas représentés par le gouvernement québécois. Ceci n'empêche pas la solidarité mais ce serait de l'usurpation de les représenter à moins d'être dûment mandaté pas eux pour se faire.
    André Savard

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    M. Savard,
    La nation slovène, la nation slovaque, la nation lettone ne disposaient pas d'un État avant 1917, étaient-elles pour autant politiquement irréelles? Non, elles existaient bel et bien et c'est leur ferme volonté d'affimation qui leur a alors permis de se voir dotées chacune d'un État qui ne réfère qu'à elles. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour les Canadiens-Français, pourquoi ne pourrait-on pas faire du Québec colonial et pluraliste, notre État national, le Canada Français? Qui donc lèserait-on en le faisant?
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    21 décembre 2010

    Hélas, le Canada français est un héritage historique dépossédé de toute structure représentative digne de ce nom. Opposer la nation québécoise au Canada Français, c'est un artifice conceptuel. L'un n'a pas pour but de prendre la place de l'autre. On traite juste de deux réalités différentes qui partage la même source, la même filiation culturelle.
    André Savard

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2010

    Voyez Mme Pelletier comme cette réponse de M. Savard est révélatrice : selon lui, se dire Canadiens-Français serait nier le caractère national du Québec, ce serait avouer habiter une province comme les autres. Pourtant, et vous serez sans doute d’accord avec moi, jusque dans les années 1970, il est entendu que la province de Québec n’est pas comme les autres précisément parce qu’elle constitue le foyer national des Canadiens-Français. Sans la nation canadienne-française, sans nous, le Québec n’est rien de plus qu’une autre province anglaise. Bien plus, il est clair qu’à son origine, le mouvement souverainiste cherche à faire du Québec l’État national des Canadiens-Français, c’est indéniable. Et bien, c’est comme si M. Savard et ses semblables avaient tout oublié ça, plus exactement comme s’ils avaient inversé la donne. Pour eux, c’est maintenant le Québec d’abord, c’est lui qui nous donnerait identité et dignité, c’est lui qui nous aurait finalement investi d’un statut de nation véritable conjointement aux anglophones et aux multiples communautés ethniques qui l’habitent. Certains sont si loin dans cette aliénation, dans cette «québécisation», qu’ils nient carrément la réalité historique et politique de la nation canadienne-française. Nos ancêtres auraient formé au mieux une vague ethnie, une sorte d’erreur de la nature n’ayant que végété avant que d’atteindre la lumière de la québécitude... Rendus là, vous comprenez à quel point il peut être difficile de se dire Canadiens-Français à nouveau. C’est comme si on leur disait qu’ils agissent comme des imbéciles depuis 40 ans. Or, ces beaux messieurs sont si orgueilleux, si infatués d’eux-mêmes, qu’ils préfèreront cent fois nous voir crever comme nation, plutôt que d’admettre la simple possibilité qu’ils puissent s’être un jour trompés.
    Cordialement,
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2010

    Pour le moment, le Québec nage avec le courant sous prétexte que le Fédéral a contrecarré les issues possibles. Se dire canadiens français c'est renoncer à notre nom. Dire que le Québec est une province au sens où on l'entend au Canada, c'est-à-dire un palier gouvernemental d'un autre Etat, c'est ramener l'Etat québécois au rang de structure administrative et dénier sa qualité de gouvernement national des Québécois.
    André Savard

  • Lise Pelletier Répondre

    19 décembre 2010

    M.Savard, bonsoir
    Si la nation québécoise telle que définit par M.Harper n'apporte rien de plus au québécois.
    Quel est votre avis sur le texte de M.Labrie concernant le retour de l'appelation Canadien-Français.
    Moi, j'en suis, si une chance de reprendre de notre pouvoir y est annexée.
    Je crois même que ce serait la base d'un retour aux sources qui mobiliserait la population qui est en colère de perdre tous ces acquis, mais cette colère, personne ne la ramasse pour en faire quelque chose de constructif.
    C'est tellement désolant et décourageant, les gens attendent les prochaines élections mais savent que pour 2 ans et plus, ils croient qu'ils n'y peuvent rien.
    Combien serons-nous pour la manifesation du 12 février..
    Merci à vous
    Lise Pelletier