Ce que tout péquiste doit savoir

Les 10 leçons de notre expérience

Tribune libre

Pour faire suite aux élections du 7 avril dernier, je propose aux péquistes de serrer les rangs et de réfléchir aux leçons à tirer sur ses actes politiques. Dix leçons, froides, que tout péquiste sait, mais qu’ignorent les Québécois et que les chefs fédéralistes en tête ont comprises depuis belle lurette. Un jeu d’échecs que certains trouvent plutôt amusant. À nos dépens!

La première leçon est qu’aucune stratégie péquiste, depuis 1968, n’a eu d’impact sur le vote monolithique anti souverainiste de plus de 90 % des non francophones. Pourtant, ils représentent 20 % de la population du Québec. En corollaire, ce vote sous-tend une réaction braquée, un climat de peur larvé, malsain qui avantage seulement les fédéralistes. Faut prendre acte.

La seconde est que le PQ n’a jamais réussi, à l’évidence, malgré tous les ajustements stratégiques, à faire du Québec un pays. En corollaire, les actions des gouvernements péquistes ont donné des fruits qui, parfois, pourrissent et à la longue l’empoisonnent.

La troisième réflexion est lors d’élection, qu’une seule parole, une seule stratégie déviante ou contournante du projet de pays sont perçues comme hérétique, un guet-apens politique. Une situation insoutenable. Le pays à bâtir est, de fait, un projet qui transcende et révolutionne les gouvernements. Le projet, fait pour convaincre d’un bloc, se doit d’être transparent, explicite, pragmatique rentable et emballant.
A contrario, la culture des pratiques électorales s’abreuve des nuances de la diversification et de mixités d’un ensemble de facteurs complexes et différents. Le paradoxe nuit aux péquistes, nuit à l’éthique inhérente au mouvement souverainiste et nuit à ses chefs.

La quatrième réflexion est que les stratégies péquistes sur la préservation de l’identité, sont des moyens au service de l’objectif. Le seul objectif crédible est de bâtir un pays. L’élection référendaire devient la seule issue incontournable pour l’avenir du parti. En métaphore, le 10 millions de personnes dans cette mer anglophone à hauteur de 300 millions nécessite une sorte de digue incontournable. En corollaire, la charte des valeurs, bien que souhaitable et toutes gestions de bons gouvernements, à la longue, sont contre-productive pour l’accession à la souveraineté. Il doit n’y voir ni rouge, ni vert il n’y a et il n’y doit avoir qu’un pays à bâtir.

Le point suivant est que le motif d’un bon gouvernement et toutes les variantes d’affirmation nationale lors des élections ont été des échecs répétés comme stratégie de faire du Québec un pays. Mise à part la stratégie claire et vigoureuse de Parizeau dont l’histoire retiendra la tricherie monstrueuse des chefs fédéralistes.
( à suivre)
(Pour faire suite aux élections du 7 avril dernier, je propose aux péquistes de serrer les rangs et de réfléchir aux leçons à tirer sur ses actes politiques. Dix leçons, froides, que tout péquiste sait, mais qu’ignorent les Québécois et que les chefs fédéralistes en tête ont comprises depuis belle lurette. Un jeu d’échecs que certains trouvent plutôt amusant. À nos dépens!)

La sixième réflexion est qu’en mettant de l’avant un projet de pays, il est essentiel que les deux paliers soient mis à contribution. Je n’ai jamais compris les stratégies voulant abandonner un front qui permettent de contrer ou neutraliser les argumentaires adverses au cœur du pays contesté. Le Bloc québécois au palier fédéral est essentiel. Faudrait prendre acte.

De la septième leçon, il faut retenir que les chefs fédéralistes ont fait un coup d’État en 1982 pour contrer les aspirations du Québec. La Cour suprême et les hauts chefs du gouvernement fédéral ont été pris les mains dans le sac de la traîtrise aux intérêts supérieurs. Peut-on demander plus comme exemple de couardise fédéral!

Pour le huitième point, les chefs fédéralistes utilisent tous les moyens de guerre froide pour contrer les aspirations péquistes. En corollaire, ils voient les péquistes comme des ennemis, jamais en apparence, juste en action souterraine.

De l’avant-dernier point, soulignons que le référendum du gouvernement péquiste de 1995 a été usurpé par les chefs fédéralistes. Gênants! En corollaire, les têtes fédéralistes prônent que tous les moyens sont justiciables en temps de guerre.

La dernière leçon dit que les tentatives des fédéralistes avec les ententes de Meech ou le référendum de Charlettetown ont échoué pour accueillir le Québec dans l’honneur et la dignité. Le mal était fait, à vouloir embarrer les uns, les fédéralistes s’étaient déjà emmenottés dans leur propre constitution.

En conclusion, le Québec a vécu l’amputation du Labrador en 1927, l’occupation fomentée du territoire de 1970. Les Québécois se sont fait rouler par les têtes en jeu des Trudeau de 1980, le coup d’État de 1982, la guerre des peurs et des millions de 1995 et la loi, niant ses droits internationaux, sur la clarté de 2000. Quelle tricherie nous réserve l’avenir! Un mat en tête! Un autre coup d’État! Félix Leclerc nous a bien avertis : « Le plaisir de l’un c’est de voir l’autre se casser le cou » Les péquistes et les Québécois doivent prendre acte : tout est possible sauf l’impossible entente constitutionnelle.
Michel Blondin


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3 commentaires

  • Michel Blondin Répondre

    4 mai 2014

    Monsieur Cloutier,
    C'est par le nombre que tout se passe.
    J'apprécie votre raisonnement. Plusieurs on choisi ce chemin. Il y a cependant un autre argument: celui du moindre mal. Il n'est pas meilleur, mais me conviens.
    Entre m'isoler dans les petits partis ou mouvements et défendre mes positions dans le seul parti indépendantiste qui a des chances de prendre le pouvoir, j'ai choisi, il y a 46 ans, l'action politique plutôt que le mouvement politique. Cela appel, j'en conviens, au compromis et au réalisme qui confrontent notre sens de l'idéalisme pur et noble.
    J'ai fondé le PQ dans le comté d'Arcy McGay en 1968 fait les premières élections avec le candidat Paul Unterberg et fait le dernier avec l'ex-députée Marie Bouillé dans le comté d'Iberville en 2014. J'ai été dans la plupart des congrès et j'ai toujours fait mon choix, souvent à contre-courant et mes positions sont bien connues pour parfois l'avoir fait avec vigueur. D'autres peuvent témoigner aisément.
    Comme président d'un comté péquiste, en 2005, lors du mandat de M. Boucher, vous avez sans doute vécu les frustrations et l'impuissance d'agir sur ce parti, ses organisateurs, la direction, son programme.
    Je préfère croire, encore aujourd'hui, que la participation dans le parti politique, le seul depuis 46 ans, à donner la possibilité d'accéder à un pays est le PQ. Il y a eu des temps d'hiver. Et cette fois, il y a un printemps. Je ne m'abstiendrai pas de dire et faire mon choix pour que ça bouge. Notre position prend du sérieux.
    C'est par le nombre que tout se passe.
    J'épuiserais les arguments que cela n'a pas l'importante de l'intuition qui guide vos pas. Se sentir prêt, je crois que vous saurez vous rallier au bon moment à qui que ce soit et j'en suis, pour le vote qui fera le pays.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 mai 2014

    En plein dans le mille M. Blondin !

  • Pierre Cloutier Répondre

    3 mai 2014

    Monsieur Blondin,
    Il faut toujours recommencer et répéter les mêmes choses tout le temps. Où étiez-vous en juin 2005? Moi j'étais président du PQJohnson et je sais exactement ce que les militants péquistes réunis en congrès ont voté : ils ont ordonné aux instances du parti de préparer avec leurs partenaires souverainistes une proposition d'indépendance nationale au peuple québécois lors de l'élection, avec un budget d'un Québec souverain, et de tenir un référendum dès que possible dans le mandat. Le titre du programme était : "Un projet de pays".
    Et vous savez, j'espère ce qui est arrivé par la suite. Avec l'arrivée de Boisclair à la tête du PQ, le projet de pays a été jeté aux poubelles et remplacé par une "feuille de route" provinciale et sous Pauline Marois par la gouvernance provinciale déguisée en gouvernance souverainiste.
    Il s'est passé depuis lors 4 élections sans que l'indépendance soit à l'ordre du jour (2007, 2008, 2012 et 2014) avec le résultat que l'on connait, sans oublier la défaite à plate couture du Bloc québécois.
    Les leaders des deux partis, Boisclair, Marois et Duceppe, au lieu de mettre l'indépendance en priorité, se sont réfugiés dans la défense des intérêts du Québec et se sont faits planter de la plus belle façon. Et leurs alliés veulent encore remettre cela....Ça fait 5 e colonne, vous ne trouvez pas?
    Pierre Cloutier