Charest veut «ouvrir le Nord québécois»

Bien qu'il ait obtenu samedi l'appui de 97,2% des militants libéraux, Jean Charest n'est pas pressé de tenir des élections.

PLQ - 30e congrès



Le «nouvel espace économique» que promet le Parti libéral passera par l'ouverture du Nord, a annoncé hier Jean Charest. La volonté d'ouvrir les frontières pour favoriser les échanges avec l'Europe et le reste du Canada ne doit pas faire perdre de vue le développement de l'immense territoire du Nord québécois.


«Mon rêve, mon ambition est d'ouvrir le Nord québécois. La nouvelle économie est une occasion rêvée de développer nos ressources énergétiques, notre secteur minier, le secteur du tourisme, le transport. Si vous fermez les yeux et pensez à la carte du Québec, considérez ce vaste territoire. Il y a là pour nous une occasion extraordinaire. Ouvrir le Québec, c'est également ouvrir le Nord québécois», a soutenu M. Charest en clôturant le 30e congrès du PLQ. Tout récemment, un investissement de 400 millions a été annoncé à Fermont, pour «la première ouverture de mine de fer depuis 1974», a souligné le premier ministre.
Avec leur congrès d'hier, les libéraux ont présenté l'ensemble des propositions visant à faire entrer le Québec dans un «nouvel espace économique», une idée lancée par Jean Charest il y a quelques jours à Montréal. Il attend des résultats de négociations sur l'ouverture des marchés avec la France, en octobre prochain, et le lancement de négociations entre le Canada et l'Europe en 2008. Il espère une entente sur la libre circulation de la main-d'oeuvre avec les autres provinces en avril 2009.
Même s'il a obtenu samedi un appui sans précédent de ses militants, M. Charest n'est pas pressé de tenir des élections. Un appui à 97,2% «donne des ailes» à un chef de parti, mais ne change pas l'humeur des Québécois qui ne veulent pas d'élections, selon lui. Le PLQ «a fait un peu de travail» dans l'éventualité d'une campagne, mais «je ne crois pas qu'il y aura des élections», a soutenu le chef libéral.
Son discours ne contenait aucune attaque contre l'Action démocratique du Québec. Mario Dumont était pourtant sa cible de prédilection, l'automne dernier, avant que le chef de l'ADQ ne chute dans les sondages. Hier, devant ses troupes, ses flèches étaient dirigées vers le Parti québécois et Pauline Marois, qui «promet une concertation nationale passant par une conversation nationale et dont l'objectif est la confusion nationale». Cette confusion «vise à cacher son agenda», a-t-il renchéri en point de presse.
En ce qui concerne le budget de jeudi, «il ne sera ni spectaculaire ni flamboyant», a-t-il indiqué. «On a déjà fait beaucoup pour les familles, mais il reste du travail à faire pour les services de garde», a indiqué le chef libéral. Les négociations ont été fructueuses avec les deux partis de l'opposition, croit-il, mais pas question de négocier jusqu'au jour du vote sur le budget, le 8 avril. «Personne n'aura tout ce qu'il désire, pas même mes ministres», a-t-il prévenu.
Il a semblé un peu pris au dépourvu quand on lui a demandé sa priorité. «Le budget», s'est-il limité à dire. Plus tard, il évoquera la nécessité d'un projet de loi pour définir l'eau comme partie du patrimoine collectif, et une décision attendue depuis longtemps sur le fonctionnement des agglomérations municipales.
Le français, «mission sacrée»
Appelé à commenter la controverse autour des chiffres de l'Office québécois de la langue française rendus publics la semaine dernière, M. Charest a dit voir des aspects encourageants autant qu'inquiétants dans ce bilan. «Pas question d'être jovialiste ou alarmiste. On veut être très lucides. Le premier ministre du Québec a un devoir, une mission sacrée de protéger et de promouvoir la langue», a-t-il martelé, rappelant que les francophones ne comptaient que pour 3% de la population en Amérique du Nord.
Durant ce congrès, les délibérations ont progressé à pas de tortue, tant et si bien que l'on a dû stopper les travaux juste avant d'aborder les amendements les plus délicats, particulièrement sur la politique linguistique. Plus encore, les dirigeants du PLQ ont subitement devancé le bloc des amendements touchant la famille. Tout risque de nuage de discorde était éliminé du ciel bleu du congrès.
Non entérinée, la position de la commission politique du parti prévoyait qu'on donne plus de dents à l'Office québécois de la langue française, en lui accordant plus d'effectifs et en multipliant les inspections dans les commerces. La commission politique de Montréal préconisait «une application plus soutenue des dispositions relatives aux amendes». Une autre circonscription a retiré son amendement destiné à ce qu'un commerce subisse «plusieurs» inspections avant d'être mis à l'amende. Tout a été reporté au prochain conseil général, en septembre prochain; «on n'y échappera pas», a ironisé Jean Charest. Même sans orientations approuvées par les membres, Christine St-Pierre (Culture) et Yolande James (Immigration) dévoileront des mesures sous peu pour promouvoir le français et favoriser l'intégration des immigrants.
Certaines des propositions du PLQ reprenaient le vocabulaire du PQ ou de l'ADQ. Les délégués ont toutefois battu rapidement une proposition de Trois-Rivières qui réclamait l'adoption par l'Assemblée nationale d'une sorte de Constitution québécoise. On a biffé de la même manière la suggestion de «cours d'éducation à la citoyenneté», remplacée par «éducation civique».
Famille
Une proposition de Laval-des-Rapides visant à accorder une aide financière aux parents avant même la naissance d'un premier enfant, pour faire face aux dépenses toujours importantes à ce moment-là, a fait quelques vagues.
«N'ouvrons pas la porte au droit du foetus, on est un parti qui prône le libre choix», a lancé une militante. D'autres ont rétorqué qu'il fallait tout faire pour améliorer la condition des futures mères, dans l'intérêt des bébés. Une fois les votes comptés, l'idée a été battue.
De justesse aussi, on a adopté une résolution pour dispenser de TVQ les achats destinés à assurer la sécurité des enfants.
Toujours sur le thème de la famille, l'association de Trois-Rivières a proposé une formule similaire à l'idée de l'ADQ afin d'octroyer une aide financière directe aux parents qui choisissaient de garder les enfants plutôt que d'occuper des places en garderies subventionnées. L'idée a été battue à plate couture sur le parquet.


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