Le vendeur de chars

PLQ - 30e congrès

Le Déserteur a terminé sa carrière politique en tenant des propos répugnants. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Il faut reconnaître à Lucien Bouchard son habileté à tenir des Sommets économiques qui favorisaient des consensus sociaux entre acteurs aux intérêts contradictoires. C'était le temps où le Québec québékisait, le temps où les acteurs québécois agissaient dans une perspective québécoise, visaient une cible commune.
Comme la marionnette Harper à Ottawa sert de paravent aux acteurs furtifs qui dilapident sans vergogne le Trésor public dans une économie de guerre honteuse et inutile, la marionnette Charest sert de pion dans un jeu où, derrière les rideaux, s'agitent aussi des acteurs furtifs. Leur cible se décline dans un discours libéral, celui des intérêts privés. C'est le temps où le Québec est privatisé. Le temps du catimini. Après les écoles privées, le Suroît, le Mont Orford, Rabaska, Alcoa, voici la dernière baloune libérale: le Nord québécois.
Les semaines qui viennent nous en diront plus. Pour le moment, notons seulement l'indécente complicité médiatique, du Devoir à GESCA, qui nous présente un Charest plus grand que nature, pure imposture à 97,2%... Une image de grassouillet souriant, compétent, rassurant... Misère! C'est ce même grassouillet, incapable de gérer personnellement le dossier identitaire, qu'il a confié à des ministres néophytes politburotisées, tellement il est dépassé dans ce domaine, c'est ce même grassouillet qui prétend entraîner le Québec dans l'aventure nordique...
Et la presse-aux-ordres plante le décor, avec un enthousiasme débordant.
Pour se protéger de ce siphonnage annoncé du Trésor public, les Québécois ne disposent que d'un seul parti crédible: le Parti Québécois. Le seul parti qui pourrait remettre à l'ordre du jour les exigences de Québec inc., qui pourrait défendre contre vents et marées la social-démocratie. Qui pourrait permettre aux Québécois de se réapproprier leur politique économique.
Mais le PQ n'est plus ce qu'il était, il joue le jeu néolibéral, il a abandonné la partie. Tenté par la surenchère partisane, ses choix sont difficilement lisibles, dans les dossiers majeurs: la langue, l'identité, la santé, la crise manufacturière, forestière. Vaut-il la peine de créer un pays si c'est pour le livrer aux mains des autres?
"Que faire?"
La démocratie québécoise s'engouffre lentement dans le monde néolibéral. Une démocratie gouvernée. Livrée, pieds et poings liés, à des acteurs furtifs. Soumise aux durs labeurs pour l'enrichissement de quelques-uns. Comme s'il n'y avait plus d'alternative au monde capitaliste. Un monde silencieux, au récit suspendu. Sans histoire... Fiction!
Les grassouillets s'agitent, se congratulent, se frottent les mains, en bavent d'impatience. Convaincus qu'ils sont d'avoir parfaitement maquillé leur jeu.
Comme si la paix et la concorde sociales trouvaient leur ultime expression dans ces jovialistes imposteurs, petits vendeurs de chars, aussi faux que l'image qu'on en montre.
Comme si la soumission effaçait la contradiction.
Comme si le grondement n'allait jamais surgir...

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Bernard Frappier57 articles

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Fondateur, directeur et animateur de Vigile.net de 1996 à 2012.

Récipiendaire de la médaille Bene Merenti de Patria de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, 2012.

« Bernard Frappier a réalisé une oeuvre d’une importance capitale dans le destin du Québec. Contre ceux qui voudraient effacer la mémoire de la nation, il a créé Vigile, grand phare et lieu de débat incomparable. » - Bernard Desgagné





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