Comment ça, « si »?

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Transparence et imputabilité





La controverse sur la rémunération royale des hauts dirigeants de Bombardier s’incruste dans le paysage politique comme une bactérie en attente du bon antibiotique. Cela n’a rien à voir avec les médias. Ni même, à la limite, avec le travail des partis d’opposition.


La vraie raison de la persistance étonnante de ce scandale est simple. Parce que le premier ministre s’entête à ne rien faire, la quasi-totalité des Québécois n’en décolère pas. Point.


Les citoyens n’entendent pas à rire face à cette poignée de hauts dirigeants multimillionnaires graciés en plus d’une augmentation globale de rémunération frôlant les 50 %.


Les mêmes bonzes s’apprêtent même à sacrifier 15 000 emplois sur l’autel de la «rationalisation» de leurs opérations, dont 5000 au Québec. Pour ce qui est de mordre la main des contribuables qui les nourrissent, les patrons de Bombardier sont franchement imbattables.


Des fonds publics


Cherchant à justifier sa propre inaction, Philippe Couillard verse maintenant dans un «si» particulièrement troublant. «Si nous, les Québécois, on ne fait pas d’argent avec la C Series, lance-t-il avec nonchalance, (les dirigeants de Bombardier) n’en feront pas non plus. Ils ne les auront pas leurs bonis.»


Comment ça, «si»? Faut-il maintenant comprendre qu’en échange de 1,3 milliard de dollars en fonds publics – sans compter les 372 millions $ prêtés par le gouvernement fédéral et les 2 milliards $ de la Caisse de dépôt et placement dans la division transport –, il est possible que ce méga-investissement des contribuables fasse patate pour eux en bout de piste?


Et ce, sans même le moindre droit de regard sur la rémunération exagérée des patrons de Bombardier? Pincez-nous, quelqu’un.


Le Journal rapportait pourtant hier qu’en échange d’un soutien financier nettement plus modeste, Investissement Québec «possède un droit de regard sur la rémunération des dirigeants d’entreprises qu’elle aide financièrement». Pourquoi ne pas s’en inspirer pour un investissement public beaucoup plus élevé?


Transparence et imputabilité


Ce qui nous ramène au péché originel dans la filière de la C Series. Soit la mauvaise négociation de l’entente initiale liant le gouvernement Couillard et Bombardier.


En dénonçant l’amateurisme de la transaction, les partis d’opposition jouent certes leurs cartes partisanes. Au-delà de la caverne d’Ali Baba des patrons de Bombardier, ils mettent néanmoins le doigt sur le bobo lorsqu’ils pointent en chœur cette très mauvaise entente.


Certains blâment l’extrême proximité du pouvoir politique et de la famille Beaudoin de Bombardier. Il y a de cela, c’est certain. Or, se pourrait-il aussi que le gouvernement sache enfoncer le bistouri des compressions jusqu’à l’os des services publics, mais qu’il soit pas mal moins habile pour protéger le bien public dans une négociation aussi névralgique?


Pour faire «la lumière sur le processus d’investissement dans Bombardier», le chroniqueur affaires Pierre-Yves McSween propose d’en confier l’analyse à la vérificatrice générale. La somme de fonds publics en jeu étant colossale, l’idée a le mérite de reposer sur deux principes qui manquent gravement dans toute cette histoire: la transparence et l’imputabilité.




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