D’anciens élus se servent de leur accès illimité à l’Assemblée nationale pour faire du lobbyisme auprès des députés et des ministres, a appris Le Journal.
L’Amicale des anciens parlementaires du Québec a même dû rappeler à l’ordre ses membres qui profitent de leur passage dans les corridors du Parlement pour mousser des dossiers auprès de leurs ex-collègues.
«Le privilège que confère la boutonnière de l’Amicale de pouvoir circuler librement à l’intérieur des édifices de l’Assemblée nationale sans devoir se soumettre aux mesures de sécurité prévues ne doit pas servir à des activités de lobbyisme», affirme le président de l’Amicale, l’ancien député de l’Acadie Yvan Bordeleau, dans un courriel obtenu par notre Bureau parlementaire.
Se faire élire comme député donne droit à certains avantages. Les ex-politiciens ont notamment un accès sans limites à tous les recoins de la Maison du peuple.
Des plaintes
Pour un lobbyiste, c’est un accès qui vaut son pesant d’or. Mais cette pratique indispose certains élus qui se sont plaints à la direction de l’Assemblée nationale.
Récemment, un ancien parlementaire en a profité pour aller cogner à la porte du bureau d’un élu sans prévenir. C’est la goutte qui a fait déborder le vase.
«Cette personne-là s’est présentée sans rendez-vous pour parler d’un dossier», soutient Yvan Bordeleau, joint au téléphone, qui ne connaît pas l’identité de la personne.
Sous le couvert de l’anonymat, plusieurs élus signalent que la boîte de communication de l’ancien député de l’ADQ, Christian Lévesque, se spécialise dans le recrutement d’ex-politiciens. La firme compte actuellement dans ses rangs les ex-députés péquistes Luc Ferland et Scott McKay. Par le passé, l’ancien caquiste Jacques Duchesneau était aussi au nombre des consultants.
Registre des lobbyistes
Joint à Dubaï, Christian Lévesque assure que tous ses collaborateurs sont dûment inscrits au registre des lobbyistes et qu’il ne veut pas «tirer profit» du privilège des anciens politiciens.
Il admet néanmoins que Luc Ferland, à ses débuts, est allé voir des députés «sans invitation». «Mais ce n'est pas quelque chose qui est une pratique habituelle. Il venait juste d’arriver chez nous, il avait comme ses anciennes habitudes de parlementaire», insiste-t-il.
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