Emploi: l’ingérence fédérale et l’incompétence québécoise

Le triste produit des chevauchements de compétence


La levée de boucliers de Québec contre l’ingérence fédérale dans la formation de la main-d’oeuvre réveille chez moi une blessure encore vive. Dans une démarche de réinsertion sociale et de réintégration au marché du travail après avoir traversé un épisode difficile, je décide à l’automne 2011 de retourner à la pratique de… mécanicien de machines fixes (MMF).
Il s’agit d’un métier réglementé et accrédité par Emploi-Québec et sa Direction de la qualification réglementée. Le MMF opère, surveille et entretient des vaisseaux et appareils sous pression dédiés au chauffage, à la climatisation, aux processus de production et d’échange d’énergie thermique. Le MMF maîtrise, après sa formation, des connaissances scientifiques de base et intermédiaires, et applique des techniques propres à l’opération et l’entretien d’une centrale thermique d’importance variée dans l’industrie, l’institutionnel, les immeubles de bureaux, les complexes commerciaux.
Après une préparation rigoureuse de plusieurs mois, en août et octobre 2012, je me présente aux deux examens requis. J’essuie deux échecs cuisants. J’ai constaté du coup que les examens sont, en grande partie, théoriques et hautement subjectifs. Bref, de conception erronée et déconnectés de la réalité. Démoralisant, vous dites ? Il y a pénurie de main-d’oeuvre dans ce secteur et dans d’autres. La Direction de la qualification réglementée d’Emploi-Québec ou l’art de se tirer dans le pied ! Le sport national au Québec dans le secteur public : se tirer dans le pied.
Pourtant, je découvre que le Québec a adhéré en 2006 au Comité de normalisation des examens de MMF, mieux connu sous l’acronyme anglais SOPEEC. Le Standardization of Power Engineer Examinations Committee est un comité national qui représente l’ensemble des provinces et des territoires ainsi que le ministère fédéral des Ressources humaines et du Développement social. Il a pour mission d’encourager l’adoption d’un système d’examens uniformes et la mobilité de la main-d’oeuvre. De plus, les responsabilités du SOPEEC comprennent l’uniformisation des contenus d’examens et l’attestation interprovinciale.
Des exemplaires de questions (que l’on peut facilement qualifier d’objectives) d’examen de la SOPEEC se retrouvent sur le site Internet de l’organisme pancanadien. On y retrouve très peu de ressemblance avec les examens de la Direction de la qualification réglementée d’Emploi-Québec.
Aujourd’hui, en mars 2013, plus pauvre de 212 $, à 62 ans, dans un état d’esprit nonchalant, désabusé et démotivé, je ne suis pas vraiment surpris de la tournure des événements. La situation n’est pas nouvelle, mais si je me reporte à l’époque de ma formation pour ce métier valorisant, il s’agissait d’une initiative fédérale de l’assurance-emploi. Au préalable, j’avais été apprenti dans une importante centrale thermique dans l’ouest du Canada.
Avoir su, je serais resté là-bas pour ma formation, à l’abri des turpitudes du secteur public québécois. En 2002, une vaste consultation a eu lieu ici sur les 11 métiers réglementés hors construction en question et la lecture du rapport, désolant à l’époque, l’est davantage aujourd’hui parce que 10 ans plus tard, la situation de la société québécoise dans son ensemble paraît bien pire.


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