Au début de la semaine dernière, j’ai réservé une table pour deux au Fuchsia, restaurant de l’École internationale d’hôtellerie et de tourisme du Collège LaSalle, à Montréal. Jeudi, je m’y suis donc rendue en compagnie d’une amie pour le repas du soir.
À notre grand étonnement, la serveuse (étudiante) affectée à notre table s’est adressée à nous en anglais. Nous l’avons donc priée de bien vouloir communiquer avec nous en français. Nous avons alors immédiatement lu le désarroi sur son visage. Étant de toute évidence incapable de s’exprimer dans la langue officielle du Québec, elle s’est éloignée de notre table pour se tourner vers un monsieur, qui était peut-être son superviseur.
Celui-ci est venu nous expliquer que les étudiants qui travaillaient ce soir-là dans la salle à manger de l’École avaient choisi de s’inscrire au programme offert en anglais, et que c’était la raison pour laquelle ils communiquaient avec nous dans cette langue ! Comme nous ne saisissions pas en quoi la langue d’enseignement des étudiants nous obligeait, nous clientes (puisque le restaurant est ouvert au public), à accepter de nous faire servir en anglais, ce monsieur a ajouté que ces étudiants payaient 15 000 $ pour suivre leur programme. Encore là, nous ne voyions pas le lien entre les droits de scolarité imposés aux étudiants par le Collège LaSalle et la liberté que prenait cet établissement de faire fi des dispositions de la Charte de la langue française qui prévoient notamment, faut-il le rappeler, que toute personne a le droit que communiquent en français avec elle les diverses entreprises exerçant au Québec et que les consommateurs de biens ou de services ont le droit d’être informés et servis en français.
Nous avons fait remarquer à ce superviseur que nous trouvions inacceptable que ces jeunes ne communiquent pas en français avec les clients. Il a répété sans cesse que ces étudiants payaient 15 000 $ pour suivre leur cours, comme si cet argument les dispensait, ainsi que le Collège LaSalle, de se conformer à nos lois et, plus simplement, de faire preuve de la plus élémentaire courtoisie à l’égard de leurs clients en s’adressant à eux dans leur langue.
Comme ce monsieur s’est rendu compte qu’il ne réussirait pas à nous convaincre du bien-fondé de son raisonnement, il a dû prendre lui-même notre commande et servir « d’interprète » pour la suite du repas.
Est-il nécessaire d’ajouter qu’il est navrant de constater que près de 40 ans après l’adoption de la Charte de la langue française, des situations aussi aberrantes que celle-ci puissent encore se produire à Montréal, et qui plus est, dans un restaurant rattaché à un établissement d’enseignement !
LIBRE OPINION
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé