Commission Charbonneau

Encore du temps pour Jean Charest

À quel jeu joue la GRC?

Chronique de Louis Lapointe

Une des conséquences directes du refus de la GRC de remettre pour des raisons juridictionnelles les documents de l'enquête Colisée requis par la commission Charbonneau sera de permettre à Jean Charest d’élargir un peu plus la fenêtre dont il dispose pour déclencher des élections à l'automne.
Ce contretemps s’ajoute à une longue série d’événements qui viennent retarder et perturber les travaux de la commission d’enquête sur la construction.
L’enquête sur les fuites policières concernant la présumée taupe du SPVM ne sera pas sans conséquence non plus. Elle dissuadera plusieurs éventuels délateurs, indicateurs et sources au sein des forces de l’ordre de passer aux aveux ou de se confier aux journalistes.
À cela s’ajoutera la réticence des syndicats à transmettre des informations sensibles au sujet de leurs membres. Une réaction prévisible qui découle de l’obligation légale imposée par le Code du travail aux syndicats dont le devoir est de protéger leurs membres dans certaines situations. (…)
Jean Charest a également pris d’autres précautions, comme celle de nommer Diane Lemieux à la présidence de la CCQ, cette dernière étant littéralement en train de vider la CCQ de ses meilleurs éléments, notamment les plus expérimentés. Des inspecteurs qui ont préféré prendre leur retraite avant que la CCQ coupe tous leurs droits acquis au cours des 30 dernières années. D’autres alliés de moins pour la commission. (…)
Des manœuvres qui retarderont sans nul doute le travail de la juge Charbonneau et avec lesquelles elle devra certainement composer. Son récent appel à la délation publique en étant un sérieux indice ! Éloge de la lenteur

Au milieu des années 90, la même GRC avait amené de l’eau au moulin du premier ministre Jean Chrétien en impliquant l’ancien premier ministre Brian Mulroney dans l’affaire Airbus sur la base de faits qu’elle n’a jamais élucidés malgré la tenue d’une longue enquête qui s’est terminée en queue de poisson parce qu’elle avait fait défaut de recueillir le témoignage du principal témoin, l’ancien premier ministre de Terre-Neuve et associé de Karlheinz Schreiber, le lobbyiste Frank Moores, avant que ce dernier ne meure en juillet 2005, soit près de 10 ans après l’ouverture de la première enquête Airbus. Retour sur l’affaire Airbus
Une omission que n'a jamais expliquée la GRC.
La GRC n’en était pas à son dernier cafouillage. Dans le cas de l’affaire Maher Arar, elle avait transmis des informations inexactes aux autorités américaines qui avaient conduit à la déportation de ce dernier en Syrie où il a été emprisonné et torturé avant d'être rapatrié au Canada.
À quel jeu joue la GRC ?
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Note à mes lecteurs : Le procureur de la GRC, Me Claude Joyal, a été au service de l’École du Barreau du Québec alors que j’en étais le directeur.
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Éloge de la lenteur

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 mars 2012

    Monsieur Lapointe
    Plus rien ne me surprend! Je ne me gênerai pas d'affirmer carrément que la GRC veut protéger le PLQ Charest, cet inconditionnel collabo du régime fédéraliste "canadian" Le gouvernement fédéral va employer tous les moyens, à sa disposition, pour retarder l'indépendance du Québec, en nous mettant des bâtons dans les roues comme cette manoeuvre de la GRC.
    Je sais qu'il y a des personnes qui vont dire qu'il ne faut pas mêler le judiciaire avec la gouvernance mais dans le cas d'une menace d'indépendance qui pèse sur le Canada, rien n'est impossible; tout est trafficable comme dans les républiques de bananes. Raison de plus pour se demander, nous les Québécois, ce que nous faisons encore dans ce pays. De la vraie dépendance! La justice des riches et des oligarchiques, je n'y ai jamais crue.
    André Gignac 22/3/12

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mars 2012

    À quel jeu joue la GRC ?
    Quelle bonne question. Quelle épouvantable question. Quelle désespérante question.
    À laquelle on connait la réponse, mais une réponse qui ne nous sera jamais donnée.

  • Henri Marineau Répondre

    21 mars 2012

    Selon certaines sources obtenues par La Presse, la Gendarmerie royale du Canada aurait manifesté son refus de fournir certains documents d’enquête que demandent les procureurs de la Commission Charbonnneau relativement aux résultats de l’opération Colisée, la plus vaste enquête antimafia de l’histoire canadienne et qui révèle les liens évidents entre la mafia et le monde la construction.
    Pour justifier son refus de collaborer, la GRC prétendrait qu’à titre d’agence fédérale, elle n’est pas soumise aux pouvoirs d’une commission provinciale et qu’en conséquence, elle contesterait en Cour supérieure l’ordre de la Commission Charbonneau de lui livrer les documents exigés pour faire avancer ses travaux.
    Si les sources de La Presse s’avéraient fondées, la GRC bafouerait, à mon sens, la Commission Charbonneau par un refus de collaborer méprisant. En termes clairs, l’agence
    « fédérale » retournerait l’appel d’une commission
    « provinciale » en la priant cavalièrement de rappeler plus tard!